Initiative Pêches Côtières

Côte d’Ivoire : comité de cogestion de la pêcherie de la sardinelle installé à Sassandra

Les communautés locales et les autorités unissent leurs forces pour assurer la durabilité de cette ressource essentielle

05/12/2023

Rome/Sassandra, 5 décembre - Un comité local de cogestion de la pêcherie de la sardinelle a été officiellement installé le 14 novembre au débarcadère de Sassandra par le Préfet de la Région du Gbôklè, Mr Yao Kouassi Bruno.

Ses 27 membres sont constitués par des représentants des pêcheurs, des femmes transformatrices, des mareyeuses, des ONG locales, des associations de consommateurs, des chefs traditionnels et des autorités administratives locales.

Sa mission principale est d’empêcher la capture des juvéniles et de faire respecter les périodes de repos biologique à travers des missions de surveillance participative en mer et la sensibilisation auprès des communautés qui vivent de la pêche et du public.

Une grande démarche pour la durabilité

Ce travail d’équipe entre communautés et autorités permettra de préserver la pêcherie de sardinelles, une ressource précieuse pour la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des communautés mais qui se raréfie à cause de la surpêche et l’utilisation d’engins de pêche non durables.

« Le comité veillera à mettre fin à la capture des poissons juvéniles, ce qui nous permettra d’avoir des poissons de grosse taille » explique Mme Kouamé Amoin Blandine, mareyeuse et membre du nouveau comité.

« Nous exercerons désormais les activités du comité de cogestion sur une base légale car un arrêté préfectoral a été pris. L’avantage dudit comité est que tous les acteurs impliqués au niveau de l’administration en sont membres, à savoir la direction des ressources halieutiques, la direction des affaires maritimes, la direction de l’environnement, en plus des communautés de la pêche, et cela améliore les mécanismes de collaboration et de coopération » selon Mr Serges Sogohi, Président de l’ONG Afrique Verte Environnement et membre du comité.

« Au niveau des activités sur le terrain, nous envisageons d’amplifier la sensibilisation des acteurs de la filière pêche afin de préserver la ressource » ajoute-t-il.

« La création du comité de cogestion est une grande démarche pour la durabilité de cette pêcherie, source de nourriture et d’emploi pour des milliers de personnes » selon le Directeur des Pêches, Mr Fofana Bina.

« Nous sommes fiers de cet effort qui nous a permis de joindre nos forces avec celles des communautés de la pêche dans un véritable partenariat pour défendre cette précieuse ressource naturelle, pour que tous et toutes puissent en bénéficier. »

Le comité s’outille avec l’AEP

Suite à l'installation officielle du comité, ses membres ont suivi un atelier de formation sur l'Approche écosystémique des pêches (AEP), qui considère l'environnement et les sociétés humaines comme des éléments interconnectés et qui sous-tend un processus participatif qui rassemble toutes les parties prenantes aux différentes étapes du processus de gestion.

L'objectif est de favoriser l'appropriation commune des mesures de gestion par les décideurs et les pêcheurs, les mareyeuses et les transformatrices, qui travaillent ensemble pour gérer les ressources et assurer leur durabilité sociale, écologique et économique pour les générations actuelles et futures.

La cogestion permet de mettre en œuvre l’un des aspects essentiels de l'AEP, à savoir la participation des parties prenantes dans les processus de prise de décision avec une gestion décentralisée au niveau le plus bas approprié.

« La cogestion est une approche utile dans la durabilité de la pêche artisanale, où les autorités impliquent tous les secteurs et accordent aux communautés de pêches et les organisations de base, divers degrés de pouvoir et de responsabilité pour surveiller et mieux gérer leurs ressources » selon Mamadou Thiam, un expert de l’Initiative Pêches Côtières en Afrique de l’Ouest (IPC-AO) qui accompagne le processus de cogestion des sardinelles à Sassandra.

À propos de l’IPC-AO

L’IPC-AO couvre le Cabo Verde, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Elle collabore avec les parties prenantes et les autorités locales pour renforcer la gouvernance et la gestion des pêches et améliorer la chaîne de valeur des produits de la mer ainsi que les conditions de travail, en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes.

Elle est mise en œuvre par la FAO en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE)/Convention d’Abidjan et financée par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM).