EAF-Nansen Programme

Forum du Programme EAF-Nansen 2021: du présent au futur

20/10/2021

Plus de 100 participants de 32 pays côtiers d'Afrique et du golfe du Bengale, et de quatre organisations régionales ont participé à deux journées intenses du Forum du Programme EAF-Nansen, où se sont succédés les présentations, les discussions plénières et les travaux de groupe liés aux trois domaines fondamentaux du travail régulier du Programme: la science, la gestion des pêches et le développement des capacités. En raison des restrictions de la Covid-19, l'événement de cette année a eu lieu en ligne, du 19 au 20 octobre, sur le thème: De la science à la gestion – résultats obtenus, défis et avenir du Programme. Les discussions ont porté sur le degré de mise en œuvre du Programme et les domaines de travail dans lesquels des efforts supplémentaires doivent être réalisés au cours de la période restante de la phase actuelle. Des discussions préliminaires ont également eu lieu sur la future phase du Programme, qui devrait avoir lieu de 2023 à 2028, voire au-delà.

«Je suis très heureuse de voir l’appréciation globale des réalisations du Programme de la phase actuelle, qui a débuté en 2017. J’apprécie également de voir l’engagement total pour le Programme et sa future phase, tant de la part des pays qui collaborent au Programme que de nos partenaires» a fait observer Me Merete Tandstad, coordinatrice du Programme EAF-Nansen.

Le Forum annuel du Programme EAF-Nansen rend compte des réalisations et des progrès accomplis dans le cadre des activités de terrain du Programme, de partager les expériences et les enseignements tirés, d’identifier les bonnes pratiques et de discuter des stratégies entre partenaires. Les enjeux planétaires, notamment les impacts potentiels du changement climatique sur la pêche et la biodiversité, font également partie de ces discussions.

Le premier jour du Forum a donné un aperçu des activités menées dans le cadre du plan de travail annuel du Programme, et a identifié les domaines de travail prioritaires de la phase actuelle, qui a été prolongée jusqu’en avril 2023. Des présentations sur la mise en œuvre de certaines mesures des plans de gestion des pêches élaborés selon l'approche écosystémique des pêches (AEP) – le principal objectif de la phase en cours du Programme (2017-2023) – ont été faites par des administrateurs des pêches, mettant en évidence le soutien du Programme à travers des projets de terrain réalisés dans les pays côtiers du golfe de Guinée, à savoir le Togo, le Bénin, la Côte d'Ivoire mais également la Tanzanie. Ces présentations ont montré le processus de mise en œuvre réelle de l'AEP au niveau national, et les enseignements qui en ont été tirés. Une session séparée a été consacrée à une étude de cas de référence sur la pollution par les déchets marins au Ghana – un projet récent du Programme.

L'après-midi du premier jour a été consacré aux travaux de groupe. Répartis en quatre sous-groupes en fonction du thème et de leur préférence linguistique – anglais et français –, les participants ont été invités à répondre à des questions relatives aux résultats et aux produits du Programme et à formuler des recommandations sur les domaines nécessitant des améliorations concernant la phase actuelle. Le premier groupe a travaillé sur le thème de la gestion des pêches, notamment sur les questions liées au travail politique et juridique, aux ressources transfrontalières, à l'avancement de la mise en œuvre de l'AEP, au lien entre science et politique, aux données sur la pêche et à l'intégration intersectorielle. Le deuxième groupe s'est penché sur les aspects liés à la science, entre autres sur les résultats scientifiques, l'évaluation, les outils et l'analyse intégrée. Le développement des capacités a été intégré aux discussions en tant que thème transversal. Chaque groupe avait un modérateur chargé de diriger les discussions, et un rapporteur, dont la mission était de rendre compte en séance plénière des commentaires recueillis au cours de la session qui comprenait six questions pour chacun des deux thèmes discutés.  

Un panel de haut niveau sur les défis futurs de la gouvernance des pêches et des océans, et le rôle du Programme EAF-Nansen et de ses activités, a inauguré la deuxième journée de l'événement. Parmi les intervenants figuraient M. Stig Traavik, directeur du département Climat et énergie renouvelable de l'Agence norvégienne de coopération pour le développement (Norad), M. Manuel Barange, directeur du département de pêches et de l’aquaculture de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), M. Aboubacar Sidibé, coordinateur régional du Projet de grand écosystème marin du courant des Canaries (CCLME), et M. Julian Barbière, point focal pour la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques à la Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO (COI-UNESCO).  

Au cours de cette session, nous avons entendu des mots encourageants de la part de la Norad sur l'extrême importance du Programme EAF-Nansen pour la Norvège et pour les pays partenaires en Afrique et dans le golfe du Bengale. M. Traavik a exprimé sa reconnaissance pour les réalisations exceptionnelles du Programme, et a assuré de la motivation de la Norad à continuer à soutenir le Programme à l'avenir, afin de renforcer les connaissances sur l'océan par le biais de son utilisation durable.

Lors de sa présentation, M. Manuel Barange a souligné le rôle que le Programme EAF-Nansen peut jouer dans la Transformation bleue à travers ses deux principales composantes à savoir la durabilité (écologique) des poissons et le changement climatique. «Les stocks faisant l'objet d'une gestion efficace sont de plus en plus durables» a dit M. Barange et c 'est à ce niveau que le Programme EAF-Nansen joue un rôle crucial pour inverser la tendance en aidant les pays à mettre en œuvre une approche écosystémique des pêches. M. Barange a également souligné que «si nous ne luttons pas contre le changement climatique, la durabilité des pêches deviendra encore plus difficile». Dans sa phase actuelle, le Programme a été conçu de manière à prendre en considération les impacts possibles du changement climatique et de la pollution marine. En outre, grâce au navire de recherche Dr Fridtjof Nansen, le Programme recueille des données et des connaissances non seulement sur les ressources et les écosystèmes, mais également sur les débris marins et les microplastiques provenant des zones les moins étudiées du monde.

L'orateur suivant, M. Aboubacar Sidibé, nous a parlé des défis auxquels sont confrontées les pêcheries africaines pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies dans une perspective de grand écosystème marin. Parmi les défis mentionnés, citons: l'accès libre aux pêcheries en Afrique (en particulier pour la pêche artisanale), la surexploitation et la dégradation de l'environnement, ou encore la marginalisation des femmes dans le secteur de la pêche artisanale, à la fois en termes d'activités liées à la pêche et de rôle des femmes dans le processus décisionnel. Le Programme EAF-Nansen s'efforce de relever ces défis et collabore étroitement avec le projet CCLME dans les domaines suivants: développement des connaissances, renforcement des capacités des institutions et des communautés de pêche pour l'utilisation durable des ressources halieutiques transfrontalières et des écosystèmes associés, et mise en œuvre de l'AEP. 

Enfin, M. Julian Barbière a expliqué comment le Programme peut montrer l'exemple en matière de science et de renforcement des capacités tout au long de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques (2021-2030), en tant que l'un des principaux contributeurs à une initiative à l'échelle des Nations Unies. 

Au cours de la session de l'après-midi, les participants ont continué, sur la base des réflexions du matin, à réfléchir en groupes sur la façon dont le Programme peut aider les pays et les organisations régionales à relever les futurs défis en matière de pêche et de gouvernance des océans. 

La réunion de deux jours s'est terminée par une discussion sur la politique actuelle en matière de données Nansen, ses principes et les modifications qui pourraient y être apportées à l'avenir. 

Les idées, les réactions et les recommandations recueillies lors du Forum annuel du Programme 2021 vont maintenant être analysées en détail par les équipes du Programme et serviront d’orientations pour le développement de ses futures activités. L'engagement des pays partenaires et la prise en compte de leurs besoins sont essentiels pour favoriser le changement en vue d'une gestion durable des pêches et d'une meilleure protection de l'environnement marin.