Initiative Pêches Côtières

Visites d'échange en Afrique de l'Ouest pour autonomiser les femmes dans les chaînes de valeur de la pêche

Des transformatrices et vendeuses de poisson apprennent des nouvelles techniques auprès de leurs collègues afin de rendre leur travail plus sûr et leurs produits plus compétitifs

04/04/2022

Visite d'échange au Sénégal, février 2022©FAO/Lala Ndiaye

4 avril, Abidjan/Dakar/Praia/Rome - L'Initiative Pêche Côtière en Afrique de l'Ouest (IPC-AO) de la FAO a organisé trois visites d'échange visant à renforcer le rôle des femmes dans les chaînes de valeur de la pêche au Cabo Verde, en Côte d'Ivoire, et au Sénégal.

L'objectif de ces visites était de permettre aux transformateurs et vendeurs de poisson à petite échelle - dont la plupart sont des femmes - de partager leurs expériences et bonne pratiques afin de rendre leur travail plus sûr, plus facile et plus sain et pour aboutir à des produits de poisson de qualité qui peuvent plaire à un plus large nombre de consommateurs, au bénéfice économique de l'ensemble de leurs communautés.

Des méthodes traditionnelles à celles contemporaines en Côte d'Ivoire

La première visite d'échange a eu lieu du 23 au 27 janvier en Côte d'Ivoire, où de nombreuses transformatrices de poisson ont recours à des techniques traditionnelles de fumage du poisson à forte intensité de main-d'œuvre qui les exposent à des fumées toxiques et à une chaleur intense pendant de longues périodes.

En réponse, la IPC-AO encourage l'utilisation des fours de la technique de traitement Thiaroye (FTT) de la FAO, qui réduisent considérablement l'exposition des femmes à la chaleur nocive, aux brûlures et à la fumée tout en réduisant la quantité de bois - souvent provenant de mangroves en voie de disparition - utilisé comme combustible.

« Nous utilisons encore des méthodes traditionnelles de fumage du poisson. L'inconvénient est que nous sommes exposées à de nombreuses maladies. De plus, la méthode de fumage traditionnelle ne garantit pas la conservation à long terme de nos produits », a commenté Mme Emma Kouassi, une transformatrice de poisson de la ville de Sassandra, où les femmes utilisent des techniques traditionnelles de fumage, lors de la visite d'échange avec ses homologues du quartier Locodjro d'Abidjan, qui utilisent des fours FTT.

« Les fours FTT préservent notre santé et offrent de meilleures conditions sanitaires pour le fumage et la conservation », a-t-elle ajouté.

Pas seulement des fours, mais aussi des opportunités de marché

La visite d'échange comprenait également des rencontres avec des partenaires de la microfinance et des clients potentiels tels que les supermarchés Carrefour et Socofrais et le marché Siporex 8 afin de mettre les transformatrices en contact avec d'autres débouchés possibles pour leurs produits, en les intégrant dans des réseaux nationaux et régionaux et en améliorant ainsi leurs moyens de subsistance et ceux de leurs communautés.

Partage de bonnes pratiques au Cabo Verde

Au Cabo Verde, trois transformatrices et vendeuses de poisson et deux membres des associations de pêcheurs Vindos do Norte et Vindos do Sul de l'île de Maio ont visité l'île de São Vicente les 7 et 8 février.

Les deux îles sont des sites pilotes du projet IPC-AO, et São Vicente est le siège du ministère de la mer et d'autres institutions ainsi que des infrastructures de réfrigération et de conservation du poisson.

L'une des étapes de la visite d'échange a été la conserverie Frescomar, où les femmes ont observé tout le processus de transformation du poisson frais et congelé en produits prêts à la consommation. L'île de Maio possède deux unités de transformation du poisson mais elles ne ressemblent en rien à celles de San Vicente, selon l'une des visiteuses, originaire du village de Calheta.

« Il est extrêmement intéressant d'en savoir plus sur ce processus », a commenté Mme Carolina Tavares. « A Calheta, nous avons un espace de transformation du poisson, mais ce n'est pas très sophistiqué. Ici, j'ai vu que le processus est beaucoup plus exigeant et rigoureux et qu'il comprend de nombreuses étapes. Il est important pour nous de voir les précautions qui sont prises, et les règles de base à respecter. »

Les visiteuses ont également bénéficié d'une démonstration pratique de salage du poisson par une vendeuse de Mindelo City, qui a partagé des méthodes pour assurer la santé et la sécurité : comment transporter et stocker le poisson pour qu'il demeure frais, comment désinfecter les outils, les surfaces et les récipients, comment éliminer correctement les entrailles de poisson, et quel type de sel utiliser.

« L'île de Maio est si petite, et peu à peu, nous voyons la situation de la pêche s'aggraver, avec la rareté de certaines espèces et le manque de soutien », a déclaré Mme Eunice Fortes, 50 ans, qui gagne sa vie comme vendeuse de poisson depuis 12 ans. « C'est très intéressant de voir comment la communauté vit ici (à São Vicente) et comment elle surmonte les barrières qui nous affligent tous. »

Au Sénégal, les transformatrices modernisent leurs techniques

La dernière visite d'échange a eu lieu au Sénégal, où 12 femmes membres du Conseil local de la pêche artisanale (CLPA) des communautés rurales de Sokone, Toubacouta et Missirah dans les îles du Saloum ont rendu visite à leurs homologues des communautés de Dionewar et Niodior du 22 au 24 février.

Là, elles ont suivi des démonstrations de l'ensemble du processus d'utilisation des crustacés et des mollusques tels que les palourdes, les huîtres et les crevettes pour fabriquer des produits séchés et des semi-conserves.

« Notre objectif est de vendre nos produits dans les supermarchés et les foires commerciales, afin de pouvoir exporter vers des marchés plus importants. Nous voulons respecter tous les protocoles sanitaires afin d'être compétitives », a déclaré Mme Fatick Ndong Sarr, présidente du Groupement d'Intérêt Economique (GIE) des transformatrices de Niodior.

« Ces visites d'échange permettent aux femmes d'apprécier les avantages des nouvelles techniques et méthodes, comme le leur expliquent des collègues qui comprennent les défis et les difficultés auxquelles elles sont confrontées », a commenté Mme Fatou Sock, la coordinatrice régionale de l'IPC-AO.

« A travers le projet IPC-AO, la FAO poursuit son engagement à améliorer les moyens de subsistance des femmes qui travaillent dans la chaîne de valeur de la pêche artisanale, en s'appuyant sur les réalisations des projets précédents menés par d'autres partenaires en Côte d'Ivoire et au Sénégal », a-t-elle ajouté.

Prochainement, l'IPC-AO organise une visite d'échange régionale au cours de laquelle le Sénégal accueillera des transformatrices et vendeuses de poisson du Cabo Verde et de la Côte d'Ivoire en mai de cette année.

Le but est que les femmes des trois pays échangent leurs connaissances et leurs bonnes pratiques afin d'accéder à des marchés plus larges.

Le projet IPC-AO est mis en œuvre par la FAO et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) à travers la Convention d'Abidjan, avec un financement du Fonds pour l'environnement mondial (FEM).