Mécanisme pour la restauration des forêts et des paysages

Quel rôle la restauration des forêts et des paysages peut-elle jouer dans la lutte contre le changement climatique?

Year published: 23/06/2022

Dans la mesure où un lien évident existe entre la restauration des forêts et des paysages (RFP), l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets, il est possible de créer des synergies entre elles. Ces possibilités ont été illustrées au à l’occasion de la session intitulée «Quel rôle la restauration des forêts et des paysages peut-elle jouer dans la lutte contre le changement climatique?» lors du XVe Congrès forestier mondial qui s’est tenu du 2 au 6 mai 2022 à Séoul, en République de Corée.

À l’échelle mondiale, la dégradation des terres entraîne de graves conséquences écologiques et sociales qui touchent environ 3,2 milliards de personnes et 2 milliards d’hectares de terres. Elle accélère le changement climatique, accroît la perte de biodiversité, accentue la pauvreté, les migrations et les conflits et altère les flux de gaz à effet de serre entre l’atmosphère et les écosystèmes. Par conséquent, la dégradation a des répercussions sur les conditions de vie et la sécurité alimentaire. Ces défis sont souvent la principale motivation des interventions de RFP. Les pratiques de restauration présentent d’autres avantages tels que le ralentissement du changement climatique et l’atténuation de ses effets par la séquestration du carbone et/ou la prévention des émissions de gaz à effet de serre, l’amélioration de la résilience écologique des paysages et la réduction des risques de catastrophe. 

De nombreux nouveaux projets sont en cours de préparation grâce à la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, notamment l’Engagement des dirigeants pour la nature, la Coalition de la Haute Ambition pour la Nature et les Peuples et de nombreux autres engagements connexes. La Décennie, qui a débuté en juin 2021, est une occasion très importante de promouvoir la restauration et de mieux l’intégrer aux objectifs climatiques, mais aussi de contribuer aux activités de relance verte et à l’objectif plus large de «Reconstruire en mieux» le monde au sortir de la pandémie de COVID-19. Les intervenants de la session ont présenté divers projets en cours qui servent de toile de fond et d’exemples de liens tangibles entre la RFP et l’atténuation des effets du changement climatique. Ces projets sont une source d’inspiration pour les débats sur les avantages des approches multidimensionnelles des initiatives de restauration. 

Gabriel Labbate, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a prononcé un discours dans lequel il a souligné le besoin urgent d’atteindre les objectifs à l’horizon 2030 et 2050 en matière de changement climatique. Il a également expliqué comment la RFP pouvait aider les pays et les projets à atteindre ces objectifs. Ont ensuite été présentés les principaux résultats des projets, outils et méthodologies de la RFP développés par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Initiative internationale pour le climat en collaboration avec le Ministère fédéral allemand de l’environnement, de la conservation de la nature, de la construction et de la sûreté nucléaire (IKI-BMU) et leurs partenaires, ainsi que leur rôle dans les programmes d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets. Christophe Besacier a donné un aperçu des informations et des recommandations essentielles contenues dans le prochain document d’orientation de la FAO sur les liens entre la RFP et le changement climatique. Les partenaires des projets ont ensuite partagé les enseignements tirés des principales opportunités de financement climatique pour soutenir la RFP. Godfrey Bome a notamment présenté la restauration dans le cadre du Fonds d’adaptation au Vanuatu, Damas Poda a exposé les projets du Fonds d’adaptation destinés à soutenir la restauration au Burkina Faso et Deborah Sue a offert un aperçu des activités de restauration financées par le Fonds vert pour le climat (GCF) aux Fidji.

Les objectifs de la politique climatique nationale en matière de restauration ont ensuite été illustrés par Alhame Sghir, qui a présenté le projet IKI au Maroc visant à réviser et à intégrer la RFP dans les contributions déterminées au niveau national. En matière de résilience écologique, les outils permettant de mesurer l’impact de la RFP sur le stockage du carbone sont également importants pour identifier le potentiel réel de la restauration pour réduire les risques et accroître la résilience environnementale, sociale et économique face au changement climatique. Benjamin De Ridder a présenté les principaux outils utilisés dans des projets en Guinée et au Kenya, notamment Ex-ACT. Benjamin Singer du Fonds vert pour le climat (GCF) a également souligné l’importance de la RFP dans le cadre de leurs projets. Au vu de ces exemples et des discussions menées, il est clair que la RFP permettrait de transformer les politiques et les investissements relatifs à l’atténuation du changement climatique et aux résultats de l’adaptation. Compte tenu du caractère urgent de la réalisation des objectifs en matière de changement climatique, le renforcement des synergies entre la mise en œuvre de la RFP et les initiatives de lutte contre le changement climatique devrait permettre d’accroître les cobénéfices de la restauration et de la résilience.

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Lucy Garrett (FAO)