Initiative Pêches Côtières

Équateur : une communauté de la pêche artisanale, pionnière en matière de traçabilité pour la durabilité

« Derrière chaque poisson se cache une histoire. En tant que consommateurs de ressources marines, nous devons savoir d'où viennent ces ressources » - message d'un transformateur de poisson Équatorien

29/11/2023

Lima/Rome/San Mateo, 29 novembre - – Le mahi-mahi est une ressource essentielle pour la pêche artisanale en Équateur. Des milliers de familles dépendent de cette espèce de poisson pour leur alimentation et leurs moyens de subsistance, avec 4 666 petits bateaux et 223 remorqueurs travaillant dans la pêche artisanale du mahi-mahi.

Cependant, les stocks de mahi-mahi sont sous pression à cause de la surpêche et de la dégradation des écosystèmes. Une manière d’inverser ces tendances néfastes consiste à soutenir les pêcheries durables.

La pêche durable est un travail plus difficile et prend plus de temps que la pêche non durable : par exemple, un pêcheur responsable s'abstiendra de sortir en mer pendant les saisons fermées, et utilisera des engins respectueux de l'environnement, comme la canne et la ligne, qui ne menacent pas le reste de la biodiversité marine.

Il est donc essentiel que les pêcheurs responsables puissent bénéficier économiquement de leur respect de l'environnement et du temps accordé aux poissons pour se reproduire.

Une façon d’y parvenir consiste à recourir à la traçabilité, ou à la capacité de retracer un produit depuis le point de vente jusqu’à son point d’origine.

La traçabilité peut conduire à des certifications MSC ou Fair Trade sur les étiquettes des fruits de mer pêchés de manière responsable, ce qui signifie que les pêcheurs peuvent obtenir de meilleurs prix sur le marché et que les consommateurs peuvent faire des choix éclairés.

Union de forces avec les pêcheurs artisanaux pour la traçabilité

Pour démontrer comment la traçabilité peut aider les pêcheurs artisanaux à augmenter leurs revenus, l'Initiative Pêches Côtières en Amérique latine (IPC-LA) a joint ses forces avec la Coopérative 20 de Septiembre, composée de 65 pêcheurs artisanaux de mahi-mahi.

Ensemble, ils ont mené un projet pilote dans le village de San Mateo, où 90 pour cent de la communauté se consacre à la pêche artisanale et aux activités connexes.

La traçabilité repose sur des données fiables sur la taille, la quantité et l'emplacement des poissons capturés, ce qui manquait auparavant au débarcadère de San Mateo.

Pour remédier à cette situation, le projet pilote a travaillé avec la communauté pour installer des caméras et des journaux de bord électroniques sur les bateaux de pêche afin de créer un système de surveillance virtuel du mahi-mahi.

Contrairement aux systèmes de traçabilité analogiques, cette technologie permet aux pêcheurs d'accéder en temps réel à des informations sur leurs opérations et leurs débarquements.

Cela leur permet également de disposer d'une base de données numérique mise à jour, essentielle non seulement pour documenter la santé de l’espèce cible mais également pour connaître l'impact sur les espèces secondaires et protégées.

Les informations sont stockées dans des codes QR, qui garantissent la traçabilité du produit jusqu'au consommateur final. Surtout, ils créent un lien entre pêcheurs et consommateurs : grâce au QR code, ils peuvent connaître l'origine du poisson ainsi que les histoires des pêcheurs, pêcheuses et transformatrices qui ont œuvré pour l'amener dans leur assiette.

Le projet pilote a impliqué des jeunes locaux, car de nombreux fils et filles de pêcheurs se sont joints à eux pour aider leurs parents à installer la technologie innovante de surveillance virtuelle sur leurs bateaux artisanaux.

En outre, il a contribué à promouvoir l’égalité des opportunités entre femmes et hommes en proposant des formations techniques dans la transformation des produits de la mer afin d’ajouter de la valeur à leurs prises de mahi-mahi.

« Le projet pilote a motivé les hommes et les femmes à travailler ensemble et à s'unir pour une cause commune: une pêche artisanale responsable à des prix équitables », a déclaré Fernando Rey, spécialiste du WWF Équateur, qui a mis en œuvre le projet pilote à San Mateo.

La communauté de pêcheurs de San Mateo, pionnière dans la région

Cinthia Conforme est la fille d'un pêcheur de San Mateo et est active dans la formation et l'autonomisation des femmes et des jeunes de sa communauté.

« Avant, les pêcheurs et pêcheuses de ma communauté n’arrivaient pas à obtenir des prix décents pour leurs prises », a dit Cinthia.

« Grâce au projet pilote, nous avons pu accéder à un marché de pêche responsable avec des prix équitables. Nous l'avons fait en utilisant la nouvelle technologie de traçabilité et en nouant des alliances avec des restaurants locaux », explique-t-elle.

Le succès du projet pilote de traçabilité mahi-mahi appartient à la communauté de San Mateo : en tant que pionnière dans la région, elle a prouvé la viabilité d'un système de surveillance virtuelle avec de nouvelles technologies sur des navires artisanaux. Elle a également mis en évidence le rôle important joué par les femmes et les jeunes dans le développement d'une pêche artisanale moderne et responsable en Équateur.

À propos de l’IPC-AL

L’IPC-AL œuvre pour l’utilisation durable des ressources aquatiques au profit des populations et de l'environnement dans les eaux côtières de l'Équateur et du Pérou, riches en biodiversité.

Elle est mise en œuvre par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en collaboration avec Conservation International (CI) et le Fonds mondial pour la nature (WWF), en partenariat avec les gouvernements nationaux et les communautés locales.