FAO in Madagascar, Comoros, Mauritius and Seychelles

Histoires de réussite

Le Grand Sud-Est de Madagascar est une zone très affectée par les impacts du changement climatique. La virulence des cyclones tropicaux récurrents et les inondations menacent les moyens d’existence des producteurs et des populations vulnérables ainsi que leur sécurité alimentaire par la destruction des cultures et des récoltes. Les techniques de Climate Smart Agriculture (CSA) dont l’Agriculture de Conservation (CA) ont démontré leur efficacité dans l’amélioration durable de la production agricole, leur rentabilité et de leur résilience dans le contexte du changement climatique tout en préservant l’environnement. La technique de manioc installé en Basket Compost a été diffusée depuis quelques années dans plusieurs communes rurales des 02 Régions du Sud-Est de Madagascar (Vatovavy Fitovinany et Atsimo Atsinanana) par quelques partenaires membres de la Task Force Nationale de l’Agriculture de Conservation ou TFNAC . Cette technique a été adoptée par la communauté rurale dans ces zones suite à des projets de développement. Plusieurs adoptions spontanées ont été remarquées dans la zone.

Se regrouper en consortium pour traiter un problème systémique de la sécurité alimentaire et nutritionnel de manière intégrée de la pré production agricole à la consommation : voici ce qui singularise le projet AINA. A travers les activités diversifiées et intégrées du consortium AINA, la volonté a été d’appuyer les deux domaines fondamentalement liés, que sont l’agriculture et la nutrition. Ceci, afin de réduire l’insécurité alimentaire et nutritionnelle dans les zones ciblées. Cette approche en consortium a démontré son efficacité pour atteindre les objectifs escomptés et peut servir de modèle pour des programmes futurs applicables dans l'ensemble de la grande île. 

Comme toutes les régions de la côte Est de Madagascar, la Région Atsimo Atsinanana est parmi les plus touchées par les aléas climatiques  affectant les moyens de subsistance des familles dans la zone, les rendant encore plus vulnérables à l’insécurité alimentaire durant les longues et difficiles périodes de soudure qui peuvent durer trois mois.

Brazza, 46 ans, marié, père de sept enfants qui sont tous encore à sa charge, habite Vohilengo, un petit village calme dans une commune rurale à 50 km au Nord de Farafangana. Il vit principalement de l’agriculture et de l’élevage. Le changement climatique n’a pas épargné la famille de Brazza, le déficit en pluie a conduit, au fil des ans, à une diminution du peu de récoltes qu’elle avait. Leurs besoins fondamentaux, surtout durant les périodes de soudure (de Février à Avril et de Septembre à Octobre) ainsi qu’après le passage des cyclones et inondation dans son village ne sont pas couverts par ses récoltes qui n’assuraient qu’un mois ou deux tout au plus. 

Dans la Région Amoron’i Mania, entre octobre et mars, période de soudure, la plupart des ménages a du mal à accéder aux denrées alimentaires. Les personnes les plus vulnérables, à l’instar des enfants de moins de 2 ans et des mères allaitantes, sont les plus touchées par la malnutrition durant cette période. Cette situation est principalement observée dans les zones rurales enclavées, au niveau desquelles la communauté ne peut bénéficier des appuis et services tes que le suivi de la croissance et la récupération nutritionnelle délivrés par les centres de santé de base (CSB). C’est ainsi que le projet AINA à travers AIM, a mené des actions portant sur l’amélioration de la situation nutritionnelle de la communauté, et du système d’exploitation des producteurs. Ceci afin d’assurer la disponibilité alimentaire au niveau local. Cette amélioration est concrétisée, entre autres, par la mise en place de Centres d’Accueil des Enfants et des Mères Malnutris (CAEM) avec la pleine collaboration/participation de la communauté.

Malgré les irrégularités pluviométriques, la zone de Bekily parmi les plus touchés par la malnutrition aigüe dans le Sud de Madagascar, dispose d’un potentiel de production de semences. A cause de la situation de sécheresse qui a affecté cette zone à plusieurs reprises, la situation de dépendance aux aides humanitaires est de plus en plus observée. En effet, la production reste médiocre pour pouvoir constituer un stock suffisant pour les besoins en semences des environs directs de cette zone. De plus, ce sont généralement des graines triées à partir des récoltes et dont la qualité dégénère d’année en année, qui sont utilisées pourtant les ménages producteurs sont conscients que l’accès à des semences de bonne qualité et adaptée est une des conditions d’une bonne productivité.

La pêche continentale est une activité courante recensée dans tout Madagascar, alors que la pisciculture est pratiquée de façon traditionnelle aux quatre coins du pays depuis quelques décennies. Cette façon de procéder n’exige ni de grands investissements ni de grands espaces. Or, pour réussir, cet élevage requiert une maîtrise des techniques avec une grande assiduité et de la persévérance. Avec l’existence de plans d’eau toute l’année et une hydrographie assez fournie, la pisciculture a été identifiée comme une filière prioritaire dans le District de Betroka, Région de l’Anosy où le Projet AINA a investi dans la professionnalisation des pisciculteurs qui désormais peuvent tirer des revenus conséquents de cette activités. Des producteurs d’alevins, qui sont à 90% des riziculteurs à la fois, localisés dans neuf Communes du District de Betroka qui disposent de sources d’eau toute l’année ont été appuyé pour faire face aux contraintes telle que le manque de disponibilité des géniteurs pour démarrer le cycle. 

Pour une meilleure réceptivité des nouvelles techniques et pratiques agricoles, le projet AINA a eu recours à la formule "Champ Ecole Producteurs" ou CEP. A travers ce système participatif de transfert de technologies et de renforcement de capacité, les membres ont pu découvrir sur terrain les expérimentations positives des autres, échanger des informations, discuter et tirer eux-mêmes leurs conclusions. La formation ainsi acquise peut être complétée par des dotations en intrants et matériels pertinents pour faciliter l’adoption. Cette démarche s’est avérée fructueuse puisqu’elle a permis de mettre en place 323 CEP au bénéfice de 4 830 ménages dont 1232 femmes, et de réaliser un taux d’adoption de 80%. Ces CEP ont concerné la culture de riz, de pois de terre, de manioc, de patate douce, de cultures maraîchères et de haricot, etc. L’animation de ces CEP est assurée par 439 producteurs leaders dont 58 femmes.

Pour pallier à l’insuffisance hydrique chronique dans la zone, une stratégie de gestion de cette ressource a été mise en place à travers l’utilisation des Kits de système de micro-irrigation ou SMI. A partir de l’année 2006, la partie sud de Madagascar, surtout la zone de Betroka, a vécu une insécurité alimentaire sévère à cause de la sécheresse qui a sévi dans cette zone. Les productions agricoles, base de l’autoconsommation, notamment le riz, le maïs, le manioc, les légumes sèches, etc. ont fortement chuté. La majorité des ménages, surtout les vulnérables, n’ont pas été épargné par ce cataclysme naturel, les entraînant dans un cycle chronique d’appauvrissement.

Bemaso est un producteur agrciole habitant le village de Ranomainty. Le village (« Fokontany » en langue locale) fait partie de la Commune Rurale de MahatsaraSud, District de Mananjary, Région VatovavyFitovinany et se trouve à 15 Km à l’Ouest de Mananjary. Le Fokontany compte 1026 habitants réparties dans 171 ménages dont 33 sont dirigés par des femmes. Avant la réhabilitation du périmètre en 2015, la communauté toute entière a dû faire face aux problèmes d’irrigation de leurs parcelles de rizière à cause de la vétusté des réseaux hydro-agricoles. Du coup, elles n’ont pu cultiver que 65% de la superficie totale. Elles se sont contentées d’une seule saison de culture. Seulement 27% des producteurs ont pu pratiquer la riziculture de contre saison. Bemaso n’a pas été épargné par cette situation. Il vivait dans une situation de misère et n’arrivait même pas à payer les frais de scolarisation de ses enfants. Son activité rizicole est tributaire de l’arrivée de l’eau de pluie, et avant la réhabilitation et il ne pratiquait que la riziculture de grande saison ou « Vatomandry ».

L’insécurité alimentaire se fait sentir à partir d’octobre jusqu’en décembre dans la partie Sud Est de Madagascar. En effet, la population du District de Mananjary se contentait des aliments qu’elle pouvait trouver. Non seulement la production de riz de la grande saison est presque épuisée au mois de septembre, mais de plus, la récolte de la contre saison ne se fait qu’en mois de décembre ou janvier. Par ailleurs, durant cette période « d’insuffisance en riz », le manioc prend sa place dans l’alimentation de la population malgré le fait que celui-ci ne prenne pas de grande importance durant la période de récolte de riz de grande saison. Le manioc est un aliment à basse valeur nutritive (dépourvu de protéines, vitamines et sels minéraux). Aussi, pour réduire cette vulnérabilité alimentaire des populations, ICCO/SAF-FJKM a expérimenté la domestication de l’igname (Dioscorea batatas) en 2010-2011. La variété introduite est méconnue par les Producteurs agricoles en dépit du fait qu’ils ont déjà consommé l’igname auparavant. 

Zohemana (49 ans), ses enfants et ses petits-enfants vivent dans le village de Sampona, District d’Amboasary Sud. En dépit des pluies irrégulières et sécheresses qui touchent le Sud de Madagascar, Sampona est situé dans une zone assez fertile. Ainsi Zohemana cultive le maïs et les patates douces. Zohemana est le chef d'une association d'agriculteurs appelée «Union Mitohisoa», qui fournit du maïs et des légumes secs dans le cadre du programme d'achats locaux du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Le principal objectif de ce programme est d’appuyer la productivité des petits producteurs et leur capacité de commercialisation, particulièrement des femmes chefs de ménage, afin d’améliorer leurs revenus, contribuant ainsi à lutter contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté dans le milieu rural. Les achats locaux contribuent à stimuler l’économie et l’agriculture locale. Les agriculteurs reçoivent une formation technique leur permettant d'améliorer la quantité et la qualité des productions. Ainsi, ils peuvent vendre collectivement leurs surplus de production au PAM.

En dépit des faibles pluies et des sécheresses récurrentes qui frappent le sud de Madagascar, le village de Berano, dans le district Amboasary (région Anosy) est producteur. Il se situe à proximité de la Rivière Mandrare. Le maïs, les patates douces, les haricots et les légumes verts poussent ici en abondance. Le village est isolé et les routes locales sont en si mauvais état que transporter des marchandises telles que les productions agricoles, de Berano vers des zones de marchés, était auparavant très difficile. Depuis le mois d'août 2015, Berano fait partie d'un programme d’Argent contre la création d’Actifs permettant à quelque 560 villageois de travailler ensemble à la réhabilitation de neuf kilomètres de route rurale reliant Berano au village voisin de Tanandava. 

Qu’est-ce qu’un périmètre irrigué ? C’est le périmètre réellement arrosé par un réseau d’irrigation. Un périmètre irrigué peut être défini comme un domaine d'exploitation agricole sur lequel est aménagée une infrastructure d'irrigation. Le champ est souvent consacré à la riziculture mais il peut convenir à d’autres cultures lors de la contre saison : haricots, niébé, cultures maraîchères… Les aménagements et irrigations sont cruciaux pour ces champs dont la production dépend de l’eau et sa disponibilité.  

Fiacrine Jaonanirina est une épicière qui vit à Ampagnarena Vohitsoa, un petit village situé à 8 km de Vangaindrano, dans la région Sud-Est de Madagascar. A 36 ans, elle est la mère de six enfants qui vont presque tous à l’école, le dernier étant encore trop jeune. Elle était une épicière comme les autres, vivant au rythme des soudures et des récoltes avant d’avoir pu bénéficier des appuis du projet AINA. En effet, elle gagnait 80.000 Ariary par mois grâce à la vente en temps de récolte mais n’obtenait que 50.000 Ariary par mois en temps de soudure ou « sakave » dans le dialecte local. La plupart de ses clients achètent à crédit dans ces moments-là. Quant à la vente des maniocs qu’elle cultivait, elle ne pouvait en obtenir que 70.000 Ariary.