Soutenir les investissements responsables dans l'agriculture et les systèmes alimentaires

Projet pour la promotion d’un environnement favorable à l’investissement responsable dans l’agriculture au Libéria

11/11/2019

Les acteurs clés dans les secteurs de l’agriculture et de la sécurité alimentaire au Libéria se sont réunis le 11 novembre à Monrovia afin de mettre en lumière une approche novatrice visant à accroître l’investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires, qui est essentiel pour la réalisation des deux premiers objectifs de développement durable (ODD), à savoir l’élimination de la faim et de la pauvreté d’ici 2030.

La manifestation de haut niveau, organisée par l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a été convoquée pour lancer le projet «Création d’un environnement favorable à l’investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires». Ce projet vise à appuyer l’application des Principes du CSA pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires dans les cadres institutionnels, les politiques, les lois et les incitations au Libéria. Le projet est financé par le Gouvernement de la République fédérale d'Allemagne.

Les principes du CSA pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires constituent le premier accord mondial définissant les conditions qui permettent de favoriser et de réaliser un investissement responsable, c’est-à-dire les investissements qui contribuent au développement durable et profitent à tous les acteurs concernés, y compris les communautés, les agriculteurs, les investisseurs et l’environnement au sens large.

Au cours de la manifestation, les décideurs y compris de hauts responsables du gouvernement (législatif et exécutif), les organisations de la société civile, les acteurs du secteur privé, les représentants de différentes universités et les média ont souligné les principaux défis auxquels le secteur de l’agriculture est confronté, et formulé des recommandations et des actions qui doivent permettre de renforcer les politiques et les réglementations pour créer un environnement favorable à l’investissement agricole responsable.  

Dans son allocution, Mariatou Njie, Représentante de la FAO au Libéria, a déclaré que la réalisation des ODD que sont l’élimination de la faim et de la pauvreté passait par une augmentation substantielle des investissements agricoles. «Comme l’a souligné le Coordonnateur résident des Nations Unies, l’élimination de la pauvreté et de la faim au Libéria d’ici 2030 nécessite des investissements annuels supplémentaires de 2,5 milliards d’USD, dont plus de 50 pour cent devraient cibler les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire dans les zones rurales».

Elle a affirmé qu’en faisant fond sur les programmes de renforcement des capacités en matière d’investissement foncier qui ont été menés avec succès au Libéria, le projet permettra de renforcer encore les capacités des décideurs. «Ce projet comportera d’autres aspects importants de l’investissement responsable dans l’agriculture, comme par exemple l'entrepreneuriat et l'emploi des jeunes, le travail décent, la sécurité alimentaire, les questions de parité hommes-femmes, et l’environnement.»

En outre, la représentante de la FAO a indiqué que l’environnement favorable – qui prend en compte les cadres institutionnels, juridiques, politiques et incitatifs – est l’un des principaux déterminants des volumes et des résultats de l’investissement agricole. «Sur cette base, la FAO, avec le soutien de l’Allemagne, qui a toujours manifesté son engagement en faveur de l’application des produits du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, appuie la création d’un tel environnement porteur dans trois pays: Libéria, Sierra Leone et République démocratique populaire lao.»

Faire face aux défis de l’insécurité alimentaire

Selon le Chef de mission adjoint de l’Ambassade de la République fédérale d'Allemagne, M. Gunter Plambeck, « malgré les progrès techniques considérables dont nous avons été les témoins au cours des dernières décennies, les problèmes auxquels doivent faire face les hommes et, bien sûr, les femmes, ne diminuent pas mais au contraire augmentent, ce qui fait que nous nous trouvons confrontés à de nouveaux défis ainsi qu’à la résurgence de vieux ou même anciens défis».

Il a ajouté que deux de ces défis étaient la croissance démographique et le changement climatique, et que tous deux allaient probablement menacer la sécurité alimentaire sur la planète à moyen et long terme. «Une population en expansion exigera plus de denrées alimentaires, tandis que le changement du climat aura tendance à avoir un effet négatif sur la production alimentaire en provoquant des sécheresses dans certaines zones et des inondations dans d’autres», a-t-il déclaré.

M. Plambeck a ajouté que le Libéria avait été sélectionné en raison de son vaste mais largement inexploité potentiel agricole. Avec de bonnes terres et des pluies abondantes dans une grande partie du pays, le Libéria pourrait non seulement nourrir facilement sa propre population, mais aussi devenir le grenier de presque toute l’Afrique de l’Ouest.

Pa Lamin Beyai, Représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement au Libéria, s’exprimant au nom du Coordonnateur résident des Nations Unies au Libéria, a noté que la transformation des systèmes alimentaires était essentielle pour relever les défis auxquels est confronté le monde aujourd’hui. Il a souligné que l’agriculture avait le potentiel de répondre à la pression démographique, d’accélérer la croissance économique, de réduire les inégalités sociales et de lutter contre le changement climatique.

De plus, a-t-il indiqué, pour relever ces défis il faudra un investissement considérable et responsable, qui aura un impact social, économique et environnemental positif.

Selon M. Beyai, «accroître l’investissement responsable dans l'agriculture et les systèmes alimentaires est indispensable pour atteindre les objectifs de développement durable pour 2030, en particulier l’ODD 1, éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde, et l’ODD 2, éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable».

Le Gouvernement s’engage à réaliser les ODD 1 et 2

M. Robert K. Fagans, Vice-Ministre de l’agriculture pour la planification et le développement, a déclaré que le gouvernement s’était engagé à adhérer aux instruments internationaux qui permettront d’améliorer le secteur de l’agriculture au Libéria.

Il a noté que s'attaquer aux quatre dimensions de la sécurité alimentaire et de la nutrition – disponibilité, accès, stabilité et utilisation – impliquait d'accroître fortement l'investissement responsable dans l'agriculture et les systèmes alimentaires.

Il a aussi appelé les acteurs étatiques à accorder un soutien plus direct aux petits producteurs, qui selon lui, étaient des contributeurs majeurs à la production alimentaire dans le pays.

Le ministre Fagans a indiqué que le Gouvernement libérien reconnaissait le rôle important que jouait la FAO pour appuyer ses priorités de développement à travers le développement de l’agriculture.

Mme Tanneh G. Brunson, Vice-Ministre pour le budget et la planification du développement, Ministère des finances et de la planification du développement, a également pris la parole et fait observer que l’agriculture et les systèmes alimentaires comprenaient un éventail d’activités liées à la production, à la commercialisation, à la consommation et à l'élimination de produits issus de l’agriculture, de l'élevage, de la pêche, notamment l'aquaculture, et de la foresterie, ainsi que les intrants nécessaires et les produits générés à chacun de ces stades.

«Le secteur agricole représente un pourcentage relativement faible de l’investissement total dans le pays, mais il est urgent de renforcer l’investissement dans l'agriculture pour réaliser les ODD, en particulier l’ODD 1 et l’ODD 2», a-t-elle ajouté.

Madame Brunson a fait savoir que le Gouvernement libérien avait élaboré plusieurs politiques concernant l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition, mais que ces politiques et ces programmes s’étaient avérés non durables en raison de la faiblesse des capacités. «La sécurité alimentaire est concrétisée lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique, économique et social à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active», a-t-elle déclaré.

Prochaines étapes du projet

Comme l’a indiqué la FAO, les prochaines étapes du projet consisteront notamment à mener une étude de référence pour faire le point de la situation au Libéria en ce qui concerne l’investissement responsable dans l’agriculture; renforcer les capacités des décideurs sur les exigences d’un investissement responsable dans l’agriculture; favoriser le dialogue parmi les acteurs de la société civile afin d’améliorer leurs capacités de plaidoyer; et promouvoir le dialogue multi-acteurs sur les défis et sur les possibilités de renforcer les politiques, les lois et les incitations.