Initiative Pêches Côtières

L’IPC partage son expérience et ses bonnes pratiques lors de la conférence MARE

Les coopératives d'épargne et de crédit communautaires au Pérou, la cogestion basée sur les connaissances autochtones en Indonésie, et la réforme juridique et l'intégration du genre en Afrique de l'Ouest parmi les présentations

19/07/2023

Rome, le 19 juillet - L'Initiative Pêches Côtières (IPC) a partagé son expérience et ses meilleures pratiques lors de la Conférence sur les peuples et la mer du Centre de recherche maritime (MARE) qui s'est tenue à Amsterdam du 26 au 30 juin.

« Le partage des connaissances est un élément clé de l’IPC, qui couvre six pays sur trois continents », a expliqué Mme Fatou Sock, coordinatrice globale de l’IPC pour la FAO.

« En partageant les connaissances et les bonnes pratiques, nous pouvons contribuer à favoriser leur réplication et leur mise à l’échelle, tant au niveau national qu'au-delà des frontières. L'objectif est de parvenir à une pêche durable et à de meilleurs moyens de subsistance pour les communautés de la pêche, dans des écosystèmes prospères », a-t-elle déclaré.

Les experts de l’IPC ont donné un aperçu de la cogestion avec les peuples autochtones pour une gouvernance bleue équitable en Indonésie, de la réforme juridique pour protéger les moyens de subsistance bleus et les écosystèmes côtiers en Afrique de l'Ouest, de la nouvelle stratégie nationale genre pour la pêche du Cabo Verde et de la manière dont les coopératives d'épargne et de crédit communautaires au Pérou promeuvent l'inclusion financière et l'autonomisation économique des femmes.

Les participants ont également découvert l’Outil d'évaluation de la performance des pêches (FPAT, dans son acronyme anglais), qui peut aider à prendre des décisions éclairées pour une gestion durable des pêcheries.

La cogestion basée sur le Sasi pour une gouvernance bleue equitable

« Sasi signifie interdire », a expliqué Mr Yayan Hernuryadin du Ministère des affaires maritimes et des pêches (MMAF, dans son acronyme anglais), qui met en œuvre l’IPC Indonésie en partenariat avec le WWF.

« Il s’agit d’un enseignement ancestral dans l'Indonésie de l’Est qui interdit aux gens de prendre des ressources, comme le poisson, lorsqu’elles sont épuisées ou endommagées, afin qu’elles puissent se récupérer », a-t-il déclaré.

Le MMAF poursuit une politique d'intégration des zones de pêche traditionnelles Sasi dans ses plans de zonage côtier, garantissant ainsi les droits et les responsabilités des peuples autochtones sur leurs ressources.

La cogestion entre les communautés de la pêche et les autorités est une option viable dans des pays comme l'Indonésie, qui manque de main-d'œuvre et de fonds pour surveiller et gérer l'intégralité des côtes le long de ses 17 504 îles, a expliqué Mr Hernuryadin.

La réforme juridique pour des pêches durables

Dans sa présentation, la consultante juridique Mme Luisa Borges a expliqué comment l’IPC a aidé à combler les lacunes et à identifier les principaux défis dans la législation nationale sur la pêche au Cabo Verde, en Côte d'Ivoire et au Sénégal.

Des évaluations juridiques ont identifié les blocages aux Objectifs de développement durable (ODD), l'égalité des sexes, la protection des droits humains et le degré d'alignement avec les instruments internationaux, tels que l'Approche écosystémique des pêches (AEP), les Directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l'éradication de la pauvreté (Directives SSF) et le genre.

À la suite des évaluations, les experts de l’IPC ont formulé des recommandations qui ont été débattues avec les communautés et les autorités. Ces débats ont abouti à des propositions de nouveaux textes juridiques dans chaque pays.

« Il s'agissait d'un processus inclusif et participatif qui a créé de nouveaux espaces de dialogue entre les pêcheurs artisanaux, les travailleurs de la pêche et les décideurs », a expliqué Mme Borges.

Surmonter les contraintes liées au genre dans les pêches artisanales

Les évaluations juridiques ont abouti à un résultat positif au Cabo Verde, qui a récemment approuvé une stratégie nationale genre pour la pêche, a expliqué la Représentante adjointe de la FAO au Cabo Verde, Mme Katya Neves.

Mme Neves a donné un aperçu des raisons pour lesquelles les femmes dans la pêche artisanale sont souvent piégées dans des cycles de pauvreté : conditions de travail informelles et peu rémunérées, faibles niveaux d'éducation, peu ou pas de protection sociale ni accès aux financements et à la technologie.

Elle a cité la nouvelle stratégie nationale genre du Cabo Verde comme un exemple vertueux de la manière dont un pays peut autonomiser les femmes.

« Pourquoi avons-nous besoin d'une stratégie genre dans la pêche ? » dit Mme Neves. « Parce que cela donne une voix aux femmes. Cela leur permet de participer aux prises de décisions et facilite leur accès aux ressources et aux bénéfices » .

Les coopératives d'épargne et de crédit autonomisent les communautés de la pêche

Les coopératives d'épargne et de crédit communautaires (UNICA, dans leur acronyme espagnol) sont un autre outil puissant qui a amélioré les conditions de vie et de travail des communautés des pêches artisanales.

Elles ont étée mises en œuvre avec succès sur les sites pilotes de l’IPC au Pérou, où de nombreux ménages n'ont que peu ou pas de sécurité financière ou sociale, a expliqué Mr Miguel Maldonado, coordinateur IPC pour l'Amérique latine. Le modèle UNICA est volontaire et l'adhésion est auto-sélective ; chaque membre achète des parts d'un fonds commun portant intérêt, et les intérêts sont répartis périodiquement entre les membres. De plus, les membres peuvent contracter des emprunts pour faire face à des chocs externes (accidents, maladies) ou pour investir dans leurs activités (réparation de bateaux, moyens de subsistance alternatifs).

Il s'est avéré efficace dans l'autonomisation économique des pêcheurs ayant peu ou pas de connaissances financières ou d'accès au crédit bancaire - en particulier les femmes, dont beaucoup ont créé de petites entreprises, contribuant au bien-être des ménages et diversifiant leurs sources de revenus.

Un autre aspect positif des UNICA est qu'elles fournissent un coussin financier pendant les périodes de repos biologique, fonctionnant comme des incitations à une pêche durable.

Le FPAT aide à prendre des décisions éclairées dans la gestion des pêcheries

Mme Lena Westlund, analyste internationale des pêches de la FAO et consultante IPC, a expliqué les avantages de l’FPAT, qui aide à diagnostiquer les attributs écologiques, sociaux, économiques et de gouvernance des pêcheries sur la base de ce que l'on appelle le « triple résultat » de communauté, écologie, économie.

« Plus de 80% des pêcheries mondiales manquent de données statistiques adéquates pour être gérées correctement, ce qui peut conduire à une paralysie dans la résolution de problèmes tels que la surpêche », a expliqué Mme Westlund. « Le FPAT peut aider à combler cette lacune » .

À propos de l’IPC

L’IPC est un effort mondial de collaboration financé par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM). Il rassemble des communautés de la pêche, des organisations internationales de conservation, des gouvernements, des agences des Nations Unies et la Banque mondiale dans le but de parvenir à des pêches côtières durables et de conserver la biodiversité marine dans six pays : Cabo Verde, Côte d'Ivoire, Équateur, Indonésie, Pérou et Sénégal.