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La FAO soutiendra la Colombie dans ses efforts de maintien de la paix

Par José Graziano da Silva


28/07/2017

Je suis convaincu que le seul chemin vers à la paix est celui du dialogue, de la négociation, de la coopération, de l’inclusion et de l’égalité – c’est aussi la voie qui nous conduira au développement durable où personne n’est laissé pour compte. Tout le monde espère que ce qui se passe là-bas puisse être un exemple pour le monde entier.

Lors de ma récente visite en Colombie, j’ai eu l’opportunité de constater de première main comment l’accord de paix est mis en œuvre, et en même temps, de saisir les énormes défis que la consolidation de la paix comporte dans les différentes régions qui ont été libérées d’une guerre qui a perdurée plus d’un demi-siècle.

J’ai noté avec satisfaction les progrès dans la création d’un nouveau cadre institutionnel destiné à assurer la mise en œuvre complète des termes de l’accord de paix. Le rôle de ces institutions sera fondamental pour tracer la route vers le premier point de l’accord de paix qui cite : « une nouvelle campagne colombienne ».

La réalisation du programme de “réforme rurale complète” comporte trois défis immédiats pour lesquels la FAO peut apporter une contribution précieuse. 

Le premier est de créer et de fournir des alternatives viables et avantageuses, aux ménages ruraux et aux fermiers, pour remplacer les plantations illégales de coca, qui se sont énormément étendues ses dernières années. Pour cela – et cela fait partie de l’accord de paix – il est essentiel de créer des chaînes de valeur en reliant la production et la consommation alimentaire et de s’assurer que les fermiers aient accès aux marchés locaux. Mon expérience passée au Brésil a démontré que les programmes publics d’achats de produits fermiers locaux pour les programmes d’alimentation scolaire peuvent, avec les transferts monétaires et les programmes reliés, accélérer ce processus. 

Le deuxième défi est celui d’assurer une production agricole durable, ce qui comportera une gestion de la déforestation liée à la génération de nouvelles terres arables. L’accord de paix nécessite une nouvelle campagne colombienne écologiquement et socialement durables, et il est fondamental que de bonnes incitations soient offertes pour s’assurer que les communautés locales soient rétablies et réintégrées dans la vie civile tout en protégeant l’environnement. La FAO peut contribuer à ce processus à travers les Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire.

Troisièmement, nous devons nous assurer que la santé des plantes et des animaux ne soit pas ignorée, notamment les maladies transfrontalières, dont la propagation sera affectée par le changement climatique et la fin du conflit armé. Malgré les efforts du gouvernement et du secteur de l’élevage, une récente épidémie de fièvre aphteuse dans la ville de Yacopí près de Cundinamarca, a lancé l’alarme. L’expérience de la FAO dans la facilitation d’échange d’informations et de bonnes pratiques à travers l’initiative de Coopération Sud-Sud, a ici, beaucoup à offrir.

La paix a été convenue et doit maintenant être maintenue 

Atteindre la paix fut un grand accomplissement, la maintenir peut devenir une tâche plus difficile encore pour la Colombie.

Un pas dans cette direction est la création d’institutions nécessaires comme l’Agence du renouvellement territorial, avec laquelle la FAO a récemment signé un accord de coopération et qui jouera un rôle fondamental. Mais une institution en soi n’est pas un geste suffisant – la consolidation durable de la paix nécessitera des résultats concrets et des exemples positifs d’un nouveau modèle participatif donnant voix à la société civile et fournissant aux agriculteurs l’accès aux marchés et à la terre.

La FAO, avec l’Union européenne, le PNUD et Via Campesina, s’associent avec le gouvernement colombien dans ce processus et elle a été désignée pour apporter un soutien dans la mise en œuvre du premier article de l’accord de paix, vers la réforme rurale complète et une nouvelle campagne colombienne.

Pour accélérer les évènements, le Président Juan Manuel Santos et moi avons annoncé à Bogotá vendredi dernier, 8,8 millions de dollars d’investissements dans des initiatives conjointes à travers l’Agence de renouvellement territorial (ART) pour rétablir les moyens de subsistance dans les régions les plus touchées par le conflit armé. Ces projets nous permettront de travailler avec 2 700 ménages dans six municipalités et de soutenir la reprise sociale et productive de leurs territoires, en augmentant leurs revenus et en renforçant les économies locales  

Alliance avec l’Union européenne 

Nous avons un allié parfait dans cet effort : l’Union européenne.

Lors de cette mission, j’ai eu le plaisir de partager la compagnie de Neven Mimica, Commissaire européen à la coopération internationale et au développement. Ce séjour a fourni l’occasion de réitérer nos efforts conjoints dans ce processus de paix historique en Colombie. 

Effectivement, il était très significatif pour moi, que notre rencontre avec le Président Santos au Palais Nariño se déroule sous le regard optimiste du tableau « Victoire de la paix » du peintre colombien Alejandro Obregón.

Le Commissaire Mimica et moi avons annoncé une alliance sur deux ans qui nous permettra de fournir de l’assistance technique aux différentes entités gouvernementales, y compris les ministères de l’agriculture et de la prospérité sociale.

Nous vivons un moment historique destiné à ouvrir un nouvel chapitre pour la Colombie, qui peut compter sur le plein soutien de la FAO sur un chemin riche en possibilités.

 

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