Mécanisme pour la restauration des forêts et des paysages

Gestion des pâturages et des parcours à Tannourine, au nord du Liban

Year published: 10/11/2020

Une économie en difficulté, des troubles politiques et une flambée des cas de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) touchent les Libanais.

Malgré ces difficultés, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) au Liban et les équipes du ministère de l'Agriculture (MoA) poursuivent leur mission afin d’établir un plan de gestion des parcours pour la communauté de Tannourine, une communauté rurale typique du Nord Liban.

Cette ville idyllique du nord est célèbre pour sa réserve naturelle, avec certains des plus beaux peuplements de cèdres du Liban. Bien que la région de haute montagne de la communauté, connue sous le nom de jurd, ne soit pas aussi réputée, elle est tout aussi impressionnante. La zone du jurd est au-dessus de la limite des arbres, il n'y a pas de cèdres pour protéger ceux qui cherchent un abri du soleil brûlant. Néanmoins, le manque d’arbres est compensé par des formations géologiques impressionnantes, des paysages dégagés et une quantité grandissante d'arbustes, de plantes herbacées et de plantes annuelles, et une poignée de genévriers.

Les hivers froids et rigoureux des hautes montagnes de Tannourine ont stoppé le développement de toute forme d'agriculture sophistiquée. La région est utilisée depuis des temps immémoriaux pour le pâturage.

La gestion des pâturages reste une nouveauté au Liban. Cela est appelé à changer car les efforts déployés par les principales parties prenantes ouvrent la voie à un système national efficace de gestion des pâturages.

Le bureau régional FAO au Liban, à travers le projet du Mécanisme pour la restauration des forêts et du paysage, est l'un des pionniers dans la présentation de modèles efficaces de gestion des parcours, à commencer par la communauté de Tannourine.

Le processus de gestion des parcours nécessite une solide compréhension de la dynamique des écosystèmes et de la composition des communautés végétales. En conséquence, la FAO, le MoA et la municipalité de Tannourine ont collaboré pour évaluer les parcours de la zone de haute montagne.

À partir de la fin du mois de mai 2020, une fois la fonte des neiges permettant l'accès à la zone, le personnel de la FAO et du ministère de l'Agriculture, guidé par la municipalité, a commencé son difficile travail de terrain. Retardé par les mesures sanitaires mises en place dans le pays en raison de la COVID-19, le travail s'est néanmoins poursuivi et d'autres visites sur le terrain ont été effectuées jusqu'à la fin juillet. Les visites de terrain visaient à évaluer autant de parcelles d'échantillonnage que possible sur le vaste terrain de la haute montagne afin d’étudier la variabilité du site en termes de composition des espèces et de capacité de production. À la fin de la phase de travail de terrain, 14 parcelles d'échantillonnage ont été étudiées. 

Lors de chaque visite du site, des données clés ont été collectées, notamment:

  • Description de chaque parcelle d'échantillonnage et estimation visuelle de sa santé / dégradation globale.
  • Évaluation détaillée de la plante à l'aide de la méthode d'interception ponctuelle après un transect de 25 m. Dans chaque parcelle d'échantillonnage, 100 lectures de spécimens de plantes ont été effectuées dans le but de regrouper chaque espèce en cinq groupes fonctionnels clés: graminées vivaces, graminées annuelles, légumineuses vivaces, plantes herbacées et espèces non appétentes. Cette distinction est nécessaire car elle permet de déterminer la productivité du site.
  • Collecte de matière végétale dans chaque parcelle d'échantillonnage à partir de quadrats de 0,5 m × 0,5 m pour le séchage et la pesée. La matière végétale coupée a été placée dans un sac en papier puis séchée à 60 °C pendant deux jours.

Les données collectées sont analysées pour déterminer la capacité de charge du site, une mesure qui reflète sa capacité à accueillir un nombre spécifique d’animaux au pâturage au-delà duquel une dégradation ou une perte significative de la biodiversité peut se produire.

De plus, la FAO et le ministère de l'Agriculture collaborent avec la municipalité de Tannourine pour rassembler les données sociales et économiques pertinentes afin d'avoir toutes les cartes en main pour permettre l'élaboration d'un solide plan de gestion des parcours.

Elias Chnais (FAO)