Mécanisme pour la restauration des forêts et des paysages

Programmes de restauration mondiaux au cours de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes

Year published: 20/06/2022

Dans un monde où nous avons la possibilité de restaurer plus de deux milliards d'hectares de paysages déboisés et dégradés, 15 hectares d'arbres sont abattus chaque minute. Cette dichotomie a été évaluée dans le cadre de la séance «Programmes de restauration mondiaux lors de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes» qui a eu lieu le 3 mai 2022 à Séoul, en République de Corée.  

Tiina Vähänen, directrice adjointe de la Division des forêts de la FAO, a ouvert la séance sur la présentation de la stratégie de la Décennie des Nations Unies en exposant notamment les différents obstacles à la réalisation de ses objectifs.  

La séance, animée conjointement par Adriana Vidal, experte principale des politiques forestières à l'Union internationale pour la conservation de la nature, et Christophe Besacier, chef d'équipe du Mécanisme pour la restauration des forêts et des paysages, était composée de deux groupes de représentants de pays et d'éminents experts qui ont montré comment les initiatives de restauration avaient permis de surmonter ces obstacles pour créer des solutions avantageuses qui nourrissent le monde et mettent fin à la dégradation des forêts.  

Le fait que les pouvoirs publics et la population manquent d’informations sur les stratégies de RFP constitue l'un des principaux obstacles à surmonter. En effet, Deborah Sue, Directrice exécutive du Ministère de l'environnement des Fidji, a déclaré que les Fidji avaient réussi à mettre en œuvre la RFP malgré un manque d’intérêt et d'engagement du public pour les forêts naturelles. L'engagement des communautés environnantes est crucial. Par exemple, Eun Sik Park, Directeur général du Bureau des affaires internationales en République de Corée, a évoqué la création de groupes de restauration au sein de la population locale pour planter des arbres et préserver les forêts. Comme l'a déclaré Yugratna Srivastava, coordinatrice du groupe de travail sur la jeunesse dans le cadre de la Décennie des Nations Unies, l'engagement des jeunes est également fondamental: il est insensé de parler de ce qui se passera dans 30 ans si les personnes les plus touchées ne sont pas présentes à la table.   

Pour garantir la protection des activités de RFP, les efforts collectifs doivent être accompagnés d'une volonté politique. À l’heure où le gouvernement de la République démocratique du Congo a repris le contrôle de 3,34 millions d'hectares de terres qui avaient été illégalement déboisées par le passé, Son Excellence Eve Bazaiba Masudi, Vice-Premier Ministre chargée de l'environnement et du développement durable, a présenté la collaboration entre la République démocratique du Congo et la Commission des forêts d’Afrique centrale visant à renforcer la volonté politique dans les efforts de restauration. 

Jair Urriola Quiroz, Secrétaire exécutif de la Commission centraméricaine de l'environnement et du développement (CCAD), a donné un autre exemple du travail réalisé par les gouvernements nationaux en collaboration avec les organisations internationales en évoquant une déclaration faite à l'Assemblée générale des Nations Unies en 2018. Cette dernière avait incité la CCAD à mettre davantage l'accent sur les forêts pour éradiquer la pauvreté et prévenir l'extinction massive des espèces.  

Afin que les projets de RFP puissent être soutenus économiquement, il est nécessaire de reconnaître les avantages de la RFP et de définir des objectifs à long terme qui intègrent la restauration des écosystèmes. Son Excellence Arlette Soudan-Nonault, Ministre de l'environnement, du développement durable et du Bassin du Congo, a exposé la collaboration avec l'Union africaine pour la création du Fonds bleu pour protéger la restauration du Bassin du Congo. 

Alfred Gichu, responsable de la conservation des forêts au Ministère de l'environnement et des forêts du Kenya, et Garo Batmanian, coordinateur du groupe de travail sur le financement de la Décennie des Nations Unies, ont également illustré l'importance de la participation du secteur privé au financement et à la promotion des initiatives de RFP.  

La participation du secteur privé n'est pas un objectif intangible. Comme l'a expliqué Stéphane Hallaire, Reforest'Action s'efforce d'utiliser les opportunités de la finance carbone pour créer une génération d'«éco-entrepreneurs» qui restaureront les terres tout en créant des chaînes de valeur durables. 

D’après Luc Gnacadja, qui dirige le groupe de travail scientifique de la Décennie des Nations Unies, la restauration des écosystèmes est une mission sociale et écologique. Chadi Mohanna, Directeur du développement rural et des ressources naturelles au sein du Ministère de l'agriculture, a déclaré que ces sentiments ont également été exprimés au Liban, où la restauration et les besoins sociaux sont interdépendants, afin de mettre en évidence les avantages qui peuvent être obtenus grâce à la RFP. 

La Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes s'efforce de créer un monde où les intérêts des hommes et de la nature ne font qu'un et où il est reconnu que les initiatives de restauration contribuent à la préservation des terres et des écosystèmes qui occupent une place centrale dans la vie humaine.   

Pour regarder l’enregistrement de la séance, cliquez ici

Christophe Besacier (FAO), Camila Mosier-Giovine (FAO)