Étant donné les nombreuses menaces qui pèsent sur l'approvisionnement en eau de la Terre, le rôle joué par les forêts est de plus en plus important.

Le rôle que les écosystèmes forestiers jouent pour préserver la qualité de l'eau est largement sous-estimé. En vue d’assurer l'accès à une eau saine, les stratégies pour optimiser la purification, régulariser les débits des eaux de surface et lutter contre l'érosion doivent avoir une part de plus en plus importante dans la gestion et la planification des forêts.

Cependant, les organismes chargés de l'administration forestière - les propriétaires privés, les entreprises et les gouvernements - n'ont souvent pas suffisamment de ressources pour gérer ces tâches.

Si tous les services écosystémiques étaient gérés par des structures gouvernementales disposant de fonds suffisants, le maintien des services écosystémiques pourrait être plus simple puisque l'entretien de ces ressources naturelles serait très probablement assumé par les budgets opérationnels nationaux, avec quelques fonds générés par des redevances ou des impôts. 

L’étude conjointe CEE-ONU et FAO «Les forêts et l'eau: Évaluation et paiement des services écosystémiques forestiers» explique comment les mécanismes de paiement pour services écosystémiques rendus peuvent être appliqués aux forêts pour le bénéfice des hommes et de l'environnement.

En outre, l'étude contient la base de données la plus exhaustive d'études de cas actuellement disponible sur les mécanismes de paiement pour services écosystémiques liés à l'eau dans la région CEE-ONU. Dans l'ensemble, 229 mécanismes ont été identifiés dans 23 pays membres de la CEE-ONU, la plupart de ces mécanismes se trouvant en Union européenne et en Amérique du Nord.

Les paiements pour services écosystémiques peuvent aider à supporter les coûts et les efforts déployés pour préserver des services qui sont importants pour l'humanité mais qui ne sont généralement pas pris en compte dans les transactions commerciales conventionnelles. Cette publication s'appuie sur les analyses de nombreux experts et des études de cas d'expériences nationales, locales et du secteur privé afin d'illustrer les différentes possibilités existantes d’utiliser une administration appropriée et un soutien fort au profit des ressources forestières et en eau.

En Europe de l'Est, dans le Caucase, en Asie centrale et dans les Balkans occidentaux, les structures d'administration et les cadres législatifs ne sont souvent pas favorables aux mécanismes qui fournissent des paiements pour services écosystémiques. Cependant, le bassin versant de Chon-Aksuu dans la région Issyk-Kul du Kirghizstan est un cas non conventionnel démontrant ce système. Ici, les paiements ont apporté des solutions au problème des pâturages surexploités et des forêts dégradées,  peuvant entraîner l'érosion et l'augmentation des niveaux de sédiments suspendus dans les cours d'eau et se traduisant, finalement, par une baisse de la qualité de l'eau. Les avantages incluent le reboisement de 14 hectares comprenant 37 000 plants d'épicéa et de bouleau dans les zones de montagne, et de peuplier et de saule dans la vallée - d'une valeur d'environ 9 600 USD.

Les Objectifs de développement durable liés à l'eau (ODD 6) et à la terre (ODD 15) reconnaissent explicitement la connexion entre les forêts et l'eau. Non seulement les paiements pour les services écosystémiques sont mis en évidence dans toutes les publications pertinentes des Nations Unies depuis l'Évaluation des écosystèmes pour le Millénaire de 2005, mais ils sont également mentionnés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La gestion durable des forêts et des réserves d'eau est cruciale pour le succès à long terme de tous les ODD, indique Ekrem Yazici, Directeur adjoint de la section des forêts et du bois de la CEE/FAO. Les mécanismes pour le paiement des services écosystémiques est un outil important pour reconnaître les services procurés par les forêts.