EAF-Nansen Programme

La campagne de recherche Nansen en Afrique du Nord-Ouest établit une base de référence pour protéger les habitats benthiques contre les impacts des activités pétrolières et gazières offshore

18/11/2021

La première campagne de recherche Nansen de l'année vient de s'achever. Vingt-sept scientifiques à bord du navire de recherche – le Dr Fridtjof Nansen – ont passé les trois dernières semaines en Afrique du Nord-Ouest. L'équipage scientifique, composé de scientifiques et de techniciens de Norvège, de Mauritanie et du Sénégal, a effectué des études de suivi environnemental et de cartographie des habitats dans les eaux de Mauritanie et du Sénégal. Les chercheurs à bord du navire ont recueilli des données, des informations pertinentes et ont acquis des connaissances qui permettront d'établir une base de référence pour réduire les impacts potentiels des futures activités pétrolières et gazières offshore sur l'environnement marin.

Au cours de la première semaine d'exploration de l'océan, les scientifiques ont découvert un grand récif de Lophelia pertusa d’eau froide auquel est associée une riche faune, dont plusieurs espèces de poissons. La zone de récif, enregistrée à l'aide d'un sonar multifaisceaux et de transects vidéo, est située à proximité du corridor du pipeline du projet de développement du champ gazier de Grand Tortue Ahmeyim (GTA). Pour la première fois, les scientifiques ont documenté un récif vivant dans la région frontalière de la Mauritanie et du Sénégal. Les récifs de Lophelia pertusa sont présents à plusieurs endroits de l'océan Atlantique, y compris dans l'hémisphère sud. Ce sont des points chauds de la biodiversité, à la fois riches en vie et fortement menacés de destruction. Un dommage physique pourrait entraîner leur déclin immédiat et un long processus de récupération. Pour cette raison, les récifs de Lophelia perusa sont classés par la Convention OSPAR pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est comme «un habitat menacé et/ou en déclin dans toutes les régions OSPAR où il est présent» et nécessite une attention particulière en matière de gestion. Les connaissances sur la répartition, l'écologie et le statut de conservation des récifs de Lophelia dans l'Atlantique tropical/subtropical sont encore peu développées.

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Au cours des semaines suivantes, la cartographie des habitats benthiques de la zone a révélé l’existence de nombreux autres récifs coralliens sains ainsi que des jardins de coraux en eau profonde près du couloir du pipeline et dans les canyons voisins. Tous les échantillons et les données collectés, notamment en matière de sédiments et d’organismes vivants sur et près du fond, seront analysés et utilisés pour la préparation du rapport, qui servira de référence pour le suivi environnemental futur de cette zone. Toutefois, les données actuelles sur l'occurrence des récifs de Lophelia peuvent déjà informer les autorités compétentes des éventuelles mesures à prendre pour les protéger.

«Il est vraiment satisfaisant de voir que les données générées par cette recherche peuvent être utilisées par les autorités de Mauritanie et du Sénégal pour élaborer leurs propres stratégies de gestion environnementale permettant d'atténuer les impacts potentiels des activités pétrolières et gazières. C'est le meilleur résultat que nous pouvions espérer de cette campagne», a déclaré le Dr Tina Kutti, scientifique de l'Institut norvégien de recherche marine (IMR) et responsable de la campagne.

La zone du projet de développement du champ gazier, située dans les eaux offshore de la Mauritanie et du Sénégal, a été choisie comme zone d'étude par les autorités nationales de ces pays, sur la base des avis des scientifiques locaux selon lesquels cette zone pourrait abriter des écosystèmes benthiques vulnérables, tels que des récifs coralliens d'eau froide. 

La campagne de suivi environnemental réalisée en Afrique de l'Ouest a surtout étudié les communautés benthiques, la contamination des sédiments et les impacts sur les poissons. Ce travail a été réalisé grâce à une étroite collaboration entre les scientifiques de l'Institut norvégien de recherche marine, les scientifiques de l'Institut mauritanien de recherche océanographique et de pêche (IMROP) et les scientifiques du Centre de recherche océanographique de Dakar-Thiaroye (CRODT) de l'Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA).

«Grâce au développement des capacités, obtenu par le renforcement de la collaboration entre les scientifiques norvégiens et locaux de Mauritanie et du Sénégal travaillant ensemble à bord, le Programme EAF-Nansen peut faire une réelle différence dans la conservation d'écosystèmes marins sains dans les zones d'activités industrielles offshore», a souligné le professeur Ketil Hylland, scientifique principal du thème 5 du plan scientifique du Programme EAF-Nansen – Les activités pétrolières/gazières et leurs impacts sur les écosystèmes marins.

La stratégie choisie pour développer l'étude de base concernant l'impact potentiel futur des activités pétrolières et gazières en Afrique du Nord-Ouest est conforme à la stratégie développée pour effectuer un suivi des impacts du pétrole et du gaz sur les habitats benthiques marins dans la région de la mer du Nord. Cette stratégie a été intégrée dans la législation norvégienne et est conforme aux recommandations OSPAR.

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Prélèvement de sang et de bile de poisson, ainsi que l'identification des espèces. © Ketil Hylland.

Grâce à la technologie avancée du navire et à son équipement scientifique moderne, le Dr Fridtjof Nansen est un outil unique pour ce type d'études. Une étude de suivi dans la zone, une fois que la production de gaz offshore aura démarré, fournira des informations pertinentes pour évaluer les autres impacts potentiels de l'activité et pourrait fournir des informations importantes pour les futures stratégies de gestion environnementale dans les deux pays, le cas échéant.

Des rapports scientifiques présentant les résultats de cette campagne sont en cours de préparation et seront présentés aux autorités compétentes en Mauritanie et au Sénégal d'ici la fin de l'année.