Une étude ouvre la voie vers la consolidation de la chaîne de valeur de la sardine, du sprat et de la perche du lac Tanganyika

25 août 2021, Kigoma – Un atelier de validation de deux jours a été organisé pour présenter les résultats d'une analyse de la chaîne de valeur du sprat, de la sardine et de la perche du lac Tanganyika aux parties prenantes des secteurs privé et public, notamment le Ministère tanzanien de l'élevage et de la pêche. À partir de cette analyse, les participants ont examiné comment hiérarchiser au mieux les interventions de FISH4ACP, comme l'amélioration des méthodes de pêche et de transformation et le soutien des activités rémunératrices, en vue d'accroître les revenus des populations tributaires de la pêche – pêcheurs, transformateurs et commerçants.  

La République-unie de Tanzanie est le principal producteur de sardine, de sprat et de perche du lac Tanganyika. Le secteur des petits pélagiques emploie 27 000 pêcheurs et 11 000 transformateurs, qui utilisent pour la plupart des méthodes artisanales. À l'heure actuelle, 90% des prises des pêcheurs artisanaux du lac Tanganyika sont vendues à des transformateurs artisanaux locaux, qui fument les perches ou font sécher au soleil les sprats et les sardines (dagaa). Le reste est acheté par des grossistes, des exportateurs et des détaillants.  

« Le Ministère de l'élevage et de la pêche a fortement impulsé l'industrie de la pêche dans le pays à travers une série de politiques, stratégies, législations et programmes, notamment la récente modification des règlements et des droits en 2020 », a déclaré M. Nazael Madalla, Directeur de l'aquaculture, qui représentait le Secrétaire principal du Ministère de l'élevage et de la pêche lors de l'atelier.    

Compte tenu de leur petite taille, le sprat et la sardine du lac Tanganyika se détériorent rapidement et sont habituellement séchés le plus rapidement possible après le débarquement des prises. De ce fait, les sprats et les sardines frais sont rares. L'approvisionnement en sprat, sardine et perche est instable tout au long de l'année, en particulier dans les zones éloignées du lac Tanganyika, d’où un accès limité des consommateurs à ces produits.  

« Quelles que soient nos interventions, qu'il s'agisse d'activités de recherche ou de diffusion, nous impliquons les pêcheurs à chaque étape du processus », a indiqué Ismael Aaron Kimirei, directeur de l'Institut de recherche sur les pêches de Tanzanie (TAFIRI). « Nous avons aidé les pêcheurs en leur fournissant des fours à fumer à faible consommation d'énergie pour la transformation de la sardine et de la perche, notamment pendant la saison des pluies, où les pertes après capture sont plus importantes. Nous les avons également sensibilisés à l'utilisation de glace à bord des embarcations et sur le site de débarquement pendant la manipulation du poisson pour limiter les pertes », a déclaré M. Kimirei. 

Malgré tout, les populations tanzaniennes dépendantes de la pêche rencontrent un certain nombre de difficultés. Par exemple, la participation des femmes à la chaîne de valeur de la pêche et les avantages qu'elles en retirent sont inférieurs à ceux des hommes. L'analyse de la chaîne de valeur révèle la vulnérabilité des travailleurs qui sont confrontés à des risques en matière de sécurité et de sûreté de l'emploi, en raison de l'absence de contrats formels et de normes de santé et de sécurité au travail. Les institutions financières étant peu accessibles et peu disponibles, les taux d'intérêt élevés et les procédures de prêt complexes, l'accès aux prêts formels est difficile. 

En outre, les pertes après capture sont importantes en raison de mauvaises méthodes de traitement et de manutention, et les rendements diminuent du fait des mauvaises pratiques, de la pêche illégale et du changement climatique. L'utilisation de combustibles fossiles et le recours au bois pour le fumage du poisson se traduisent par une augmentation des émissions de gaz à effet de serre tout au long de la chaîne de valeur.  

L'atelier, organisé par FISH4ACP en collaboration avec le TAFIRI, a servi de plateforme pour discuter, valider et recueillir des commentaires sur l'analyse et amorcer la conception d'une stratégie commune pour les pêcheries du lac Tanganyika. Les participants ont identifié des activités potentielles pour protéger et consolider la chaîne de valeur en investissant dans une croissance inclusive afin d'accroître la sécurité alimentaire des générations futures, de réduire la pauvreté et de contribuer à la conservation des ressources naturelles. 

« Nous nous trouvons à présent à un moment crucial où chacun d'entre vous peut nous guider sur la voie la plus favorable à vos communautés et à la croissance du secteur de la pêche », a déclaré Steven Ciocca, chargé de programme  pour FISH4ACP. « Nous ne disposons pas encore d'une vision finalisée de la chaîne de valeur, mais cette réunion a été décisive pour jeter des bases solides en vue de l'élaboration d'une telle vision » a-t-il ajouté.