Soutenir les investissements responsables dans l'agriculture et les systèmes alimentaires

Webinaire: Problèmes et solutions des agriculteurs familiaux pour s'adapter à la covid-19 dans les pays de l'ASEAN

07/09/2020

Le webinaire «Agriculteurs familiaux de l’ASEAN et covid-19: impacts, innovations, investissements» a été l'occasion de discuter de l'impact de la covid-19 sur le secteur agricole des pays de l'ASEAN, d’examiner les défis auxquels ont été confrontés les systèmes alimentaires et de recenser des mesures et des possibilités de renforcer l’agriculture et les systèmes alimentaires afin qu’ils soient plus résilients et plus durables durant la phase de rétablissement.

La pandémie de covid-19 a de graves répercussions sur la vie et les moyens de subsistance des agriculteurs familiaux en Asie du Sud-Est et devrait aboutir à une aggravation de la pauvreté et de la faim dans la région. «À cause de la pandémie, le volume de la production alimentaire a reculé de 3,11 pour cent ou 17,03 millions de tonnes du fait de la réduction de la main d'œuvre agricole, qui a concerné 100,77 millions de personnes» a informé le Dr Glenn Gregorio, Directeur du Centre régional d'études supérieures et de recherche en agriculture en Asie du Sud-Est (SEARCA).

En Asie du Sud-Est, comme dans d’autres régions du monde, les restrictions à la libre circulation imposées par les pays pour endiguer la covid-19 ont provoqué des perturbations des chaînes d'approvisionnement et soumis les agriculteurs familiaux à de fortes pressions pour assurer leur subsistance et maintenir en vie leur agro-entreprises.

«Nous ne pouvions plus accéder aux marchés et les négociants et les acheteurs n’avaient plus accès à nos exploitations agricoles. Les bureaux, les hôtels et les restaurants étaient fermés, ce qui a fortement réduit la demande de produits alimentaires. Nous avons été obligés de vendre à bas prix ou de donner nos produits à des familles dans le besoin», a expliqué Esther Penunia, Secrétaire général de l'Association des agriculteurs d’Asie pour le développement rural durable (AFA).

En effet, cette pandémie a mis à nu la fragilité des chaînes de valeur agricoles, qui a touché le plus durement les agriculteurs familiaux et les travailleurs agricoles vulnérables. Les participants sont convenus que rapprocher les consommateurs des producteurs en investissant dans des chaînes de valeur plus courtes faisait partie des mesures qui pourraient atténuer certains des problèmes liés à la réduction de la mobilité.

Tirer parti de l'innovation et des technologies numériques jouera également un rôle essentiel pour se relever des effets de la pandémie: «Étant donné que les agriculteurs ne sont pas en mesure de vendre leurs produits, ils ne disposent pas de l'argent nécessaire pour investir dans les prochaines récoltes. L'utilisation de coupons électroniques et d'autres solutions numériques pourrait être l'occasion de résoudre ce problème» a déclaré M. Reginald Lee, Directeur des partenariats au sein de Grow Asia.

Jumar Marcaida, un représentant des jeunes agriculteurs familiaux des Philippines a fait part de son expérience: «En raison du confinement, les coopératives ont fait preuve d'imagination et ont cherché de nouvelles façons d'ajouter de la valeur à leurs produits. Pour établir des liens entre les agriculteurs et les consommateurs, elles ont notamment mis en place des services en ligne de livraison à domicile et utilisé les médias sociaux pour commercialiser leurs produits.»

À un autre niveau, Michel Riggs, chef de l’équipe en charge de la promotion de l’investissement agricole responsable à la FAO, a rappelé qu'avant la pandémie, le secteur agricole en Asie du Sud-Est souffrait d’un fort déficit d’investissement. «Dans la région, 35 pour cent des travailleurs sont employés dans le secteur agricole, mais le secteur ne contribue qu’à hauteur d’environ 10 pour cent au PIB, et les crédits dans le secteur sont inférieurs à 3 pour cent.» En outre, il est probable que le niveau d'investissement diminuera davantage encore en raison de la pandémie.

La faiblesse des investissements aura une incidence particulière sur les jeunes, dont l'engagement dans l'agriculture a également été l’un des principaux thèmes de la discussion.

«La covid-19 a des répercussions particulièrement aiguës sur les jeunes. Les jeunes qui travaillent dans l'agriculture ont plus de chances de perdre leur emploi et de travailler de manière informelle sans protection sociale. En investissant dans l'agriculture, nous pouvons offrir aux jeunes la possibilité de rester dans les zones rurales et de créer des entreprises fructueuses qui leur permettront de gagner leur vie et de contribuer à rendre les zones rurales plus prospères», a déclaré Michael Riggs. De même, le jeune agriculteur Jumer Marcaida a exhorté à renforcer le rôle des jeunes agriculteurs, y compris en mettant en place des politiques spécifiques ciblées sur les jeunes. 

En vue d'appuyer les jeunes agriculteurs, Marlene Ramirez, Secrétaire général du Partenariat asiatique pour le développement des ressources humaines dans les zones rurales (AsiaDHRRA), a également souligné la nécessité de faire converger les actions de différents partenaires, en particulier au niveau national, dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour l'agriculture familiale 2019-2028.

Enfin, un élément clé à retenir est la nécessité non seulement d’investir davantage mais surtout de veiller à ce que les investissements soient responsables et créent des avantages durables pour les entreprises, qu'il s'agisse de grandes sociétés ou d’entreprises dirigées par de jeunes agriculteurs, ainsi que pour les communautés et l'environnement. Les Directives de l'ASEAN pour la promotion de l'investissement responsable dans l'alimentation, l'agriculture et la foresterie fournissent une définition de ce qui constitue un investissement «responsable» dans l'agriculture.

Le webinaire a été organisé par AsiaDHRRA, AFA, PAKISAMA et la FAO.

Revoir le webinaire à l’adresse suivante: https://youtu.be/27350KB68Ww