Larissa Kanate rêve de devenir « la reine du tilapia » de la Côte d’Ivoire

19 juillet 2024, Abidjan – Avec l’appui de FISH4ACP, la piscicultrice ivoirienne Larissa Kanate a présenté un projet ambitieux d’extension de sa ferme productrice de tilapia lors de l’événement BlueInvest Africa 2024. Entretien avec une passionnée du poisson qui rêve de devenir un jour la «reine du tilapia» de son pays. 

C'est à Bingerville près d’Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire, que Larissa Kanate, épouse Fofana, a donné vie à son projet novateur. Le restaurant "Miami Beach", fondé par sa mère en 2009, n'est pas un simple établissement gastronomique.  

Larissa y a intégré « Queen fish », une pisciculture pour l'élevage de tilapias, qui permet aux clients de déguster des poissons frais tout droit sortis la ferme avant leur préparation, garantissant ainsi la fraîcheur des produits. 

L'histoire de Larissa Kanate avec la pisciculture est née de sa passion pour les poissons d’ornements. « M’occuper des poissions m’apaise énormément» dit cette mère de deux enfants. « Cela a créé une patience en moi qui m’aide souvent à affronter les situations difficiles. » 

En quête constante de poissons frais de qualité pour sa clientèle, elle a évolué vers la pisciculture en circuit recirculé, une technique avant-gardiste qui permet une production intensive sur un espace réduit.  

Ses efforts ont conduit FISH4ACP, une initiative de l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) mis en œuvre par la FAO et financé par l’Union Européenne (UE) et le Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ), à organiser sur sa ferme un partage d’expériences avec les pisciculteurs ivoiriens.  

C’est avec l’appui de FISH4ACP, qui encourage une croissance durable du secteur du tilapia en Côte d'Ivoire, que Larissa a été sélectionnée parmi plus de 500 candidats pour présenter son projet "de la ferme à l'assiette" lors de l'événement BlueInvest Africa au Kenya en juillet 2024. 

« Il n’y pas assez de poisson sur le marché, » dit-elle, en expliquant que son projet prévoit une extension considérable de sa ferme en vue d’augmenter la production des 8 tonnes d’aujourd’hui à 100 tonnes par an dans les prochaines cinq années. 

La pisciculture offre de réelles perspectives en Côte d'Ivoire, d’après Larissa. Avec 80% de sa consommation de poisson importée, le pays présente un énorme potentiel de développement dans ce secteur. En même temps, elle souligne les grands défis de la filière, dont notamment l’accès aux aliments et les alevins de qualité.  

L'une des priorités de FISH4ACP est d'améliorer leur qualité et disponibilité. L’initiative travaille avec des fermes piscicoles pilotes pour familiariser les pisciculteurs aux bonnes pratiques, depuis l'achat des alevins et de l'aliment jusqu'à la vente des poissons marchands et pour insuffler une perception nouvelle de la pisciculture comme une activité commerciale à part entière, pourvoyeuse de revenus. 

« Pour réussir, il faut commencer par la formation, » dit Larissa, avant d’ajouter : « Je peux inviter les gens à venir voir ici ce que c’est la pisciculture hors sol. »  

Les ambitions de Larissa ne s'arrêtent pas là. Dans le futur elle envisage de construire également une ferme piscicole dans son village natal de Mankono, au nord de la Côte d'Ivoire. Ce projet promet de créer des emplois pour les jeunes et les femmes de la région.  

Larissa sourit. Peut-être un jour, elle deviendra la « reine du tilapia » en Côte d’Ivoire.