Points clés
Pour pouvoir lutter contre l’exploitation forestière illégale, il est crucial d’être en mesure de remonter jusqu’à la forêt d’origine du morceau de bois. Au Bénin, le Programme de la FAO pour l’Application des règlementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux (FLEGT) a appuyé l'Office National du bois en vue de mettre en place un système de traçabilité très efficace pour ses plantations de teck, contribuant ainsi à prévenir les activités illégales dans l'abattage, le transport ou la vente de bois provenant des forêts domaniales. Le système reposant sur des code-barres, connu sous le nom ONATRACK, permet aux travailleurs d'utiliser des Smartphones pour envoyer des informations en temps réel depuis la forêt, ce qui permet à l'Office de gérer les plantations de façon durable tout en augmentant les profits. Le système constitue une première étape pour démonter que la production de bois est légale, ce qui permettra éventuellement d'accroître l'accès au marché pour les petites et moyennes entreprises qui transforment et exportent du bois provenant des forêts domaniales. Le système a connu un tel succès qu'il est maintenant utilisé dans toutes les plantations domaniales du pays et le Bénin s’est de fait positionné comme chef de file de la traçabilité en Afrique de l'Ouest.
Chaque année, l'Office national du bois du Bénin (ONAB) produit environ 50 000 mètres cubes de grumes issus des 14 000 hectares de plantations domaniales. Les entreprises locales achètent du bois, principalement du teck, avant de le transformer et d’en exporter la majeure partie sur les marchés internationaux.
Cependant, depuis 2013, les entreprises rencontrent des difficultés à exporter du bois vers l'Union européenne (UE) – l’un des plus grands importateurs de bois à l’échelle de la planète – à la suite de l'entrée en vigueur de la réglementation de l’Union européenne relative au bois, qui sert à réduire au minimum les risques d’entrée de bois récolté illégalement dans le marché de l'Union européenne.
Pour les pays en développement comme le Bénin, l'un des moyens les plus rapides pour les portes de l'Union européenne est d'obtenir une certification prouvant que le bois a été produit de façon légale – un processus qui commence par un solide système de traçabilité. Ce système attribue un code d’identification unique à chaque arbre, de façon à ce que l’on puisse remonter jusqu`à l’origine du bois tout au long de la chaîne de transformation– de la coupe au stockage en passant par le transport, et parfois même jusqu'au produit fini.
Se connecter dans la forêt
Lorsque le système de traçabilité sur papier de l’ONAB qui existait déjà s’est avéré peu fiable, l'Office a demandé, en tant que première étape vers la certification, le soutien du Programme FAO-EU FLEGT en vue de passer à un système à code-barres – et à terme, pour optimiser la valorisation de son bois sur les marchés de l'Union Européenne et internationaux.
Nommé ONATRACK, le nouveau système de traçabilité comprend un logiciel générant des code-barres pour chaque arbre et leurs souches et grumes, ainsi que des applications de Smartphone servant à numériser et enregistrer des informations sur le terrain. Même quand les travailleurs sont en pleine forêt et que leurs téléphones ne captent plus, les données sont stockées et automatiquement mises à jour dans une base de données centrale lorsque leurs appareils recommencent à capter un signal téléphonique.
En vue de réduire les coûts, l'ONAB a fait l'acquisition d'une imprimante de code-barres et a formé du personnel à l’impression et à la gestion des étiquettes en interne. 75 travailleurs forestiers ont en outre été formés à l'utilisation de l'application Smartphone et nombreux d’entre eux ont utilisés les Smartphones qu’ils avaient déjà à disposition.
Avantages supplémentaires
Bien que certains travailleurs aient été au début peu disposés à adopter ce nouveau système, ils ont vite reconnu ses avantages, tels que la suppression du lourd travail lié à la paperasserie.
«Avec l'ancien système, je devais écrire toutes les informations sur des feuilles qui étaient périodiquement envoyées à l'unité de traitement des données afin qu’elles soient saisies,» explique Hounlome Justin, baliveur ONAB. «Tout ceci prenait beaucoup de temps et retardait les salaires. Avec le nouveau système, la synchronisation signifie que l'unité de traitement des données obtient les renseignements le jour même.»
En fournissant des informations en temps réel, le système décourage non seulement les actions frauduleuses dans la numérotation, le transport et la commercialisation du bois issu des forêts domaniales mais fonctionne également comme un outil de prise de décision pour l'ONAB dans ses efforts visant à gérer de façon durable les plantations domaniales.
«Outre sa fonction première destinée à encadrer la «traçabilité pure» de nos produits bois, ONATRACK a également joué un rôle structurant en nous permettant de formaliser et de mettre en pratique de nouvelles procédures de travail, directement liées à la valorisation de nos plantations.» dit Clément Kouchadé, directeur général de l'ONAB à l'époque.
Partager les leçons tirées de cette expérience
Le succès du système est attribuable en partie à une forte volonté politique au sein de l’ONAB et à l'expertise de l’entreprise camerounaise qui a mis en œuvre le projet. En outre, le système a été introduit pas à pas, de sorte que les travailleurs qui utilisent l'outil ont été en mesure de peser véritablement sur son développement.
Après un essai dans le Sud du Bénin, ONATRACK est désormais utilisé pour surveiller les récoltes de l’ensemble des plantations domaniales, et une délégation de représentants du gouvernement et du secteur privé de la Côte d'Ivoire se sont rendus au Bénin pour tirer des leçons de ce projet.
«Cet outil nous positionne en tant que leader de la traçabilité à l’échelle nationale, voire en Afrique de l’Ouest,» dit Kouchadé. «Le nouveau système a permis à l'ONAB d’améliorer les relations avec les clients, d'obtenir des informations fiables en temps réel, et de lutter contre la fraude et l'exploitation forestière illégale.»
La FAO continue à fournir un soutien au projet car l’ONAB forme d’autres membres du personnel à l’utilisation du système à l'échelle nationale.