Mécanisme pour la restauration des forêts et des paysages

L’agroforesterie: une solution viable pour réduire la pression sur les forêts naturelles de Chilgoza au Pakistan

Year published: 02/06/2020

Les forêts de Chilgoza se trouvent principalement dans les zones tempérées et sèches du Pakistan et couvrent environ 132 647 ha. En l’absence de sources d’énergie alternatives, les habitants de ces régions se tournent vers le bois énergie, provoquant la coupe des arbres, pour faire face aux conditions climatiques extrêmes de l’hiver. Cette pratique, associée au surpâturage, contribue à la déforestation et à la dégradation des forêts. En effet, pour le bois énergie, les femmes et les enfants pratiquent l’écorçage des arbres, ce qui provoque leur dessèchement, et la coupe des arbustes ce qui réduit la densité des forêts. Une étude datant de 2005 conduite par l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ) confirme que la densité de 78 pour cent des forêts du Khyber Pakhtunkhwa ont été considérablement diminuée par la coupe de bois et le surpâturage. Selon la Direction de la recherche et du développement du Département des forêts du Khyber Pakhtunkhwa, la valeur de l’ensemble du bois énergie consommé chaque année par les habitants de la province s’élève à 75 milliards de roupies pakistanaises (environ 470 millions de dollars (USD)). La plus grande partie de ce bois est issue des forêts de montagne. 

Environ 84 pour cent des dégâts causés dans les forêts sont dus à la coupe des arbres pour la production de bois énergie ou au pâturage extensif. On estime qu’il faudrait que la masse boisée augmente de 57 m³ par année pour être en mesure de préserver les forêts.

Le gouvernement a adopté une double stratégie: (i) l’interdiction du pâturage et de l’abattage des arbres pour permettre la régénération naturelle et (ii) la plantation d’arbres afin de redensifier la forêt dans un délai de quelques années. Ainsi par exemple, 160 millions de semis ont été fournis pour l’agroforesterie et les exploitations forestières. En adoptant cette stratégie, le programme national de restauration « 1 Billion Tree Afforestation Programme » a permis la restoration de 293 000 ha de terres auparavant dégradées.

Au sein de l’écosystème des Chilgoza, le projet Initiative pour la restauration (TRI) financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) poursuit les efforts du 1 Billion Tree Afforestation Program. Le projet soutiendra aussi les populations en plantant des espèces d’arbres multiusages à croissance rapide non loin des forêts, ainsi que sur les terrasses et les zones non cultivées des terres agricoles. 

Ces arbres fourniront les populations en fourrage et en bois énergie d’ici 4 à 5 ans et en bois de charpente d’ici 10 à 15 ans. Ils seront aussi source de revenus supplémentaires, tout en faisant baisser la pression sur les pins de Chilgoza et les autres espèces de conifères.

Afin de mettre en œuvre cette activité, le projet TRI au Pakistan a d’abord examiné les demandes des communautés locales de planter plusieurs arbres forestiers et fruitiers. A la suite de ces demandes, en 2020, 150 000 arbres forestiers et 12 000 arbres fruitiers ont été distribués aux bénéficiaires sélectionnés. Les formations professionnelles nécessaires à la plantation et aux soins des plantes ont aussi été dispensées. En outre, 200 000 semis ont été fournis gratuitement par le département des forêts dans le cadre du cofinancement. Dans le district de Dimar, 40 ha de plantations en carrés ont été établies. Cette activité s’étant avérée utile et efficace, le projet fournira de nouveaux semis l’année prochaine. Afin d’augmenter le nombre de semis disponibles au niveau local et de promouvoir les activités de développement économique, le projet prévoit de soutenir le développement de pépinières privées par le biais des Comités de protection et de conservation des forêts (CPCF). 

Enfin, en zone rurale, la récolte de bois énergie et de fourrage est placée sous la responsabilité des femmes, qui doivent souvent parcourir une distance de 4 à 5 km pour atteindre les forêts; une activité longue et éprouvante. L’introduction de l’agroforesterie et des exploitations forestières rapprochera le bois énergie et le fourrage des foyers et allègeront le labeur des femmes. Par conséquent, ces dernières sont très reconnaissantes de l’approvisionnement en semis pour les activités agroforestières, et leurs conseils sont particulièrement pris en compte par le projet lors de la sélection des espèces d’arbres forestiers et fruitiers. Par ailleurs, ce sont les femmes qui s’occuperont des arbres afin qu’ils bénéficient d’un meilleur taux de survie.

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Faizul Bari (FAO)