Les 26 et 27 juin 2024, Rabat a été le théâtre d'un événement marquant pour l'agriculture marocaine : un atelier organisé par la Représentation de la FAO au Maroc et consacré à l’adaptation d’un programme national des Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (SIPAM) au Royaume du Maroc. Cet atelier a réuni plus de 60 participants, dont des représentants gouvernementaux, des experts agricoles, des chercheurs et des acteurs de la conservation, tous animés par une même volonté : comprendre et adapter les SIPAM au contexte marocain.

Le Royaume du Maroc, avec ses paysages variés et ses agroécosystèmes uniques, se présente comme une terre promise pour les SIPAM. Déjà détenteur de trois sites accrédités, le pays possède un potentiel immense avec des centaines de sites en attente de reconnaissance. Toutefois, l'urbanisation rapide et les changements climatiques menacent ces trésors écologiques. Pour contrer ces défis, le gouvernement marocain a mis en place un programme national audacieux visant à intégrer les SIPAM dans sa stratégie agricole, avec l'appui de la FAO. C’est cette vision ambitieuse qui a inspiré l'organisation de cet atelier.

Dès l'ouverture, le discours de M. Nahid Bezzaz, Chef de service des partenariats à la Division de l'ingénierie des projets à la Direction du développement de l’espace rural et des zones  de montagnes au Ministère de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, a donné le ton de cet atelier ambitieux. Ils ont été suivis par une présentation captivante des concepts SIPAM, mettant en lumière l'importance et l'urgence de préserver ces systèmes agricoles traditionnels et ingénieux. La Représentation de la FAO au Maroc et le Département de l'Agriculture ont partagé des témoignages poignants sur les sites SIPAM existants, révélant leurs bénéfices inestimables et les leçons précieuses tirées de leur gestion.

L'échange d'expériences sur la gouvernance SIPAM a été l'un des moments forts de cet atelier. Le modèle tunisien, avec sa coordination efficace entre le gouvernement, les communautés locales et les partenaires internationaux, a inspiré les participants. L'expérience valencienne, mettant en avant la gouvernance locale et l'implication communautaire, a également offert des perspectives enrichissantes. Ces échanges ont montré que la collaboration et l'engagement communautaire sont essentiels pour le succès des SIPAM au Maroc.

Les discussions ont également souligné la nécessité cruciale de renforcer les capacités locales et d'améliorer la gestion des ressources naturelles, notamment l'eau. Dans un contexte de changement climatique, l'adoption de technologies innovantes et de pratiques agricoles durables est devenue indispensable. Les participants ont insisté sur l'importance de l'irrigation efficiente, de la réutilisation des eaux usées traitées et de l'adoption de techniques de culture résilientes. Ces pratiques sont vitales pour maximiser l'efficacité des ressources et assurer la durabilité des systèmes agricoles marocains.

Un autre aspect crucial abordé a été la valorisation des produits issus des SIPAM. En mettant en avant leur qualité exceptionnelle, le Maroc peut non seulement améliorer la rentabilité des producteurs locaux, mais aussi renforcer sa position sur les marchés internationaux. Les discussions ont mis en lumière des stratégies de marketing innovantes, la certification des produits et la promotion de labels de qualité. Ces initiatives visent à différencier les produits SIPAM et à attirer des consommateurs de plus en plus soucieux de l'environnement et de la qualité. Cela représente une opportunité en or pour les agriculteurs marocains, leur offrant non seulement des perspectives économiques, mais aussi une reconnaissance internationale pour leurs pratiques durables.

L'atelier a également souligné le rôle essentiel de la recherche et de l'innovation dans le développement des SIPAM. Les institutions de recherche marocaines, en partenariat avec des experts internationaux, ont un rôle clé à jouer. Elles sont à la pointe de l'identification de nouvelles variétés de cultures et de la promotion de pratiques agricoles durables. La collaboration étroite entre chercheurs, agriculteurs et décideurs politiques est indispensable pour créer un environnement propice à l'innovation. Cette synergie est cruciale pour le développement et la pérennisation des SIPAM, garantissant que les solutions agricoles innovantes répondent aux défis locaux tout en s'alignant sur les meilleures pratiques mondiales.

L'atelier s'est conclu sur une note optimiste avec la présentation d'une feuille de route ambitieuse pour le développement des SIPAM au Maroc. Les régions de Marrakech Safi, Oriental, Beni Mellal Khenifra et Tanger El Hoceima se sont engagées à promouvoir le concept SIPAM à l'échelle nationale. Cet événement a renforcé la compréhension et l'appropriation des SIPAM, illustrant l'ambition du Maroc de devenir un leader régional dans ce domaine. Avec la Direction du Développement de l'Espace Rural et des Zones de Montagne en charge des activités SIPAM, le Maroc est bien positionné pour avancer vers un avenir durable où le patrimoine agricole est non seulement préservé, mais aussi valorisé pour les générations futures.

En conclusion, l'atelier de Rabat a été un succès retentissant, jetant les bases d'un avenir prometteur pour les SIPAM au Maroc. Les discussions riches et variées ont permis de tracer une feuille de route claire pour l'intégration des SIPAM dans la stratégie agricole nationale, tout en tenant compte des spécificités locales et des défis globaux. Le Maroc, avec sa vision ambitieuse et son engagement envers la durabilité, est en passe de devenir un modèle régional dans la préservation et la valorisation du patrimoine agricole.

Les prochaines étapes consisteront à mettre en œuvre les recommandations de l'atelier, à renforcer les capacités des acteurs locaux et à mobiliser les ressources nécessaires pour soutenir le développement des SIPAM. En collaborant étroitement avec ses partenaires nationaux et internationaux, le Maroc peut non seulement préserver son riche patrimoine agricole, mais aussi en faire un levier de développement économique et social, tout en contribuant aux objectifs globaux de développement durable.