FAO in Madagascar, Comoros, Mauritius and Seychelles
Photos : AINA, 2017 – Remandetsy et l’une de ces parcelles de production de semences / Semences de sorgho de qualité produits à Bekily

Malgré les irrégularités pluviométriques, la zone de Bekily parmi les plus touchés par la malnutrition aigüe dans le Sud de Madagascar, dispose d’un potentiel de production de semences. A cause de la situation de sécheresse qui a affecté cette zone à plusieurs reprises, la situation de dépendance aux aides humanitaires est de plus en plus observée. En effet, la production reste médiocre pour pouvoir constituer un stock suffisant pour les besoins en semences des environs directs de cette zone. De plus, ce sont généralement des graines triées à partir des récoltes et dont la qualité dégénère d’année en année, qui sont utilisées pourtant les ménages producteurs sont conscients que l’accès à des semences de bonne qualité et adaptée est une des conditions d’une bonne productivité.

Le projet AINA, à travers AIM, a mobilisé tous les intervenants à collaborer pour la multiplication locale des semences. L’objectif en est de faciliter l’accès des producteurs vulnérables aux semences de qualité et adaptée. Comme il s’agit d’un appui de proximité visant à aider les ménages en difficulté, cette initiative a été menée au niveau des 09 Communes les plus vulnérables du District. A travers la collaboration avec la Direction Régionale en charge de l’Agriculture et de l’Elevage à Androy et l’Agence Nationale de Contrôle Officiel des Semences (ANCOS), le projet AINA a identifié et formé 72 Producteurs multiplicateurs de semences (PMS) en termes de législation semencière et de maîtrise des normes SQD (Semences de Qualité Déclarée). Ces formations ont été suivies d’une mise à disposition de semences de démarrage adaptées aux conditions locales. Les techniciens d’AIM ont assuré les formations et recyclage en techniques de production améliorées et les ont accompagnés tout au long du processus de production.

Au terme du projet, la multiplication locale de semences SQD a permis d’approvisionner 5 959 ménages producteurs qui ont pu cultiver 579 hectares durant la campagne 2016-2017. Les spéculations touchées sont : le riz, le manioc, le sorgho, le niébé, l’arachide, le pois de terre, l’igname, le haricot, les patates douces. La mise en place de la chaine de solidarité semencière entre chaque PMS et sa communauté a permis d’améliorer la disponibilité alimentaire au niveau local par l’augmentation de la production globale. C’est le cas de Remandetsy, un producteur de semences de la Commune de Manakompy. A partir de sa production, 35 autres ménages ont pu avoir accès, d’une manière régulière, à des semences de sorgho de bonne qualité et bien adaptées aux conditions locales. Au début de l’initiative en 2014, il n’a pas hésité à tester la démarche sur sa parcelle d’un hectare. Trois ans plus tard, il est convaincu d’avoir pris la bonne décision d’autant plus que ses productions ont reçu la certification SQD de la part de l’ANCOS. Grâce à cette activité, il est devenu l’une des personnes les plus importantes de sa communauté.

Cette initiative a été une réussite car elle repose sur l’engagement de chaque PMS à suivre les conditions de production définies par les normes et l’utilisation des équipements et matériels agricoles plus adaptés : techniques culturales améliorées,   parcelles adéquates, utilisation de pompes à pédales et de kits de micro-irrigation...

 

Le prochain défi à relever sera la pérennisation des changements apportés. Il s’agit, dans le court terme, d’appuyer la structuration des PMS pour faire face aux enjeux de l’approvisionnement en semences de base. A moyen terme, ces PMS deviendront de vrais professionnels grâce à la mise en œuvre d’une stratégie orientée vers le marché. Cette stratégie est basée sur la valorisation de dispositifs tels que le système de distribution locale via la chaine de solidarité vers l’établissement des contrats de vente avec les boutiques d’intrants.

 

(Co-auteurs : AIM, FAO)