Mécanisme pour la restauration des forêts et des paysages

Rendre l’imagerie satellitaire pour l’évaluation de l’utilisation des terres plus accessible, dans la perspective de la restauration des forêts et des paysages

Year published: 29/01/2020

Dans l’histoire de l’humanité, jamais la pression exercée sur les terres et les ressources naturelles n’avait été aussi forte. Au Kenya, la croissance démographique et l’augmentation des niveaux de consommation, ajoutées au manque d’alternatives en matière de subsistance font peser un poids toujours croissant sur notre capital naturel, conduisant à la dégradation, à la désertification, à la déforestation, à la perte de biodiversité et au changement climatique.

Les ressources financières et les capacités techniques nécessaires pour contrecarrer les causes de l’épuisement des ressources naturelles font défaut dans de nombreux pays. Ces derniers s’appuient encore sur des méthodes manuelles, dont l’utilisation est chronophage et les résultats approximatifs, pour effectuer le suivi de ces processus. Dans le cadre du programme de l’Initiative pour la restauration (TRI), la FAO et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) joignent leurs forces pour combler cette lacune en apportant un soutien technique et financier qui permette un suivi efficient et opportun des changements d’utilisation des terres par le biais de l’imagerie satellitaire.
Les technologies numériques et l’imagerie satellitaire peuvent révolutionner la façon de procéder des pays en matière d’évaluation, de suivi et de planification de l’utilisation de leurs ressources naturelles, y compris s’agissant de la déforestation ou de la désertification. La technologie permet de couvrir une plus grande surface, d’accélérer le processus vis-à-vis des méthodes de terrain et de faciliter le suivi du recensement des terres et de leur utilisation.

L’initiative contribue aux Objectifs de développement durable suivants:

En utilisant l’outil FAO Collect Earth, la FAO et le PNUE sont en mesure d’évaluer la couverture forestière par le biais d’un exercice de mapathon (un atelier de cartographie coordonnée se tenant à l’intérieur de locaux disposant d’une connexion internet suffisamment performante pour permettre un accès en parallèle, assisté par l’imagerie satellitaire) ayant pour objet deux sites/paysages de projet: la forêt de Mukogodo, dans les comtés de Laikipia et Isiolo et le mont Kulal, dans le comté de Marsabit, au Kenya.


Collect Earth est un logiciel libre et ouvert de suivi des terres qui permet d’extraire des données des images de Google Earth, conjointement aux informations fournies par Bing Maps et Google Earth Engine. Le logiciel offre aux utilisateurs la possibilité d’analyser l’imagerie satellitaire de haute et très haute résolution dans des buts très divers, parmi lesquels:

  • Le soutien aux inventaires forestiers nationaux en plusieurs phases;
  • Les évaluations de l’utilisation des terres, du changement d’affectation des terres et de la foresterie (UTCATF);
  • Le suivi des terres agricoles et des zones urbaines;
  • La validation des cartes existantes;
  • La collecte de données spatialement explicites d’ordre socio-économique;
  • La quantification de la déforestation, du reboisement et de la désertification.

Cette collaboration de la FAO et du PNUE dans le cadre de l’utilisation de Collect Earth a rendu les évaluations en matière d’utilisation des terres et de changement d’utilisation des terres plus accessibles aux institutions locales gouvernementales et non gouvernementales, comme l’Institut kényan de recherche en foresterie et Nature Kenya, les deux institutions responsables du projet de TRI au Kenya. Les autres institutions dont la capacité d’évaluation du suivi des terres a été renforcée sont : le Service forestier du Kenya, le Forum pour la nature de Laikipia, la Fiducie des terres pastorales du nord (NRT), les musées nationaux du Kenya, le Centre pour la formation et la recherche intégrée en développement des terres arides et semi-arides, les autorités des comtés et les populations locales.

Au total, ce sont 23 membres du personnel issu de ces institutions qui ont été formés. Ce faisant, ils ont recensé plus de 10 000 parcelles sur les différents sites de projets, qui serviront de points de référence pour le suivi de l’utilisation des terres et des changements d’utilisation des terres dans les zones concernées.

Les organisations ont encore renforcé les capacités des personnels nationaux par le biais de l’atelier TRI Global qui s’est tenu à Rome en octobre 2019 : les domaines clés de capacité abordés ont été les suivants:

  • Cadre de suivi de TRI, Baromètre du Défi de Bonn;
  • Initiative Open Foris et ses outils;
  • Collect Earth et Sepal;
  • EX-ACT (Outil pour l’élaboration d’un bilan carbone préliminaire);
  • Mobilisation des fonds pour la RFP;
  • Méthodologie pour l’évaluation des opportunités de restauration (MEOR).

Les équipe de projets issus de TRI collaborent afin de s’assurer que les pays concernés respectent la législation existante en matière de restauration des forêts et des paysages (RFP). Dans cette optique, ils aborderont toute lacune dans les politiques afin de garantir que la RFP fasse partie intégrante du cadre juridique et politique, ceci afin d’assurer la durabilité des activités du projet, étant donné que le cadre s’appliquera sur le long terme.

Les deux projets impliquent les parties prenantes locales compétentes pour assurer l’approbation des populations locales à leur égard. Ainsi, la RFP continuera d’être mise en œuvre sur le long terme avec la participation des populations à l’évaluation de la dégradation des terres sur les sites ciblés, via la cartographie participative. Le chef d’équipe Paul Gacheru, de Nature Kenya, conclut que le processus de mapathon a été très utile à Nature Kenya, en ajoutant qu’il a ouvert la porte des logiciels libres de SIG, pouvant servir à évaluer les changements attribuables à la restauration dans les paysages cibles. Il termine en déclarant que ces outils sont faciles d’utilisation et s’appuient sur la participation des parties prenantes dans le processus d’évaluation, que cela légitimise les résultats obtenus et que lui et son institution prévoient de mettre les compétences acquises à contribution dans le cadre de leur programme TRI sur le delta de la Tana.

Pour plus d'informations, contactez: [email protected]

Patrick Mugi (FAO) et Paul Gacheru (Nature Kenya)