Initiative Pêches Côtières

Des acteurs de la pêche artisanale de six pays partagent leurs connaissances lors d'une visite d'échange mondiale

Organisé par l’Initiative Pêches Côtières et financé par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), l'événement a examiné stratégies de durabilité économique, environnementale et sociale dans la pêche à petite échelle

25/01/2023

25 janvier, Rome - Des représentants des communauté des pêcheurs et des parties prenantes du Cap-Vert, de la Côte d'Ivoire, de l'Équateur, de l'Indonésie, du Pérou et du Sénégal se sont rencontrés pour comparer leurs notes et apprendre les uns des autres lors d'une visite d'échange mondiale qui s'est tenue dans la ville de Tumbes au Pérou du 29 novembre au 2 décembre 2022.

L'événement organisé par l'Initiative Pêches Côtières (IPC) et financée par le FEM a réuni un total de 60 personnes, dont des pêcheurs et des travailleurs de la pêche, des acteurs du secteur privé, des représentants gouvernementaux et des partenaires de l’IPC.

Les participants ont présenté leur travail, partagé leurs expériences et discuté des bonnes pratiques et des leçons apprises sur la cogestion durable des pêcheries et des mangroves.

Ils ont également effectué des visites sur le terrain à l'usine de transformation du poisson José Mendoza, au site de débarquement du poisson de Puerto Pizarro, au Sanctuaire National des Mangroves de Tumbes, qui est l'un des sites pilotes de l'IPC en Amérique latine, et aux installations d'Incabiotec, une société de biotechnologie socialement et écologiquement responsable qui développe moyens de repeupler les coquillages et autre biodiversité dans les forêts de mangrove tout en éduquant la communauté et en travaillant avec les jeunes à risque.

"Nous n'avons pas une telle installation dans notre pays, et nous en avons besoin", a commenté Patricia Flores, membre de l'Asociación 6 de Julio Naranjal, une association de pêcheurs et de transformateurs de crabe en Équateur qui est également bénéficiaire de IPC Amérique latine. "Nous avons besoin de scientifiques pour nous aider à repeupler les crabes de mangrove, afin que nous puissions avoir plus de ressources”.

Cogestion + diversification + incitations = pêche durable

La visite d'échange a distillé des enseignements clés sur la cogestion réussie des aires protégées, sur la manière d'améliorer et de diversifier les moyens de subsistance, et sur les types d'incitations pour une pêche durable qui fonctionnent le mieux.

La cogestion est elle-même une incitation: en déléguant la responsabilité aux pêcheurs, les autorités gagnent des alliés clés dans la sauvegarde des aires protégées, tandis que les communautés sont motivées à pêcher de manière responsable et à prendre soin des écosystèmes dont dépendent leurs moyens de subsistance.

"Nous avons environ 1 000 gardes forestiers et quelque 20 millions d'hectares d'aires protégées dans notre pays", a commenté Marco Arenas, un ingénieur agronome qui travaille au Service des aires naturelles protégées du Pérou (SERNANP, dans son acronyme espagnol).

"Cela signifie que chaque garde devrait patrouiller 20 000 hectares, ce qui est impossible. La stratégie du SERNANP est donc d'impliquer les gens: notre objectif est que la société civile prenne davantage en charge ses propres espaces naturels, qui sont des opportunités de développement, sur la base des piliers de la conservation”, a ajouté M Arenas.

Les participants de l'IPC en Afrique de l'Ouest, où deux des pays – la Côte d'Ivoire et le Sénégal – ont de vastes forêts de mangroves, étaient particulièrement intéressés par le modèle de cogestion du SERNANP.

Les systèmes de certification conduisant à de meilleurs prix et à des incitations commerciales peuvent également agir comme moteurs d'une pêche durable, ont convenu les participants. Un exemple est l’etiquette dit "Sasi" pour les poissons pêchés de manière durable, qui est pilotée par l’IPC en Indonésie.

Trouver des moyens de subsistance alternatifs est une voie supplémentaire vers la durabilité, a expliqué Clarissa Sastra, fondatrice et PDG de Seaweed Manufacturing, une entreprise qui embauche les petits pêcheurs pour cultiver les algues en Indonésie.

"Nous leur fournissons un revenu alternatif fiable, nous améliorons leurs moyens de subsistance et nous réduisons la pression de la pêche", a déclaré Mme Sastra, bénéficiaire du Challenge Fund dirigé par la Banque mondiale. "Nous protégeons l'environnement et les récifs coralliens, et tout le monde est content”.

À propos de l’IPC

L’IPC est un effort mondial collaboratif financé par le FEM. Il rassemble des communautés de pêcheurs, des organisations internationales de conservation, des gouvernements, des agences des Nations Unies et la Banque mondiale dans le but de parvenir à des pêches côtières durables et de conserver la biodiversité marine dans six pays: Cabo Verde, Côte d'Ivoire, Équateur, Indonésie, Pérou et Sénégal.