Maroc

Coopération Sud-Sud : l’expérience marocaine en appui au développement de l’agriculture en Afrique ! Le transfert d’acquis entre pays du Sud, des opportunités pour relever les défis de demain.

@FAO Maroc
16/09/2020

A l’heure où une intensification des actions pour lutter contre le changement climatique, combattre l’insécurité alimentaire et la malnutrition et réduire le nombre de personnes vivant dans la pauvreté, devient une nécessité, les échanges de solutions entre pays du sud offrent des perspectives intéressantes.

En effet, la Coopération Sud-Sud (CSS) permet le partage mutuel de connaissances, expériences, bonnes pratiques, technologies et ressources entre pays du sud et permet d’apporter des solutions différentes pour catalyser le développement agricole des pays en développement en vue d'accélérer les progrès vers la mise en œuvre des 17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.

Dans l’espace africain et arabe, le Royaume du Maroc, a multiplié les actions de coopération sud-sud. Enoncée dans la Constitution de 2011 et réitérée à l’occasion du retour du Maroc au sein de l’Union Africaine au début de 2017, la coopération sud-sud constitue aujourd’hui un instrument important de sa politique étrangère. Tout récemment, le Maroc a été particulièrement actif dans le cadre de la réponse à la pandémie. Plus ancienne, la coopération sud-sud dans le secteur agricole a également fait son chemin.

En effet en 2014, le Royaume du Maroc et la FAO signait le 23 avril un Accord général en appui à la coopération Sud-Sud qui marquait d’une pierre blanche le ferme engagement du Maroc d’accompagner les pays du continent africain dans leur marche vers un développement agricole rural et durable et une éradication de la faim.

Cet engagement s’est confirmé dans le cadre de programmation pays signé en 2017 par le Ministre de l’Agriculture, la Pêche Maritime, le Développement Rural, les Eaux et Forêts où la Coopération Sud-Sud et triangulaire occupe une place de premier plan.

A cet égard et parmi les actions menées, le Maroc a mis à la disposition des pays africains, à travers l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), un fonds fiduciaire doté d’environ 1.2 millions de dollars US pour la période 2014-2020 en faveur d’un appui au développement de l’agriculture en Afrique et du renforcement des capacités. Aujourd’hui, où en sommes-nous ? Et quelles sont les bonnes pratiques qui en ressortent ?

 Un programme de coopération sud-sud qui a suscité l’intérêt de nombreux pays d’Afrique

Considéré aujourd’hui comme un levier financier à la Coopération Sud-Sud tripartite entre le Royaume du Maroc, la FAO et le pays bénéficiaire, le fonds fiduciaire a suscité l’intérêt de beaucoup de pays qui ont exprimé leur souhait d’en faire bénéficier les populations qu’ils représentent, dans l’objectif d’accroître leur productivité agricole et d’améliorer la gestion des ressources naturelles.

A ce jour, cinq (5) accords tripartites de coopération sud-sud ont été signés entre le Royaume du Maroc, la FAO et la République de Guinée, la République de Guinée Bissau, la République du Mali, le Royaume d’Eswatini et la République du Niger. D’autres pays ont exprimé également leur souhait de faire partie de cette dynamique, si le fonds est prolongé.

Un programme de coopération sud-sud qui a permis le renforcement des capacités de plus de 200 personnes directement

Par l’entremise du fonds fiduciaire pour l’appui au développement des projets de coopération Sud-Sud, plus de 200 personnes originaires des pays voisins ont bénéficié de formations in situ qui leur ont permis d’approfondir leurs connaissances dans plusieurs domaines, notamment :

-          L’irrigation, l’horticulture et la fertilité des sols au profit d’une délégation Bissau-guinéenne composée d’une vingtaine de cadres et techniciens ;

-          Le développement des agropoles pour une délégation Malienne ;

-          L’innovation agricole et agroalimentaire dont a profité une délégation issue de la République de Guinée ;

-          La modernisation de la production horticole, par l'introduction de la production en serre et l'amélioration de la culture en plein champ, pour une délégation issue du Royaume d’Eswatini ;

-          Les statistiques agricoles au profit de hauts cadres Nigériens.

Un programme de coopération sud-sud qui a permis des échanges à très haut niveau sur des questions de politiques agricoles

Ce programme de coopération sud-sud a permis des échanges politiques de haut niveau et marque de nouvelles perspectives de renforcement de la coopération entre les pays.

En effet, l’expérience du Maroc avec la mise en œuvre du Plan Maroc Vert (PMV), stratégie d’investissement du secteur agricole sur les 12 dernières années, a été partagée avec des délégations d’Eswatini et de Guinée Bissau dirigées par leurs ministres de l’agriculture respectifs au cours de l’année 2019.

De nombreux pays africains ont développé des stratégies d’investissement semblables au PMV mais se retrouvent souvent confrontés à une très faible mise en œuvre de ces plans.

Les rencontres entre ces délégations africaines de décideurs et leurs homologues dans les institutions marocaines concernées par la mise en œuvre du PMV leur ont permis de comprendre l’organisation, la gouvernance et les mécanismes financiers qui ont été mis en place pour le PMV.

Ils ont également visité les résultats sur le terrain avec des visites de fermes, de centres techniques, d’établissements de formation modernes et performants. Ces rencontres ont permis de toucher à des points clés tels que la gouvernance du secteur agricole et la répartition des investissements dans le secteur.

Un programme de coopération sud-sud qui apporte un soutien à la digitalisation du secteur agricole

En agriculture, l’enjeu de la transformation digitale est particulièrement important dans un contexte d’accroissement imprévisible de la variabilité météorologique. Aujourd’hui, il ne fait nul doute que le manque d’informations agricoles et l’absence de dispositifs de suivi fiables handicapent la prévention des risques, la gestion des urgences et la planification des actions de développement agricoles à court et moyen termes.

Face à ces contraintes, les technologies de pointe, comme la télédétection, les systèmes d’information géographique (SIG) et leurs applications demeurent une opportunité pour l'agriculture d'aspirer à un nouveau palier de développement durable et inclusif. Le dernier-né du programme de coopération Sud-Sud, en est un parfait exemple.

En effet, le projet de coopération entre le Royaume du Maroc, la FAO et la République du Niger est né d’une volonté de partager des initiatives de développement endogènes qui ont pour objectif de contribuer à l’inclusion digitale du Niger. Le projet vient renforcer les acteurs Nigériens impliqués par les connaissances, le savoir-faire et les compétences nécessaires en matière d’exploitation des techniques de l’observation de la terre pour l’élaboration de statistiques agricoles numériques fiables et à jour.

A ce jour, le projet a permis de créer une cellule transversale de géo-technologies au sein du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage au Niger, équipée en matériel et en ressources humaines, qui va permettre de former des profils adaptés au traitement des images de télédétection satellitaire et de drones et de transformer la collecte et l’analyse de données.

L’expérience marocaine en appui au développement de l’agriculture en Afrique se révèle efficace, en fonction des contextes, pour créer des emplois, construire des infrastructures et promouvoir les échanges techniques et commerciaux. À travers ces coopérations, la FAO a facilité les échanges d’expériences et de savoir-faire tant au niveau technique que des politiques agricoles en envoyant dans les pays bénéficiaires des experts et des techniciens et en recevant au Maroc des délégations de décideurs et d’experts au cours des dernières années.