Mécanisme pour la restauration des forêts et des paysages

Une muraille verte pour promouvoir la paix et restaurer la nature dans la région du Sahel en Afrique

22/02/2023


Les pays de la région du Sahel en Afrique mettent en place une réponse massive pour faire face aux effets du changement climatique et de la perte de biodiversité : une "muraille" de forêts et de terres restaurées s'étendant sur plus de 8 000 km à travers le continent.

La grande muraille verte est une initiative spectaculaire conçue pour aider les populations et la nature à faire face aux conséquences croissantes de la crise climatique et de la dégradation des écosystèmes vitaux, ainsi que pour empêcher le désert du Sahara d'avancer plus profondément dans l'une des régions les plus pauvres du monde.

Lancée par l'Union africaine en 2007, la Grande Muraille verte, qui était une ambitieuse campagne de plantation d'arbres est devenue initiative mondiale pour le développement rural. L'objectif précédent de planter une muraille d'arbres est maintenant la transformation de millions de vies grâce à la création d'une mosaïque de paysages verts et productifs dans 11 pays. Jusqu'à présent, près de 18 millions d'hectares de terres dégradées ont été restaurés.

"Cette initiative remarquable fait déjà une différence dans la vie de nombreuses personnes à travers l'Afrique, y compris dans les pays sujets à des conflits", affirme Mirey Atallah, responsable du service "Nature pour le climat" du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). "Ce projet montre également les énormes avantages de la restauration dans les paysages gravement menacés par le changement climatique."

L'initiative figure parmi les dix premiers programmes phares de restauration mondiale de la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes. Ces projets phares suscitent l'inspiration et sont exemplaires de la manière dont la restauration à l'échelle du paysage peut permettre de lutter contre la triple crise planétaire du changement climatique, de la perte de nature et de biodiversité, et de la pollution et des déchets.

D'ici à 2030, la Grande Muraille verte vise à restaurer 100 millions d'hectares de terres, à séquestrer 250 millions de tonnes de carbone et à créer 10 millions d'emplois. Elle offre une sécurité alimentaire et hydrique, un habitat pour les plantes et les animaux sauvages, et une raison pour les habitants de rester dans une région en proie à la sécheresse et à la pauvreté.

Stimuler les initiatives locales

Bien que les communautés vulnérables du Sénégal, à l'ouest, à l'Éthiopie, à l'est, sont appelées à bénéficier de l'initiative phare récompensée, celle-ci est particulièrement axée sur le Burkina Faso et le Niger.

Kollo, au Niger, est l'une des nombreuses municipalités où l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le PNUE, les autorités gouvernementales et d'autres partenaires aident les communautés à restaurer les forêts et les sols.

Avec le soutien de donateurs, dont la France et l'Allemagne, l'initiative aide les communautés du Niger et du Burkina Faso voisin à mettre en œuvre des projets de restauration et à développer leur capacité de planifier et de mettre en œuvre leurs propres investissements verts.

L'initiative "soutient les entrepreneurs sensibles aux questions environnementales pour assurer la mise en œuvre d'investissements durables en matière de restauration et offre de multiples avantages aux populations les plus vulnérables", explique Christophe Besacier, coordinateur du mécanisme de restauration des forêts et des paysages de la FAO.

Il s'agit d'une approche qui pourrait être étendue à l'ensemble du Burkina Faso, du Niger et des pays voisins, "offrant l'espoir d'un avenir meilleur à un moment où les conflits et l'insécurité ajoutent aux pressions sur les communautés", ajoute M. Besacier.

Un coup de pouce à la nature

À Kollo, les agriculteurs ont déployé une technique traditionnelle pour récupérer les terres dégradées et prévenir la désertification en creusant des trous ou des fossés en forme de croissant. Également appelés "fosses zai" et "demi-lunes", ces fossés captent les rares eaux de pluie et les dirigent vers les plantes en croissance.

Une autre méthode éprouvée, appelée régénération naturelle assistée, consiste à entourer des zones de terrain pour protéger les arbres et autres végétaux des animaux en pâture et des bûcherons, et leur permettre de se régénérer. Une fois établies, les parcelles ombragées peuvent également offrir de bonnes conditions pour la culture ou l'élevage d'abeilles.

Djibo Dandakoye, un agriculteur, explique que le fourrage de sa parcelle clôturée se vend 200 francs centrafricains (environ 0,35 dollar des États-Unis) par botte, une source précieuse de revenus durables partagée entre les familles qui s'occupent des parcelles et les autorités villageoises et municipales.

"Avant, cette terre était complètement sèche et nue", explique M. Dandokoye, assis devant les hautes bottes de foin doré attachées par des tiges vertes. "Les arbres et l'herbe que vous voyez maintenant sont le résultat d'un travail acharné, des arbres que nous avons plantés et des graines que nous avons semées. Nous avons été payés pour notre travail et maintenant nous en récoltons les bénéfices."

Les femmes prennent l'initiative

Les hommes et les femmes sont également formés aux pratiques agroforestières et à d'autres moyens d'accroître leurs revenus.

Le projet a permis aux femmes de Kollo d'obtenir des terres où elles cultivent du moringa, dont les feuilles et les gousses nutritives peuvent être consommées comme légumes, séchées et réduites en poudre, transformées en huile ou même utilisées pour filtrer l'eau. La coopérative a mis en place un petit magasin où les femmes préparent et vendent des produits, notamment des savons, des biscuits et des gâteaux.

"Le moringa a une valeur commerciale et fait vivre de nombreuses familles", affirme Salamatou Souley, la maire de Kollo. "Cette culture a vraiment changé la vie des agriculteurs. Il est également important de créer ces coopératives car la production de moringa s'intègre parfaitement à la restauration des terres."

Mme Souley affirme que l'inversion de la perte de terres cultivables à cause de la dégradation et de la désertification était la clé du développement de sa municipalité rurale.

"Ma motivation est vraiment de faire progresser la position des femmes, de soutenir l'esprit d'entreprise des femmes et des jeunes et de développer ma municipalité, d'une manière ou d'une autre", a-t-elle conclu.

 

Pour accéder à l’article original, veuillez cliquer ici.