Voices of the Hungry

Questions et réponses

QUE permet de mesurer l’échelle de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences (FIES)?

1. Quel est l'objet du projet «Voices of the Hungry»?

1. Quel est l'objet du projet «Voices of the Hungry»?

La FAO a lancé le projet Voices of the Hungry (VoH) en 2013, afin de fournir des informations actualisées sur l’insécurité alimentaire qui soient adaptées à la mise en œuvre de politiques et d’actions concrètes. Dans le cadre de ce projet, on a élaboré une méthode permettant de mesurer la gravité de l’insécurité alimentaire du point de vue des individus ou des ménages et d'établir des comparaisons entre les pays. Grâce à ce projet, qui fait appel à des outils analogues employés aux États-Unis et en Amérique latine, on a pu élaborer l'échelle de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences (FIES) et des méthodes analytiques novatrices afin d'établir une nouvelle référence mondiale en matière de mesure de l’sécurité alimentaire (accès) qui soit rationnelle, adoptée au niveau international et utilisée pour le suivi international et national. L’examen critique de cette méthodologie par un groupe d’éminents experts et par des Offices Nationaux de la Statistique en 2015 a validé scientifiquement cette approche, qui consiste à produire des estimations nationales en matière d’insécurité alimentaire modérée et grave qui soient comparables d’un pays à l’autre.

Afin d’appliquer l'échelle de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences (FIES) dans le monde entier, le projet «Voices of the Hungry» s’appuie sur le sondage mondial Gallup® (GWP), division de Gallup Inc. qui a mené des enquêtes nationales sur des échantillons représentatifs dans plus de 140 pays, tous les ans depuis 2005. Depuis 2014, la FAO confie à Gallup le soin de recueillir des données en utilisant la FIES dans le questionnaire du sondage mondial. Ces données servent à établir des estimations de la prévalence de l’insécurité alimentaire à différents degrés de gravité; elles proviennent d’un échantillon représentatif d’adultes dans tous les pays couverts par le sondage mondial. Pour plus d’informations sur la méthode suivie dans l’enquête GWP.

L’un des objectifs principaux du projet «Voices of the Hungry» consiste à promouvoir l’adoption de la méthode FIES par les institutions publiques des différents pays. S'agissant de la production de statistiques susceptibles d'étayer la formulation de politiques, les possibilités offertes par l'échelle de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences sont pleinement exploitées lorsque cet outil est appliqué dans les enquêtes de population menées au niveau national. En effet, ces dernières permettent une analyse plus détaillée de la situation de l'insécurité alimentaire selon différents critères, comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays: niveau de revenu, sexe, âge, race, appartenance ethnique, situation migratoire, handicap, lieu géographique et autres caractéristiques présentant un intérêt pour une action éventuelle. 

2. Que permet de mesurer l’échelle de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences (FIES)?

2. Que permet de mesurer l’échelle de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences (FIES)?

La FIES permet de mesurer l’accès aux aliments des individus ou des ménages. Elle mesure la gravité de l’insécurité alimentaire en fonction des réponses des personnes à des questions concernant leur capacité à se procurer des aliments adéquats. Cette approche de la quantification de la sécurité alimentaire constitue un changement important par rapport aux méthodes traditionnelles qui évaluaient des facteurs comme la disponibilité de la nourriture, ou bien des conséquences telles que la mauvaise qualité de l’alimentation, les insuffisances anthropométriques et autre signes de malnutrition.

La FIES s’inspire de deux échelles de sécurité alimentaire empiriques largement utilisées: le module d'enquête auprès des ménages sur la sécurité alimentaire (Household Food Security Survey Module) employé aux États-Unis et l'échelle de sécurité alimentaire de l'Amérique latine et des Caraïbes (Escala Latinoamericana y Caribeña de Seguridad Alimentaria [ELCSA]) . Elle consiste en  une série de huit questions fermées (réponse oui/non) posées directement aux personnes, en général lors d’entretiens en contact direct, mais parfois par téléphone. Les questions portent sur des comportements alimentaires auto-déclarés et des expériences de difficultés croissantes d’accès à la nourriture, en raison de ressources limitées. La FIES s’appuie sur une expérience bien ancrée de l’insécurité alimentaire qui se divise en trois domaines: incertitude/anxiété, variation de la qualité de l'alimentation et variation de la quantité de l’alimentation.

Ces domaines peuvent être placés sur une échelle indiquant le degré de gravité (voir par exemple la figure 1 ci-dessous). Le degré d’insécurité alimentaire associé à une personne interrogée peut être situé sur l’échelle en fonction du nombre de réponses positives aux questions (quantité de comportements ou d’expériences déclarés). Ces mesures servent ensuite à classer les personnes interrogées dans différentes catégories d’insécurité alimentaire.

Figure 1. Food insecurity scale

3. Qu’est- ce que la FIES ne mesure pas ?

3. Qu’est- ce que la FIES ne mesure pas ?

La FIES n’a pas pour objet de quantifier la consommation alimentaire et ne fournit pas non plus d’évaluation quantitative de la qualité du régime alimentaire. Elle ne permet pas de mesurer la malnutrition et ne sert pas à détecter les carences nutritionnelles ni l’obésité. Ce n’est donc pas un outil adapté au suivi de la malnutrition ni à l’évaluation des résultats en matière de nutrition des programmes et des politiques de sécurité alimentaire.

Les facteurs d’insécurité alimentaire sont nombreux et variés, aux niveaux local, régional, national et international. Ils comprennent des éléments aussi divers que les conditions climatiques, la production et la disponibilité de la nourriture, l'instabilité des prix des aliments, la pauvreté/le niveau de revenu, la protection sociale, l’accès aux services publics, entre autres. La FIES n’a pas été conçue pour mesurer ces facteurs, mais pour établir des estimations de la proportion de la population en situation d’insécurité alimentaire à différents degrés de gravité.

Lorsque le module d’enquête de la FIES est intégré dans des enquêtes recueillant également des informations sur les déterminants et/ou sur les conséquences de l’insécurité alimentaire (accès inadéquat à l'alimentation), il peut permettre d’identifier les différents facteurs de risque d’insécurité alimentaire chez les personnes prises individuellement ou dans les ménages ainsi que leurs conséquences dans différents contextes.

4. La FIES permet-elle de mesurer l’insécurité alimentaire chez les enfants ?

4. La FIES permet-elle de mesurer l’insécurité alimentaire chez les enfants ?

Bien que le module d’enquête de la FIES ne mesure pas directement l’insécurité alimentaire chez les enfants, il permet toutefois d’estimer le pourcentage d’enfants vivant dans des ménages exposés à l'insécurité alimentaire. À cette fin, il est nécessaire de disposer de données concernant le nombre d’enfants dans chaque ménage interrogé. Voir l'annexe II, p. 49, du rapport technique No. 1 de VoH pour les orientations techniques et Fram, Bernal et Frongillo (2015) pour de plus ample détails sur les problèmes posés par la quantification de l’insécurité alimentaire chez les enfants.

5. La FIES est-elle un indicateur de la sécurité alimentaire ou un indicateur de la nutrition ?

5. La FIES est-elle un indicateur de la sécurité alimentaire ou un indicateur de la nutrition ?

Bien que la FIES ne donne pas d’informations précises sur la consommation alimentaire réelle, la qualité de l’alimentation ou l’état nutritionnel, elle constitue un outil précieux pour les spécialistes de la nutrition et de la sécurité alimentaire, car elle apporte de nouvelles connaissances sur les relations entre l’insécurité alimentaire basée sur les expériences et les problèmes soulevés par les indicateurs de malnutrition, notamment les conséquences anthropométriques. La rapidité avec laquelle des résultats sont obtenus avec la FIES contribue à améliorer l'identification des zones susceptibles d’être touchées par la malnutrition, et donc de mettre en place des mesures préventives efficaces.

Le caractère de plus en plus évident de la corrélation entre l’insécurité alimentaire et l’excès pondéral complique l’analyse du rapport entre l’insécurité alimentaire (accès à l’alimentation) et les conséquences anthropométriques. Dans de nombreux pays, on assiste à une transition nutritionnelle qui se caractérise par une diminution des retards de croissance et de l’émaciation chez l'enfant, ainsi que par une prévalence croissante de l’excès pondéral dans toutes les catégories d’âge des pauvres. Afin d’analyser les conséquences anthropométriques de l’insécurité alimentaire, il faut donc établir un cadre conceptuel différent, qui prenne en compte la notion non intuitive selon laquelle les personnes en excès pondéral peuvent également être en situation d’insécurité alimentaire. De nombreuses études ont montré que l’insécurité alimentaire (accès limité à la nourriture) et l’excès pondéral ou l’obésité peuvent coexister, aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte . Cette corrélation entre l’insécurité alimentaire et l’excès pondéral s’explique notamment par la consommation d’aliments moins onéreux mais riches en énergie, par des troubles alimentaires dus au stress et par des adaptations métaboliques en situation de manque de nourriture. Les individus ayant souffert de la faim dans leur enfance ou petite enfance peuvent être exposés à un risque d’obésité plus important à l’âge adulte.

Il faut également souligner que l’insécurité alimentaire n’est pas nécessairement synonyme de malnutrition. Par ailleurs, l’insécurité alimentaire peut avoir des répercussions sur d’autres aspects de la santé et du bien-être des personnes, comme des effets psychosociaux négatifs, qui ne sont pas nécessairement en lien avec l’état nutritionnel. Même en l’absence d’effets négatifs visibles sur l’état nutritionnel, l’insécurité alimentaire reste en soi un problème sérieux, car c’est un signe de violation du Droit fondamental à une alimentation adéquate.

En résumé, la FIES est une mesure de l’insécurité alimentaire qui s’appuie sur une construction théorique adaptée à l’étude de la qualité et de la quantité de l’alimentation. Cependant, elle ne quantifie ni la consommation alimentaire, ni la qualité de l’alimentation, ni la malnutrition en soi. Dans la mesure où la sécurité alimentaire va de pair avec une bonne nutrition et que les nutritionnistes contribuent à garantir le Droit fondamental à une alimentation adéquate, on peut la considérer comme un indicateur de la nutrition. Associée aux systèmes de mesure classiques de la consommation alimentaire, de la qualité de l’alimentation et de l’état nutritionnel, la FIES peut potentiellement contribuer à une compréhension plus approfondie des causes et des conséquences de l’insécurité alimentaire, notamment ses répercussions aux plans nutritionnel et alimentaire. 

6. La FIES est-elle une mesure subjective ?

6. La FIES est-elle une mesure subjective ?

Les mesures de sécurité alimentaire fondées sur l’expérience basée sur les expériences par les individus ou les ménages, comme la FIES, s'appuient sur des informations auto-déclarées relatives aux comportements alimentaires en situation d’accès limité à la nourriture. Trois questions peuvent être considérées comme des perceptions «subjectives» (Avez-vous eu peur de ne plus avoir assez à manger? Vous êtes-vous trouvé(e) dans une situation où vous ne pouviez manger des aliments qui soient nourrissants et bons pour la santé ? Vous êtes-vous trouvé(e) dans une situation où vous n’avez pas mangé autant qu’il aurait fallu ?), alors que les autres questions concernent des circonstances «objectives» (plus rien à manger, sauter des repas, ne rien manger de toute la journée) dues à un manque d’argent ou d’autres ressources.

L'échelle de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences est à rapprocher d'autres échelles très employées qui sont utilisées pour mesurer des aspects qui ne sont pas objectivement observables comme les aptitudes/l'intelligence, la personnalité et un large éventail de conditions sociales ayant trait à l'état psychologique ou à l'état de santé. Les questions qui composent l’échelle sont issues de recherches empiriques très concrètes sur l’expérience de la faim et les difficultés d’accès à la nourriture. L’ensemble des huit questions constitue un outil quantitatif permettant de mesurer la prévalence de l’insécurité alimentaire (aux degrés modéré et grave) chez une population donnée, par l’intermédiaire de méthodes statistiques prenant en compte une marge d’erreur (introduction d’intervalles de confiance dans les mesures produites). 

La capacité des personnes interrogées de répondre de façon précise à la question du module de l’enquête FIES sur le fait de pouvoir manger «des aliments qui soient nourrissants et bons pour la santé» est souvent mise en doute. En effet, cette question a pour but de saisir le point de vue personnel des personnes interrogées sur la qualité de leur alimentation, plutôt que celui des nutritionnistes ou des économistes, et non pas de mesurer la qualité nutritionnelle de l’alimentation. Néanmoins, il faut souligner que l’expérience accumulée en matière de mesure de l’insécurité alimentaire en Amérique latine et ailleurs, notamment grâce aux recherches du groupe de discussion visant à adapter l’échelle à différents contextes, a montré que le jugement des personnes sur ce qui constitue une alimentation saine, nourrissante et équilibrée, est relativement fiable. De nombreuses études de validation ont montré qu’il existe une forte corrélation entre le degré d’insécurité alimentaire et la qualité de l’alimentation mesurée à l’aide d’indicateurs nutritionnels classiques. 

POURQUOI utiliser l’échelle de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences?

7. En quoi la FIES est-elle différente des autres indicateurs d’insécurité alimentaire ?

7. En quoi la FIES est-elle différente des autres indicateurs d’insécurité alimentaire ?

La FIES mesure le degré d’insécurité alimentaire chez les individus ou dans les ménages qui ont des difficultés à obtenir une nourriture adéquate. Cet outil a été élaboré de manière à être adapté à toutes les cultures et à donner des résultats équivalents, à la fois dans les pays en développement et les pays développés, afin de produire des indicateurs comparables de la prévalence de l’insécurité alimentaire chez une population donnée, à des degrés divers.

Les échelles d’insécurité alimentaire empiriques telles que la FIES se démarquent des autres indicateurs permettant d’évaluer la sécurité alimentaire au niveau national, pour les raisons suivantes:

a) Les questions relatives aux comportements alimentaires et aux 'expériences liée à l’insécurité alimentaire sont posées directement aux personnes.

b) Le travail administratif est moindre et les données des rapports sont plus actuelles.

c) La base statistique, qui s’appuie sur des informations recueillies chez des individus ou dans des ménages, permet de comparer les pays de façon plus pertinente.

d) La distinction entre différents degrés de gravité permet de mieux apprécier l’intensité de l’insécurité alimentaire.

e) Il est possible de trier les résultats par sexe au niveau individuel et par groupes infranationaux dans les enquêtes dont l’échantillon est représentatif d’un niveau infranational.

f) Les responsables politiques peuvent se servir des informations concrètes fournies pour cerner quelles sont les populations vulnérables et orienter leurs interventions.

8. Quelle est la différence entre la prévalence de l’insécurité alimentaire mesurée à l'aune de la FIES et la prévalence de la sous-alimentation communiquée chaque année par la FAO ?

8. Quelle est la différence entre la prévalence de l’insécurité alimentaire mesurée à l'aune de la FIES et la prévalence de la sous-alimentation communiquée chaque année par la FAO ?

Le concept sur lequel repose la FIES (voir Q2 plus haut) n’est pas le même que celui sur lequel s’appuie la prévalence de la sous-alimentation; les deux indicateurs ne doivent donc pas être confondus. La FIES donne des estimations de la proportion de la population qui a des difficultés d’accès à la nourriture, à différents degrés de gravité, à partir d’informations recueillies lors d’entretiens directs; la prévalence de la sous-alimentation, quant à elle, est une estimation de l'adéquation de l’apport énergétique alimentaire chez une population donnée, en fonction d’estimations nationales de la disponibilité alimentaire, de la consommation alimentaire et des besoins énergétiques.

D’une manière générale, les estimations de la prévalence de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences (à tous les degrés de gravité) qui s’appuient sur la FIES et la prévalence de la sous-alimentation devraient indiquer des tendances similaires. Cependant, le nombre de personnes ayant connu l’insécurité alimentaire dans un pays donné devrait être plus élevé (voire beaucoup plus élevé) que le nombre de personnes qu'on estime être sous-alimentées (c’est à dire qui ne consomment pas assez d’énergie par voie alimentaire). Des personnes peuvent être en situation d’insécurité alimentaire, alors même qu'elles satisfont leurs besoins énergétiques alimentaires en consommant des aliments moins chers, de moindre qualité, mais riches en éléments nutritifs, par exemple, ou en réduisant d’autres besoins essentiels, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur leur santé et leur bien-être général. 

Le nouveau Programme de développement durable à l'horizon 2030 (Objectif 2) appelle à l’ELIMINATION de la faim et insiste sur le fait de ne «laisser personne de côté». La FIES fournit des estimations fiables sur l’insécurité alimentaire, y compris dans les pays où les taux d’insécurité alimentaire sont très bas. Lorsqu’elle est appliquée dans des enquêtes de grande envergure conçues pour être représentatives de groupes de population infranationaux, elle permet d’identifier la plupart des groupes les plus touchés par l’insécurité alimentaire. Les responsables politiques peuvent se servir des informations concrètes fournies pour cerner les populations vulnérables et orienter leurs interventions. La méthode de la prévalence de la sous-alimentation, qui s’appuie sur les données de consommation alimentaire disponibles actuellement, ne peut pas fournir de résultats aussi précis aux différents niveaux infranationaux.

9. Quelles sont les utilisations possibles de la FIES ?

9. Quelles sont les utilisations possibles de la FIES ?

Les informations issues de la FIES sont utiles à un large éventail de destinataires, notamment les fonctionnaires ayant un poste de responsabilité dans l'administration publique, les administrateurs de programmes à tous niveaux, les communicateurs, les responsables locaux et les chercheurs.

L’originalité de la FIES réside dans le fait qu’elle mesure l’insécurité alimentaire basée sur les expériences par les individus ou dans les ménages grâce à huit questions fermées qui peuvent être facilement intégrées à de nombreux types d’enquêtes. Les responsables politiques peuvent se servir des informations concrètes fournies pour identifier les populations vulnérables et orienter leurs interventions. Associée à d’autres indicateurs, elle permet d’approfondir notre connaissance des facteurs et des conséquences de l’insécurité alimentaire chez les individus et dans les ménages.

Le projet The Voices of the Hungry s’appuiera sur la FIES pour établir une estimation de la prévalence de l’insécurité alimentaire au niveau individuel chez les populations nationales de la plupart des pays et des régions du monde, à différents degrés de gravité. L’ensemble des informations recueillies chaque année servira à assurer le suivi des tendances régionales et des progrès réalisés dans le cadre des objectifs internationaux d’élimination de la faim. La «prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave au sein de la population, qui s'appuie sur l’échelle de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences (FIES)» correspond à l’indicateur 2.1.2 de l’objectif 2 du Programme de développement durable à l'horizon 2030: «d’ici à 2030, éliminer la faim et faire en sorte que chacun, en particulier les pauvres et les personnes en situation vulnérable, y compris les nourrissons, ait accès toute l’année à une alimentation saine, nutritive et suffisante».

En appliquant plusieurs fois la FIES sur la même population, aussi bien au niveau individuel qu’au niveau des ménages, il est possible de suivre les tendances et les évolutions des degrés d’insécurité alimentaires au fil du temps. La FIES pourrait être utilisée pour évaluer l’impact d’un programme ou d’une politique de sécurité alimentaire. Lorsqu’elle est appliquée avant et après une intervention, elle permet de repérer les évolutions de la gravité de l’insécurité alimentaire, à condition de prendre en compte d’autres facteurs qui ne seraient pas propres à l’intervention elle-même et pourraient avoir une incidence.

S'agissant de la production de statistiques susceptibles d'étayer la formulation de politiques, les possibilités offertes par l'échelle de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences sont pleinement exploitées lorsque cet outil est appliqué dans les enquêtes démographiques de niveau national qui permettent une analyse plus détaillée de la situation de l'insécurité alimentaire selon différents critères: niveau de revenu, sexe, âge, race, appartenance ethnique, situation migratoire, handicap, lieu géographique et autres caractéristiques présentant un intérêt pour une action éventuelle.

Les résultats des enquêtes qui intègrent la FIES peuvent également servir à faciliter les prises de décisions et à déterminer des cibles prioritaires pour les programmes et les ressources. Si le rôle de la FIES n’est pas d’identifier des bénéficiaires à titre individuel de programmes, les informations fournies par les enquêtes de population comprenant la FIES peuvent néanmoins permettre de cerner des sous-ensembles démographiques ou des zones géographiques qui sont plus touchées par l’insécurité alimentaire. Les résultats des projets et des programmes de recherche d’impact qui intègrent la FIES peuvent servir à faciliter les décisions en matière d’investissements visant à améliorer les projets et les programmes qui fonctionnent.

La FIES peut être associée à d’autres indicateurs, afin de cerner les facteurs de risque et les conséquences de l’insécurité alimentaire. L’insécurité alimentaire est bien plus complexe que ce que permet d’analyser la FIES; elle comporte des aspects qui vont des politiques sociales, économiques et agricoles aux niveaux international et national, jusqu’aux stratégies de subsistance, en passant par l’accès aux services publics, l’assainissement de base, les habitudes alimentaires et la situation des ménages au plan nutritionnel. Étant donné que la FIES évalue l’insécurité alimentaire chez les individus ou dans les ménages, on peut l'appliquer à des études de grande envergure en l'associant à des indicateurs de ces aspects complémentaires recueillis sur les mêmes échantillons, afin de mieux comprendre la complexité du phénomène d’insécurité alimentaire et d’étayer la formulation des politiques destinées à améliorer le bien-être de la population et à éliminer la faim.

10. Les réponses des personnes interrogées peuvent-elles être influencées par la perspective des recevoir des aides ou des prestations sociales ?

10. Les réponses des personnes interrogées peuvent-elles être influencées par la perspective des recevoir des aides ou des prestations sociales ?

La distorsion des réponses engendrée par la perspective de recevoir des aides est un problème potentiel dans de nombreux types d'enquêtes. Ce risque peut être évité en s'appuyant sur une méthode d’enquête rigoureuse qui garantisse que les personnes interrogées ont été explicitement informées du fait que leurs réponses n’auront aucune influence sur d’éventuelles prestations sociales et que leur identité personnelle ne sera pas révélée aux autorités ni aux organisations fournissant des aides. Il est donc recommandé d’éviter de faire réaliser les enquêtes par des personnes connues pour leur rôle dans des programmes d’assistance. Si les informations recueillies sont destinées à un programme spécifique, il convient de déléguer l’enquête à une équipe indépendante sans lien avec l’organisme chargé de mettre en œuvre le programme. 

COMMENT la FIES est-elle appliquée, puis analysée?

11. La FIES permet-elle de mesurer l’insécurité alimentaire des personnes au niveau individuel ou au niveau des ménages ?

11. La FIES permet-elle de mesurer l’insécurité alimentaire des personnes au niveau individuel ou au niveau des ménages ?

Il existe deux versions du module d’enquête de la FIES (FIES-SM): individus et ménages. Le FIES-SM utilisé dans le Sondage mondial de Gallup®, dans le cadre du projet Voices of the Hungry (VoH), mesure l’insécurité alimentaire au niveau individuel, ce qui présente de nombreux avantages. Les résultats peuvent, par exemple, être triés par sexe avec un objectif précis, afin d’établir des mesures de la prévalence de l’insécurité alimentaire chez les femmes et chez les hommes qui soient différentes et comparables. Cela permet également d’analyser l’insécurité alimentaire au regard d’autres informations recueillies chez les mêmes individus, telles que la consommation alimentaire individuelle et la situation au plan nutritionnel.

Par ailleurs, le module d’enquête de la FIES peut facilement être appliqué au niveau des ménages, après quelques adaptations mineures. Le projet Voices of the Hungry (VoH) vise à promouvoir l’intégration du FIES-SM dans les enquêtes nationales concernant les ménages, telles que les enquêtes sur les revenus et les dépenses des ménages, les enquêtes sur le budget des ménages, les études des niveaux de vie et les enquêtes sur la santé et la nutrition. 

L’intégration de la version du FIES-SM destinée soit aux individus, soit aux ménages dans des enquêtes sur de vastes populations permet une analyse plus fine de la situation d’insécurité alimentaire, en fonction des revenus, du sexe, de l’âge, de l’appartenance ethnique, de la situation migratoire, du handicap, du lieu géographique et d’autres caractéristiques présentant un intérêt pour une action éventuelle.

Téléchargez la version «individus» ou «ménages» du Module d’enquête de la FIES.

12. Quelle est la période de référence de la FIES ?

12. Quelle est la période de référence de la FIES ?

La FIES est un outil flexible en matière de période de référence. Dans le sondage mondial de Gallup®, la période de référence pour chacune des questions de la FIES est «les douze derniers mois», ceci afin d’éviter l’influence que peuvent avoir les saisons et d’améliorer la comparabilité de la mesure entre différents pays. Cependant, en fonction de l’enquête et des objectifs visés, il est possible de choisir entre une période de référence de 12 mois ou d’un mois. 

Dans les cas où l’on s’intéresse aux changements saisonniers, il serait pertinent de choisir une période d’un mois, afin d’étudier comment l’insécurité alimentaire varie selon les saisons. Une période de référence d’un mois est également plus propice aux analyses de l’insécurité alimentaire lorsque les données recueillies dans la même enquête concernent la consommation alimentaire au cours d’une période de 24 heures, d’une semaine ou d’un mois. Si la FIES est intégrée dans une enquête menée de façon continue pendant un an, dans l’ensemble d’un pays, une période de référence d’un mois peut être plus pertinente, car elle a pour avantage de pouvoir suivre les effets saisonniers, à condition d’intégrer dans les données les résultats d’un mois d’enquête.

Pour les enquêtes nationales visant à établir une estimation globale de la prévalence de l’insécurité alimentaire dans différents régions d’un pays ou pour les enquêtes multinationales qui comprennent des pays dont l’environnement et les zones climatiques diffèrent, une période de référence de 12 mois est recommandable.

13. Les items de la FIES peuvent-ils être appliqués et analysés individuellement ?

13. Les items de la FIES peuvent-ils être appliqués et analysés individuellement ?

L’ensemble des items de la FIES constitue une échelle qui a été élaborée pour couvrir différents degrés de gravité de l’insécurité alimentaire: il faut donc analyser l’ensemble de l’échelle et non pas les items un par un. En effet, les items servent à balayer collectivement l’ensemble des degrés de gravité de l’insécurité alimentaire, comme le montre la Figure 1 (Q2).

Si les questions qui composent la FIES doivent être intégrées et analysées comme un tout et qu’il ne faut pas tirer de conclusions isolées à partir de chacune d’entre elles, c’est également parce qu'on obtient ainsi des résultats bien plus fiables. Lorsqu’il est considéré individuellement, un item peut conduire à des erreurs de mesure importantes. Pris dans un ensemble, chaque item contribue à mesurer l’insécurité alimentaire au sein d’un continuum de gravité qui représente les traits latents de l’insécurité alimentaire, ce qui améliore la précision, diminue les erreurs de mesure et écarte toute composante subjective qu’un item isolé pourrait comporter.

14. Y-a-t-il un ordre universel dans l’échelle de la gravité pour les huit questions de la FIES?

14. Y-a-t-il un ordre universel dans l’échelle de la gravité pour les huit questions de la FIES?

La FIES s’appuie sur la théorie des réponses aux items, qui permet d’établir la gravité de chaque item sur l’échelle. C’est une idée assez simple, mais les effets en sont considérables: en observant comment les nombreuses personnes interrogées s’expriment sur l’une des expériences, on peut mesurer la gravité associée à cette expérience, c’est-à-dire placer celle-ci sur l’échelle. Intuitivement, les expériences sur lesquelles s’expriment un plus grand nombre de personnes sont considérées comme présentant un degré de gravité moindre, et vice versa.

La Figure 1 (Q2) montre que les aspects principaux de l’insécurité alimentaire ont tendance à circuler le long de l'échelle de la gravité: l'aspect de l’incertitude/l’anxiété étant en général le moins grave, suivi de celui des compromis sur la qualité des aliments consommés, des quantités réduites et, enfin, de l’expérience de la faim. Cependant, la gravité associée à chaque question (sa position sur l’échelle) pour une population spécifique est établie en fonction du nombre de réponses positives à cet item, comme décrit précédemment, ce qui constitue un aspect important de la FIES. Par conséquent, les réponses des personnes dans des pays différents peuvent aboutir à un ordre différent des items sur l’échelle de la gravité. Cela peut être dû à des nuances de traduction ou à des façons différentes de vivre ou de gérer l’insécurité alimentaire dans différentes cultures et modes de vie. La méthode FIES prévoit cette éventualité et tient compte de ces différences, lorsqu’elles existent, afin de ne pas invalider les estimations de la prévalence et préserver la comparabilité des pays.

15. Quels sont les différents classements/degrés de gravité de l’insécurité alimentaire et que représentent-ils ?

15. Quels sont les différents classements/degrés de gravité de l’insécurité alimentaire et que représentent-ils ?

La gravité de l’insécurité alimentaire peut être qualifiée de faible, modérée ou grave. Il existe d’autres sous-catégories d’insécurité alimentaire faible, comme l’insécurité alimentaire marginale ou la sécurité alimentaire marginale, qui permettent de décrire une situation à la limite entre la sécurité alimentaire et l’insécurité alimentaire. L’insécurité alimentaire basée sur les expériences, selon les théories sur lesquelles la FIES s’appuie, se caractérise en général par de l’incertitude et de l’anxiété vis-à-vis de l’accès à la nourriture et par des changements dans la qualité de l’alimentation quand la situation se dégrade: alimentation moins équilibrée, plus monotone, par exemple (insécurité alimentaire marginale à modérée). Lorsque la gravité augmente, la quantité de nourriture consommée baisse, les portions diminuent et des repas sont sautés (insécurité alimentaire modérée à sévère). L’insécurité alimentaire grave se caractérise par une sensation de faim en l’absence de repas ou par l’absence de repas pendant une journée entière en raison d’un manque d’argent ou d’autres ressources. 

Lorsque l’on présente les résultats de la FIES, il est recommandé de ne pas regrouper la catégorie insécurité alimentaire faible/marginale et les catégories modérée et grave. Ce regroupement de l’insécurité alimentaire faible, modérée et grave dans une seule catégorie «insécurité alimentaire» peut être trompeur, car il n’établit pas de distinction entre un état d’insécurité alimentaire prononcé et un état moins prononcé, ce qui revient à mettre les personnes qui ont encore de quoi manger dans la même catégorie que ceux qui n’ont plus rien à manger. Les différences entre ces catégories sont pertinentes, en théorie et en pratique, pour le suivi, les objectifs politiques et la recherche.

Afin de réaliser un suivi global, la FAO s’appuie sur deux seuils différents pour identifier la limite basse des degrés d’insécurité alimentaire «modéré» et «grave», respectivement. Ces deux valeurs concernent les estimations de la proportion de la population qui, au cours de l’année de référence, a été victime d’insécurité alimentaire à des degrés modéré ou grave (FImod+sev) et grave (FIsev), respectivement. Le groupe de personnes victimes d’insécurité alimentaire à des degrés modéré ou grave comprend également les victimes d’insécurité alimentaire grave. Le fait que le pourcentage des personnes victimes d’insécurité alimentaire modérée uniquement ne constitue pas un indicateur de suivi global s’explique par le fait qu’une baisse de ce pourcentage au fil du temps pourrait conduire à une interprétation ambiguë: elle pourrait être due au passage de certaines personnes victimes d’insécurité alimentaire modérée dans la catégorie «grave». Le regroupement des catégories d’insécurité alimentaire modérée et grave évite de telles ambiguïtés. 

16. Comment est déterminé le seuil de l’insécurité alimentaire grave ?

16. Comment est déterminé le seuil de l’insécurité alimentaire grave ?

Si la validation statistique confirme que les données sont en adéquation avec la théorie sur laquelle la FIES repose, le score brut (c’est à dire le nombre de réponse affirmatives aux questions de la FIES) peut être considéré comme une mesure ordinale de l’insécurité alimentaire et peut donc servir à classer les personnes interrogées dans des catégories d’insécurité alimentaire de gravité croissante (plus le score brut est élevé, plus la gravité est élevée). De fait, tous les pays qui utilisent actuellement leurs propres mesures empiriques de l’insécurité alimentaire pour leurs statistiques officielles calculent leurs estimations de la prévalence en fonction d’une «assignation discrète» de personnes interrogées à différentes catégories de sécurité alimentaire déterminées par les scores bruts.

Afin d’obtenir des taux de prévalence qui soient comparables entre les pays, on a élaboré, dans le cadre du projet Voices of the Hungry, une procédure qui vise à établir une échelle de référence internationale et à étalonner sur cette échelle les mesures obtenues dans tout pays. La définition du seuil sur l’échelle internationale permet d’obtenir des classements formellement comparables.

L’échelle internationale de référence de la FIES a été créée en attribuant à chaque item la valeur médiane de gravité obtenue grâce aux données de près de 150 pays, puis ceux-ci ont été normalisés pour atteindre une moyenne de zéro et l’écart-type a été unifié. 

Deux seuils de gravité de l’insécurité alimentaire (modérée et grave) ont été provisoirement sélectionnés, en fonction du modèle observé et de l’emplacement des items sur l’échelle de gravité, afin de définir les catégories d’insécurité alimentaire «modéré ou sévère» et «sévère». Ils permettent d’estimer deux taux de prévalence: l’insécurité alimentaire modérée ou grave (FImod+sev) et grave (FIsev), dans le cadre du suivi international de la cible 2.1 du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ils correspondent respectivement à la gravité des questions «VOUS N’AVEZ PAS MANGÉ AUTANT QU’IL AURAIT FALLU?» et «VOUS N’AVEZ RIEN MANGÉ DE TOUTE LA JOURNÉE?», sur l’échelle de référence internationale. Si l’on souhaite les décrire en faisant référence aux items spécifiques, on pourrait considérer que la limite basse de la catégorie de gravité décrite comme «modéré ou sévère» correspond à la condition d’un individu ou d’un ménage représentatif de la population mondiale qui a 50 pour cent de probabilité de déclarer qu’il a été contraint de ne pas manger autant qu’il aurait fallu, faute d’argent ou d’autres ressources. De la même manière, la limite basse de la catégorie «grave» correspond à la situation d’un individu «international» ou d’un ménage qui a 50 pour cent de probabilité de déclarer qu’il n’a rien mangé de toute la journée. Il faut remarquer que la gravité des deux seuils sur l’échelle de référence internationale peut ne pas correspondre à la gravité d’un score brut, dans un pays en particulier. Cela signifie que pour garantir la comparabilité, il faut qu’il soit possible d’estimer les taux de prévalence à quelque niveau de gravité que ce soit, et pas seulement en concordance avec les scores bruts discrets. À cette fin, la «méthode VoH» (du projet Voices of the Hungry) assigne à chaque personne interrogée une probabilité d’appartenir à chacune des catégories d’insécurité alimentaire, en fonction des scores bruts, du degré de gravité estimé et de l’erreur-type de ce score brut (veuillez consulter le Rapport technique Voices of the Hungry pour plus d’informations). 

En conclusion, si les résultats nationaux de l’application de la FIES sont ajustés à l’échelle de référence internationale de la FIES, puis calculés en utilisant les mêmes seuils, ils peuvent être comparés de façon pertinente avec les résultats d’autres pays. La méthode qui s’appuie sur les scores bruts et l’assignation distincte de catégories à certains cas est probablement plus simple à expliquer aux responsables politiques, aux médias et au grand public. Bien que la simplicité et la qualité de la communication soient probablement la priorité au niveau des pays, il semble que les résultats nationaux s’appuyant sur des scores bruts et des assignations distinctes ne soient pas comparables avec ceux d’autres pays.

17. Comment la FAO présente-elle les résultats internationaux de la FIES et que signifient-ils ?

17. Comment la FAO présente-elle les résultats internationaux de la FIES et que signifient-ils ?

En s’appuyant sur les données recueillies grâce au module d'enquête de la FIES dans le sondage mondial Gallup, la FAO propose trois estimations de l’insécurité alimentaire (pour chacun des deux degrés de gravité: grave uniquement et modérée ou grave, voir Q15) pour tous les pays sondés:

● la prévalence (en %) des individus adultes (15 ans ou plus) en situation d’insécurité alimentaire;

● le nombre estimatif d’individus adultes (15 ans ou plus) en situation d’insécurité alimentaire;

● le nombre estimatif d’individus adultes de la population totale vivant dans un ménage dans lequel au moins un adulte est en situation d’insécurité alimentaire

 

Bien que le module d’enquête de la FIES ne permette pas de mesurer directement l’insécurité alimentaire chez les enfants, il est possible d’établir une estimation du pourcentage d’enfants vivant dans un ménage exposé à l'insécurité alimentaire (voir Q4). 

18. Les questions et les résultats de la FIES sont-ils comparables d’un pays ou d’une culture à l’autre ?

18. Les questions et les résultats de la FIES sont-ils comparables d’un pays ou d’une culture à l’autre ?

Oui. Plusieurs échelles de sécurité alimentaire empiriques ont été élaborées et validées dans différentes régions du monde et la plupart d’entre elles mesurent l’insécurité alimentaire à peu près de la même façon. L’accumulation des preuves démontrant la validité et la fiabilité de ce type d’outil dans des contextes variés a conduit le projet Voices of the Hungry à élaborer une méthode et une échelle de référence internationale qui vise à produire des résultats véritablement comparables d’une culture ou d’un pays à l’autre.

La FIES est une adaptation au niveau international des items de l’échelle pour la sécurité alimentaire en Amérique latine et dans les Caraïbes  (ELCSA) qui concernent les ménages et les adultes, qui elle-même s’inspire du module d'enquête auprès des ménages sur la sécurité alimentaire utilisé aux États-Unis (US Household Food Security Survey Module), de l'échelle de mesure de l'insécurité alimentaire employée au Brésil (Escala Brasileira de Medida da Insegurança Alimentar), et d’une échelle similaire adaptée pour la Colombie. Dans les pays dans lesquels l’ELCSA a été appliquée, tout comme dans les pays – dont le nombre dépasse 145 – dans lesquels la FIES a été appliquée dans le cadre du sondage mondial de Gallup 2014 et 2015, les données scientifiques montrent que les échelles d’insécurité alimentaire empiriques permettent des mesures précises et comparables d’une culture à l’autre.

Dans le cadre du projet VoH,  qui vise à comparer les pays, il est possible de comparer la gravité de l’insécurité alimentaire grâce à des techniques statistiques empruntées aux modèles de la théorie des réponses aux items (IRT), couramment utilisées dans les tests d’éducation et de psychologie. Lorsqu’il s’agit de définir la FIES internationale et d’ajuster l'échelle de chaque pays à l’échelle internationale de référence, le fait que, dans un pays donné, la gravité d’un ou plusieurs items puisse différer du degré de gravité associé à ce même item dans la plupart des autres pays constitue un défi important. En d’autres termes, même si chaque item est censé représenter la même expérience d’insécurité alimentaire partout, la gravité de cet item par rapport aux autres peut différer dans un pays, et ce, pour plusieurs raisons. Cela peut être dû à des nuances de traduction ou à des différences de culture, de mode de vie ou de gestion des pénuries alimentaires. La méthode FIES prévoit cette éventualité et tient compte de ces différences, lorsqu’elles existent, afin de ne pas invalider les estimations de la prévalence et préserver la comparabilité des pays.

19. Dans les pays ayant déjà leur propres échelles nationales de sécurité alimentaire, est-il possible que les estimations de prévalence de la FAO concernant lesdits pays soient différentes des chiffres publiés par les gouvernements nationaux?

19. Dans les pays ayant déjà leur propres échelles nationales de sécurité alimentaire, est-il possible que les estimations de prévalence de la FAO concernant lesdits pays soient différentes des chiffres publiés par les gouvernements nationaux?

Dans le monde, certains pays utilisent déjà des échelles empiriques d’insécurité alimentaire qui ont été validées au niveau national et appliquées dans des enquêtes et/ou sont intégrées à des systèmes nationaux de suivi. Les plupart de ces échelles s’appuient sur le même cadre théorique et la même conception de l’insécurité alimentaire que la FIES, bien que le nombre de questions et leur formulation diffèrent, tout comme la période de référence. La plupart d’entre-elles concernent les ménages et comprennent des questions sur les enfants vivant dans le ménage. Les seuils des résultats nationaux et les expressions employées pour décrire les degrés de gravité diffèrent quelque peu d’un pays à l'autre.

Pour les pays ayant leurs propres échelles empiriques bien implantées, la FAO, à l’heure d’établir ses estimations mondiales de l’insécurité alimentaire, a tiré ses estimations de la prévalence de l’insécurité alimentaire des données des enquêtes des autorités nationales, et non pas du sondage mondial Gallup. Pour ces pays, les estimations de la prévalence de la FAO peuvent différer de celles figurant dans les rapports officiels de leurs instituts nationaux de statistiques respectifs, principalement parce que ceux-ci n'utilisent pas les mêmes seuils pour leur classement. Les bureaux nationaux de statistiques ont déterminé des seuils s’appuyant sur des scores bruts, car la comparaison avec d’autres pays ne faisait pas partie de leurs objectifs. Pour que les taux de prévalence de ces pays puissent être comparables avec les taux estimatifs au moyen du sondage mondial de Gallup dans d'autres pays, les données doivent être analysées selon une même méthodologie statistique  et des mêmes seuils de gravité que ceux du sondage mondial de Gallup.