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Résilience au changement climatique : Visite d’échange des Points Focaux du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) du champs Ecole Paysan du village de Pandiénou, au Sénégal

Village de Pandiénou, région de Thiès, Sénégal, 26/04/2023

Introduction

Le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) a récemment organisé un « atelier régional de programmation et stratégie à l’intention des Pays les Moins Avancés (PMA)- Afrique francophone » à Dakar, au Sénégal, en collaboration avec le Gouvernement du Sénégal. Cet atelier avait pour objectif de renforcer les capacités de planification et de programmation des PMA francophones africains dans le cadre du nouveau programme GEF 8 sur le changement climatique. Environ 17 pays africains francophones, comprenant des représentants gouvernementaux, des organisations de la société civile et des partenaires de développement, ont participé à cet atelier pour discuter des mesures prioritaires à prendre pour relever les défis du changement climatique dans la région.

C’est en marge de cet atelier régional, qu’une forte délégation du FEM accompagnée des points focaux ont effectué une visite le 26 Avril 2023, dans le village de Pandiénou, dans la région de Thiès. Cette visite avait pour objectif de capitaliser l’expérience des Champs écoles Paysans (CEP) et de promouvoir les bonnes pratiques en matière d’adaptation au changement climatique.

Le village de Pandiénou est situé dans la commune de Pambal, département de Tivaouane, dans la région de Thiès. Comme dans de nombreux villages du Sénégal, Pandiénou est fortement impacté par le phénomène du changement climatique et de la désertification. On note une baisse de pluviométrie associée à une forte variabilité, et une augmentation des températures dans la zone.  Le secteur agricole est l’un des secteurs le plus affecté par ce phénomène, et ne suffit plus à assurer un revenu supérieur au seuil de survie alimentaire, et la proximité du territoire avec la ville de Thiès entraîne une forte pression foncière (FAO, 2021). Ces enjeux climatiques viennent aggraver une situation économique déjà difficile dans la zone.

Les femmes et les jeunes sont les plus fortement touchés par ce phénomène, en plus d’une concurrence accrue pour l'accès à la terre. En raison des inégalités de genre persistantes, les productrices sont confrontées à des difficultés pour accéder aux ressources productives, aux formations et aux postes à responsabilités dans les chaînes de valeur agro-alimentaires.

C’est dans ce contexte que l’Organisation de coopération québécoise Mer et Monde, en collaboration avec la FAO, accompagnent les groupements de femmes de la zone pour le renforcement des capacités d’adaptation au changement climatique. Cet apprentissage se fait à travers l’approche Champ école paysan (CEP) de la FAO.

Le CEP : Une capitalisation d’expériences du projet FEM-5

L’initiative du CEP de Pandiénou, capitalise sur les résultats du projet « Intégration de la résilience climatique dans la production agro-pastorale pour la sécurité alimentaire dans les zones rurales vulnérables à travers l’approche des champs-écoles paysans (LDF)», financé par le FEM, et mis en œuvre au Sénégal de 2015 à 2020.

En utilisant l’approche d’apprentissage par la pratique des CEP, le projet LDF, a permis de former un groupe de maître formateurs et mis en place des méthodes d’apprentissage sur l’adaptation des pratiques agricoles au changement climatique. Cette approche a permis entre autre d’adopter des bonnes pratiques agricoles améliorées, notamment la réduction des risques liés à la variabilité pluviométrique par la diffusion de l’information agro-climatique et l’adoption de pratiques d’adaptation au changement climatique par les producteurs.

Lors de la visite de l’équipe du FEM, la FAO, en collaboration avec les partenaires nationaux du projet résilience climatique, a mis en place quatre stands, reconstituant les 4 composantes du projet :

  • Un stand d’exposition sur le développement et le perfectionnement des stratégies et outils d’adaptation au changement climatique (ACC) sur la base des connaissances. Cette composante ouvre la voie pour garantir que les innovations, les technologies et les pratiques d’adaptation ainsi que les informations agro météorologiques sont disponibles pour une reproduction à grande échelle. Ce stand était géré par l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM) et le Centre de suivi écologique (CSE) ;
  • Un stand sur le financement de l’adaptation aux petits producteurs à travers un guichet financier « fond revolving », pour soutenir les activités d’adaptation au niveau local. Ce stand était animé par le Fond national de développement agro-sylvo-pastoral (FNDAPS). Cette composante a permis de faciliter l’intégration des stratégies d’adaptation de manière coordonnée dans les politiques, programmes et projets, et les cadres de développement des secteurs de production agrosylvopastorale dans les zones vulnérables du projet. Cette composante a permis la création du fonds national de résilience climatique ;
  • Un stand sur l’intégration et l’autonomisation des femmes, des jeunes et des groupes vulnérables par la création des clubs d’écoute Dimitra « clubs Dimitra » pour permettre la mise en réseau des CEP en collaborant avec les organisations non gouvernementales;
  • Un dernier stand sur les Champs écoles paysans, animé aux maîtres formateurs et aux facilitatrices du village de Pandiénou et à l’Agence de conseil agricole et rural (ANCAR). Ce stand a permis d’échanger sur l’approche CEP, qui permet de renforcer les capacités et la diffusion des stratégies, technologies et meilleures pratiques en matière d’adaptation au changement climatique auprès des petits producteurs agrosylvopastoraux. Ce stand a permis de montrer la synergie développée par la FAO à travers les projets Résilience climatique et SAGA.

Le CEP de Pandiénou : Initiative mis en œuvre par l’ONG Québécoise Mer et Monde en collaboration avec la FAO dans le Cadre du projet SAGA

Les femmes du groupement d’intérêt Economique (GIE) « And Liggeey de Pandiénou » ont bénéficié de l’appui du projet Sécurité Alimentaire : une Agriculture Adaptée (SAGA), financé par le gouvernement du Québec et mis en œuvre par la FAO.  L’objectif du projet SAGA est de renforcer la résilience des populations face au changement climatique pour la sécurité alimentaire et la nutrition en Haïti et au Sénégal.

Afin de renforcer la résilience des femmes de la zone, l’ONG Québécoise Mer et Monde, partenaire du projet SAGA, a appuyé la mise en place de 5 CEP avec les groupes de femmes locaux à travers l’initiative « Si At Fiki »: ensemble, allons de l’avant. Le CEP de Pandiénou fait partie d’une de ces CEP de la commune de Pambal. L’initiative a formé 20 facilitateurs et 62 producteurs aux pratiques horticoles résilientes, à la transformation et à la conservation des produits, ainsi qu'à l’entrepreneuriat.

La visite du FEM et des point Focaux PMA des pays francophones, a permis aux bénéficiaires de partager leurs expériences, et les leçons apprises. Le CEP de Pandiénou, leur a permis de mettre en pratique les bonnes pratiques d’adaptation, liées à la méthode Zaï, à l’usage du compost et des bio pesticides, la pratique de l’agroforesterie (en intégrant l’arboriculture fruitière aux maraîchères), mais aussi les méthodes de lutte antiérosive, de lutte biologique contre les déprédateurs ect.

Les partenaires de Mer et Monde, comme la plupart dans SAGA, appuient l’autonomisation des femmes et des jeunes du secteur agricole.  

  • Selon Moussa Faye coordinateur pays de projet Mer et Monde :  leur mission est de promouvoir le développement durable et de soutenir les communautés marginalisées dans le monde entier. Le projet SAGA s'aligne parfaitement avec cette mission ;
  • Florence Tine, Facilitatrice formée dans le cadre du projet SAGA, est quant à elle, convaincu de l’intérêt de l’approche CEP pour les producteurs et productrices de sa commune. Son rôle dans l’initiative CEP est d’aider à coordonner l’engagement communautaire et les activités éducatives, y compris les sessions de formation et les ateliers sur l’agroforesterie et les pratiques agricoles durables. Selon elle, les communautés locales peuvent participer aux sessions de formation, en rejoignant des groupes de travail locaux et en participant aux efforts de conservation dirigés par la communauté ;
  • Cécile Penda Mbaye, est la présidente du groupement « And Liggeey de Pandiénou ». Les nouvelles techniques agricoles acquises et expérimentées dans ce champs école nous ont permis d’avoir de très bonnes récoltes et d’améliorer nos conditions de vie. « Dans ce périmètre, nous utilisons la méthode Zaï qui nous permet d’économiser l’eau et de cultiver en toute saison. Nous utilisons le compost comme fertilisant organiquet et nous ne récoltons que des produits bio. Nous sommes plus de cent femmes et nous voulons plus de terre pour développer notre activité’

Ces déclarations soulignent l’importance du projet SAGA dans la promotion de pratiques agricoles durables au Sénégal, en particulier en ce qui concerne l’utilisation responsable des terres et la participation des communautés locales. Avec l’engagement des autorités, des facilitateurs et des participants, le projet SAGA offre une voie vers un avenir plus durable et prospère pour le pays

Une belle échange d’expérience et de capitalisation de l’approche CEP de la FAO

La visite du CEP de Pandiénou par l’équipe du FEM a permis de mettre en lumière les réalisations de l’initiative « Si At Fiki » du projet SAGA et les synergies développées avec le projet résilience climatique financé par le FEM/5. Cette initiative vise à renforcer la résilience des communautés, à promouvoir l’autonomisation des femmes dans le monde rural.

Cette visite illustre également l’engagement du FEM et de ses partenaires à soutenir l’adaptation des producteurs à faire face aux effets néfastes du changement climatique :

  • Chizuru AOKI, Spécialiste environnement en chef / Manager, LDCF/ SCCF s’est réjouie de l’accueil et le fait de voir une réplique d’un projet financé par son institution ;
  • Jason Spensley, Chargé de l’adaptation au changement climatique du Fond mondial pour l’environnement (FEM) a magnifié les efforts de résilience des populations de Pandiénou : « C’est impressionnant de voir comment ces populations s’adaptent à la réalité climatique. Nous ferons tout notre possible pour les aider à s’adapter à cette nouvelle réalité climatique », selon lui ;
  • Mme Madeleine Rose Diouf, Cheffe de la division changement climatique, présidente du groupe des négociations des Pays les Moins Avancé, a ajouté « Il faut que le Sénégal puisse mettre à l’échelle ces expériences faites. Que toutes les exploitations familiales qui concernent à plus de 70% de la production agricole puissent aller vers l’approche champs école (économie de l’eau, fertilisation naturelle des sols, agro foresterie et production en continu). La FAO est entrain de divulguer cette bonne pratique et le FEM vise la mise à l’échelle. »

La visite a permis également aux différents points focaux de mieux s’imprégner de ces différentes réalisations.

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