La restauration des forêts et des paysages peut garantir la durabilité des biens et services écosystémiques en fournissant une grande variété de bénéfices aux échelles locales et mondiale. Il faut des incitations financières et non financières significatives pour soutenir les producteurs et les responsables de la gestion des paysages et, ainsi, permettre la restauration et la protection des paysages et des forêts. Les paiements pour services écosystémiques (PES) constituent un mécanisme doté d’un haut potentiel pour la finance durable et la gestion améliorée des paysages et des écosystèmes, sur lequel les activités de la RFP peuvent s’appuyer. Les PES sont une stratégie qui lie les bénéficiaires des services écosystémiques à leurs fournisseurs, lesquels gèrent les ressources naturelles et les paysages. En offrant des compensations aux fournisseurs pour pallier le manque à gagner des pratiques non durables et dégradantes, les PES ont pour but de rendre la protection et la sauvegarde des services écosystémiques plus rentables que les activités économiques habituelles. Les PES peuvent aussi bénéficier aux petits producteurs et aux populations rurales en générant de la valeur pour le paysage, en diversifiant les revenus et en soutenant l’amélioration des moyens de subsistance.

Toutefois, les PES ne sont pas une solution miracle aux problèmes de restauration et de sauvegarde des paysages et des forêts. Leur mise en œuvre dépend fortement du contexte et nécessite la prise en compte de nombreux systèmes sociaux et écologiques, mais aussi des mesures incitatives bien élaborées, l’engagement du dialogue et le soutien des cadres de réglementation. La coordination intersectorielle et un environnement propice sont souvent des aspects primordiaux pour que les PES soient en mesure de s’imbriquer dans des initiatives existantes, les programmes gouvernementaux et le financement par le secteur privé, afin de créer des incitations aux pratiques durables pour un soutien proportionné à la RFP.

Du 9 au 12 septembre 2019 s’est tenu un premier atelier régional en Chine, organisé conjointement par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dans le but de permettre l’échange des dernières connaissances sur la mise en valeur des services écosystémiques et leur mise sur pied, ainsi que celle des mécanismes incitatifs dans les différents pays impliqués dans l’Initiative pour la restauration (TRI). L’atelier avait pour but de permettre une meilleure compréhension des opportunités qui se présentent pour les PES et du potentiel pour la création des mécanismes incitatifs pour le soutien à la RFP. En recourant aux études de cas et aux cours pratiques, l’atelier a servi à souligner non seulement les bénéfices potentiels mais aussi les défis qui pourraient apparaître lors de la mise en œuvre des plans de PES sur le terrain.

La participation à l’atelier a été satisfaisante ; plus de 40 personnalités et représentants venant du Pakistan, du Myanmar et de la Chine ont répondu présent. Les formateurs étaient issus des institutions suivantes : le Centre de recherche en sciences environnementales, l’Université agricole de Chine, le Centre de recherche économique de l’Administration nationale des forêts et des prairies, l’Université McGill, le PNUE, l’UICN et la FAO.

La méthode de formation était axée sur la logique de l’élaboration des plans de PES, ce qui a permis aux participants de suivre les étapes de mise en place des PES, d’effectuer des exercices et de lancer des discussions. L’atelier a commencé par une introduction aux services écosystémiques, aux méthodes d’évaluation et à leurs liens avec la Méthodologie d’évaluation des opportunités de restauration (MEOR). Les participants ont échangé à propos des ressources financières requises et disponibles dans le contexte de leurs sites de projet respectifs et des opportunités de PES. Ils ont également conçu une marche à suivre en matière d’élaboration des plans de PES et de création des conditions propices à la mise en œuvre de la RFP grâce au soutien et aux incitations nécessaires.

Le premier jour, les participants ont commencé par recenser les principaux services écosystémiques que leurs sites de projet offraient et les fournisseurs et bénéficiaires potentiels de ces services.

Le deuxième jour, il a été demandé aux participants de recenser les conditions favorables dont l’élaboration et la mise en œuvre des PES et des autres mécanismes incitatifs sur le site de projet auraient besoin.

Le troisième jour a eu lieu une visite de terrain à Chengde, dans la province du Hebei, qui a permis aux participants de découvrir trois sites étant à différents degrés d’avancement du processus RFP ; sur le premier site, la restauration n’en est encore qu’à la phase de démarrage, alors que, sur le dernier, elle est déjà à un stade avancé, après avoir commencé plusieurs années auparavant, à tel point que les évolutions y sont visibles. Les sites visités ont permis d’exposer l’initiative nationale pour la distribution des ressources basée sur des schémas semblables aux PES.

• Le premier site illustre le contrôle de la désertification.
• Le deuxième site est traité dans le cadre du projet Integrated Governance of Mountains, Water, Forests, Farmland and Lakes, qui a pour but de promouvoir une gouvernance inclusive de l’environnement naturel dans le pays qui renforce les capacités de traitement de l’environnement et accélère la mise sur pied d’une zone de conservation écologique s’étendant sur la province du Hebei et sur les municipalités de Beijing et Tianjin.
• La troisième visite s’est effectuée au Bureau de gestion de la forêt de l’enclos de Mulan de la province du Hebei, qui s’est chargé de présenter le concept de cultures forestières respectueuses de l’environnement et des technologies avancées pour les cultures forestières issus de pays européens développés. Par le biais d’exploration et de pratique continues, cette institution a développé un nouveau système scientifique de foresterie, orientée vers une foresterie quasi-naturelle et l’aménagement des bassins fluviaux et dont la gestion des arbres de cultures, la gestion et la transformation homogènes sont les principaux points techniques à suivre.

Le quatrième jour, des plans de financement pour la RFP ont été discutés et élaborés, chacun des pays a résumé les étapes clés requises pour la mise sur pied des plans de PES sur ses sites respectifs et les autres besoins financiers requis pour le soutien à la mise en œuvre de la RFP.

Cet atelier est considéré comme un succès. Il a permis aux participants d’appliquer chaque concept ou méthodologie présentée dans le contexte de leur propre projet et de saisir les conditions nécessaires à l’introduction des plans de PES sur leur site. Chacune des équipes est repartie avec un schéma clair pour l’élaboration des plans de PES sur son site de projet TRI.

Dans les prochains mois, chaque équipe bénéficiera du soutien du projet global TRI, par le biais de sa composante FAO, pour mettre en œuvre le plan de financement échafaudé durant l’atelier.

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Mathilde Iweins (FAO) et Liu Jing (TRI)