Initiative Pêches Côtières

La pêche durable est « une question de conscience »

Journée mondiale des océans: message d'un pêcheur artisanal en Équateur

08/06/2023

8 juin, Lima/Manta/Rome - José Augusto López Zambrano, 41 ans, est un pêcheur de thon à la canne de troisième génération de Manta, en Équateur.

Ce mari et père de deux enfants perfectionne son métier depuis l'âge de 12 ans, lorsqu'il a commencé à accompagner son propre père en mer.

« J'espère que mes enfants - Juan Diego, 12 ans et Amber, 6 ans - continueront l'héritage que mon grand-père a transmis à mon père, qui me l'a transmis: la pêche au thon à la canne », déclare Augusto.

« Je me suis consacré à cette activité toute ma vie », poursuit-il. "La pêche au thon à la canne est dans mon sang ».

En Équateur, cette pêcherie a 70 ans d'histoire. À l'époque de son père, se souvient Augusto, les bateaux partaient en mer à 6 heures du matin, et à 17 heures, ils étaient de retour au quai, déchargeant leurs prises.

À l’époque, les navires étaient construits pour la pêche côtière, car le thon était à proximité.

« Mais avec le temps, l’effort a augmenté. Comme de moins en moins de thons arrivent sur la côte, nous devons donc aller de plus en plus loin », explique-t-il.

Cela signifie également que les pêcheurs doivent moderniser leurs bateaux afin qu'ils puissent passer quatre à cinq jours en mer.

Et bien que le nombre de thoniers ait augmenté, ils ne pratiquent pas tous une pêche durable, dit Augusto.

Le changement climatique joue également un rôle: la température de l'eau a augmenté au cours des 15 dernières années, affectant toutes les pêcheries côtières, remarque-t-il.

Une question de conscience

« La chose la plus importante que les pêcheurs puissent faire pour préserver les ressources de l’océan, est de retrouver leurs traditions », déclare Augusto, qui est également président de l'Asociación Cañeros de Manta (Association des pêcheurs à la ligne de Manta).

Cela implique d'utiliser des méthodes durables et de respecter les périodes de repos biologique et les tailles minimales.

« Notre engin est calibré pour capturer des thons d'au moins cinq livres: à cette taille, il a atteint la maturité sexuelle et s'est déjà reproduit », explique Augusto.

« C'est une question de conscience: à quoi ça me sert de capturer un thon de deux livres, sachant qu'il ne s'est pas encore reproduit? », ajoute-t-il.

« Pourquoi utiliser un filet qui tuera inutilement de nombreuses autres espèces, alors que je peux utiliser une canne, qui est sélective? Beaucoup de pêcheurs ne pensent pas de cette façon. Nous oui, et cela vient de la façon dont nous avons été éduqués par nos familles », explique Augusto.

Les autorités doivent soutenir la pêche durable

La pêche durable ne suffit pas à elle seule, déclare Augusto.

« Pour vraiment améliorer et changer les choses, des réglementations doivent être mises en place », note-t-il.

Par exemple, grâce à l'appui de projets tels que l’Initiative Pêches Côtières, les pêcheurs de thon à la canne de Manta ont obtenu un accord ministériel qui reconnaît et réglemente leur activité artisanale.

« De plus, l'une de nos réalisations les plus importantes, grâce à l’IPC, a été l'obtention de la certification Fair Trade », ajoute Augusto.

« Nous sommes la première pêcherie de thon à la canne à obtenir une certification de cette catégorie. C'est un grand honneur pour nous. »

Financée par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), l’IPC est mise en œuvre en Équateur par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Conservation International et le Fonds mondial pour la nature (WWF, son sigle en anglais) sous la direction du Ministère de la production, du commerce extérieur, de l'investissement et de la pêche.

Réglementation et certification pour de meilleurs moyens de subsistance

Augusto et ses collègues pêcheurs espèrent développer leur organisation avec la vente directe de leur thon certifié durable.

« Heureusement, le marché des produits de la mer, pêchés de manière durable, est en croissance », commente Augusto. « Si nous pouvons élargir notre base de consommateurs, cela se traduira par de meilleurs revenus et une meilleure qualité de vie, non seulement pour les armateurs, mais aussi pour les personnes qui travaillent avec nous. »

À moyen terme, dit Augusto, les pêcheurs de Manta veulent agrandir leur flotte, mais pas excessivement.

« Nous avons demandé l'autorisation officielle d'étendre notre capacité de pêche durable, bien sûr avec un plafond », explique-t-il.

Les discussions avec les autorités sont en cours, dit-il.

Un message de Manta

« Les gens se nourrissent d'aliments provenant de deux secteurs: la pêche et l'agriculture. S'il n'y a pas de pêche, il n'y a pas de nourriture », explique Augusto.

« Nous devons prendre soin de cette maison que nous appelons l'océan, car c'est celle qui nous donne à manger. »