FAO in Madagascar, Comoros, Mauritius and Seychelles

Arrivée des pesticides en provenance du Maroc pour poursuivre la lutte antiacridienne à Madagascar

(c) FAO, 2022
21/04/2022

40 000 litres de pesticides ont été acheminés par avion grâce à une triangulation Royaume du Maroc - Madagascar via la FAO

21 avril 2022, Antananarivo – La mise en oeuvre de la campagne de lutte antiacridienne 2021/22 à Madagascar, assurée conjointement par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le ministère de l’agriculture et de l’élevage (MINAE), à travers le Centre de lutte antiacridienne de Madagascar (IFVM ou Ivotoerana Famongorana ny Valala eto Madagasikara), se poursuit. Cette campagne se déroule conformément au Plan d’Actions établi en juin 2021, grâce à l’appui financier de l’Allemagne, du projet MIONJO sous tutelle du ministère de l’intérieur et de la décentralisation (MID) et financé par la Banque mondiale, de l’agence suédoise de coopération internationale pour le développement (SIDA), de projet sur fonds de coopération technique (TCP) de la FAO, et grâce à la contribution en pesticides du Royaume du Maroc.

En quoi consiste une triangulation de pesticides ?

Suite à une requête du gouvernement de Madagascar adressée au Royaume du Maroc, 60 000 litres de pesticides conventionnels (Chlorpyrifos 240 ULV) ont été donnés via le processus de triangulation. La triangulation se définit donc comme le don de pesticides d’un pays disposant de stocks de tels produits à un pays qui en a besoin. Pour ce faire, un certain nombre de conditions doivent être respectées, et la FAO, en plus de prendre en charge les analyses et le transport, est le garant du respect de ces conditions :

1) le pesticide à trianguler doit être homologué pour la lutte antiacridienne dans le pays récipiendaire ;

2) la qualité des pesticides qui seront éventuellement triangulés doit être certifiée par un laboratoire d’analyses indépendant ;

3) sous réserve de la qualité confirmée du produit, le certificat établi par le laboratoire d’analyses indépendant est partagé avec le pays récipiendaire qui doit confirmer l’accord de triangulation ;

4) les fûts de pesticide doivent être réétiquetés conformément aux directives FAO/OMS sur les bonnes pratiques d’étiquetage des pesticides.

Ces quatre conditions permettent d’éviter d’éventuels problèmes liés à la qualité des pesticides. Le processus de triangulation permet de limiter efficacement les risques environnementaux associés à un stockage prolongé et à l’élimination éventuelle, après péremption, d’importantes quantités de pesticides non utilisées. Il permet la mise à disposition rapide de pesticides pour des opérations d’intervention d’urgence, le délai entre le lancement de l’appel d’offres international pour acquérir les pesticides et leur livraison étant très long. En effet, le dépouillement des offres prend un certain temps pour vérifier que celles-ci répondent point par point aux spécifications techniques exigées, puis pour les évaluer. De plus, les pesticides ne sont généralement produits qu’à réception de la commande et rares sont les fournisseurs disposant de stocks suffisamment conséquents pour faire face à une intervention urgente de grande ampleur. Face à l’urgence de la situation acridienne, 40 000 litres ont été envoyés par avion et non par voie maritime comme prévu initialement. Les 20 000 litres restants seront transportés par voie maritime. Néanmoins, pour des raisons exogènes, tant le processus de triangulation que le processus d’achats ont connu d’importants retards, interrompant les opérations de traitement sur le terrain pendant plus d’un mois. Durant cette période de rupture de stock de pesticides, le Criquet migrateur malgache a poursuivi son développement, d’après les opérations de prospection sur cette période.

Poursuite de la lutte pour limiter les dégâts, et préparation de la campagne 2022/23 inévitable

Le dispositif déployé sur le terrain suit de près le développement de ces populations et est prêt à intervenir dès ce week-end, à la réception des pesticides sur le terrain. A ce jour, plus de 122 000 ha ont pu être traités et protégés. Il faut également noter que les réseaux d’alerte de l’IFVM rattaché au MINAE restent mobilisés. « Nous faisons de notre mieux pour limiter les dégâts et éviter une sévère dégradation de la situation acridienne cette année » affirme Charles Boliko, Représentant de la FAO ; « cependant le temps perdu n’est pas récupérable, et nous ne pourrons pas faire l’économie d’une autre campagne l’année prochaine ». Le gouvernement doit ainsi se préparer à mobiliser plus de ressources pour contenir la situation acridienne dès le mois d’octobre 2022.