Maroc

Entre les mailles des filets des ramendeuses de Belyounech

@FAO/Lina Touri
30/08/2019

Il est de ces endroits, où le nœud est roi. Lors d'une formation organisée un mardi matin du mois d’aout 2019, le bruit de fond est particulièrement révélateur. Des chuchotements et des rires résonnent alors que des femmes s’installent dans une salle comble. Au cours de cette journée, ces femmes de tout âge seront formées au ramendage ou l’art de réparer des filets de pêche.

A Belyounech, sur les versants de Jbel Moussa au nord du Royaume du Maroc comme ailleurs, les pêcheurs professionnels savent que la réussite d’une pêche dépend en grande partie du ramendage, une pratique artisanale où l’art du geste humain et la patience prédominent. Un filet mal réparé peut compromettre une opération de pêche. Fatima, Latifa et Hafsa en sont conscientes et sont prêtes à faire face à cette lourde responsabilité.

Avec d’autres femmes natives du village, elles ont décidé de se réunir pour s’affranchir des clichés sur le monde de la pêche et grâce à une formation organisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) les 27, 28 et 29 aout 2019, en collaboration avec Le Ministère de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts (MAPMDREF) et la Confédération Nationale de la Pêche Artisanale (CNPAM), les ramendeuses de Belyounech ont été initiés à l’art de manier le filet.

“Quand j’étais plus jeune, j’accompagnais souvent mon père en mer, où il nous arrivait d’attendre pendant longtemps, les filets que l’on jetait dans la mer”, exprime avec émotion Fatima. Pour cette femme veuve, cette formation à la fois pratique et théorique vient à point nommé pour se perfectionner dans la réparation des déchirures, et connaître la grosseur du fil, les différents maillages, , la qualité des nappes et le sens du filet.

Pour Latifa, « cette formation est un retour aux sources, une sorte de pérennisation d’une tradition familiale transmise de génération en génération » exprime-t-elle avec fierté à Hafsa, qui vient de se lancer dans cette belle aventure. En suivant les instructions du formateur, en cette chaude journée d'août,  Mme Fatima Makhnass, s'affaire à redonner une seconde vie aux filets de pêche usés. A côté d'elle, une autre femme lui passe ses outils.

Cette rencontre, qui rentre dans le cadre des activités du projet : « Renforcement du rôle des organisations professionnelles de la pêche artisanale dans la gouvernance des pêches au Maroc » vise à réhabiliter certains métiers maritimes qui tendent à disparaitre, avec l’arrivée des filets synthétiques et l’industrialisation des filières, particulièrement celui de raccommodeur de filets de pêche et à renforcer les capacités des femmes ramendeuses et membres de coopératives à Belyounech.

Cet atelier a été l’occasion de réunir durant trois jours différents acteurs impliqués dans le secteur de la pêche artisanale dans la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima et a vu la participation de plusieurs représentants du Département de la Pêche Maritime du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural, des Eaux et Forêts, des membres de la Confédération Nationale de la Pêche Artisanale au Maroc (CNPAM).

Pour rappel, ce projet s’articule autour d’un premier volet visant au renforcement des capacités et des connaissances des acteurs de la pêche artisanale et de ses activités connexes à travers une série de 14 ateliers qui portent sur diverses thématiques techniques, managériales et de sensibilisation à une pêche durable et amélioration des conditions socioéconomique des pêcheurs.

Ces ateliers couvrent l’ensemble des régions côtières du Maroc. Actuellement, trois formations ont été réalisées. Il s’agit de : la Commercialisation des produits de la pêche (Mdiq, Méditerranée), l’Initiation aux techniques de mytiliculture et la sensibilisation au respect des plans d’aménagement des pêcheries (Chmaala, Méditerranée) et le Ramendage des filets de pêche (Belyounech, Méditerranée).