FAO in Madagascar, Comoros, Mauritius and Seychelles

L’approche de Vivres ou Argent contre la création d’Actifs permet d’améliorer l’accès à la nourriture

Photos : AINA, 2016 – les travaux contre des vivres ou de l'argent

En dépit des faibles pluies et des sécheresses récurrentes qui frappent le sud de Madagascar, le village de Berano, dans le district Amboasary (région Anosy) est producteur. Il se situe à proximité de la Rivière Mandrare. Le maïs, les patates douces, les haricots et les légumes verts poussent ici en abondance. Le village est isolé et les routes locales sont en si mauvais état que transporter des marchandises telles que les productions agricoles, de Berano vers des zones de marchés, était auparavant très difficile.

Depuis le mois d'août 2015, Berano fait partie d'un programme d’Argent contre la création d’Actifs permettant à quelque 560 villageois de travailler ensemble à la réhabilitation de neuf kilomètres de route rurale reliant Berano au village voisin de Tanandava.

Ces travaux sont réalisés durant la période de soudure dans les zones les plus touchées par l'insécurité alimentaire. Pendant cette période, la disponibilité des vivres est réduite et les ménages vulnérables sont confrontés à une difficulté d’accès aux aliments.

Les activités permettent aux communautés d’éviter d’adopter les stratégies négatives de survie telles que la vente des stocks alimentaires, des biens ou des terres, le retrait des enfants de l’école ou encore la mendicité afin de se procurer de la nourriture. Elles permettent également à protéger les acquis du projet AINA au sein des ménages pendant les périodes de chocs.

Dans le cadre de la modalité Argent contre la création d’actifs, les bénéficiaires reçoivent en échange de leur participation aux travaux, un montant mensuel correspondant à un panier alimentaire pour un ménage de cinq personnes.

«La réparation de la route facilitera le transport des récoltes, soit par camion soit par chariot, de notre village vers le marché le plus proche», explique Soanahere, une mère célibataire de 37 ans qui vit avec ses trois enfants.

Chaque participant reçoit 150 000 ariary - environ 51 dollars - pour 50 jours de travail.

«Grâce à l’argent que j’ai reçu pour le travail accompli, j’ai pu acheter la nourriture dont j'ai besoin pour mes enfants et moi," raconte Soanahere.

Germain, 42 ans, participe à des activités de Vivres contre la création d’Actifs dans la région. Il est l'un de plus de 800 personnes recevant chaque mois des rations familiales de maïs et de légumineuses pendant 60 jours de travail.

« La nourriture fournie nous a permis de tenir jusqu’aux prochaines récoltes car sinon nous n’aurions rien à manger pendant de long mois » affirme Germain.

«Lorsque les routes sont bonnes, cela contribue à renforcer la relation entre les habitants des villages », dit Germain. "Mais surtout, les cultures peuvent circuler plus facilement d'un village à l'autre. Cela signifie que nous avons une plus grande variété de choses à manger. "

Ces programmes sont mis en œuvre par le projet AINA à travers le PAM en collaboration avec CARE International.

Grâce à ce projet financé par l'Union européenne, une aide alimentaire à 68 000 personnes pourra être fournie dans les régions du sud de l'île en situation d'insécurité alimentaire.

L’appropriation par les communautés a été cruciale pour renforcer la durabilité du projet. Ainsi dans le cadre de la Planification Communautaire Participative (PCP), les partenaires ont analysé avec la communauté comment les chocs récurrents affectent leurs moyens d’existence, et élaboré avec elles des activités de création d’actifs communautaires adaptées au contexte, tout en prenant en compte le genre.

Les bénéficiaires du projet, et spécifiquement les femmes, font partie du comité de ciblage et du comité de plaintes.
Les activités planifiées dans le cadre d’AINA s’inscrivent également dans la Planification Saisonnière des Moyens d’Existence (PSME). Cet exercice permet de développer un programme pluriannuel et multisectoriel au niveau régional, indiquant quels programmes devraient être mis en œuvre, pour qui, par quel partenaire, et à quel moment. 

 

(Co-auteurs : PAM, FAO)