Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord

Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse 2024 : Unis pour la terre, notre héritage, notre avenir

19/06/2024

L’avenir de nos terres fait face à des défis majeurs, puisque près de 40 pour cent des terres de la planète se sont déjà dégradées. Les terres salubres, essentielles pour fournir 95 pour cent de notre alimentation, de nos vêtements, de nos abris, de nos emplois et de notre protection contre les catastrophes naturelles, disparaissent à un rythme alarmant - soit l’équivalent de quatre terrains de football par seconde, ou 100 millions d’hectares par an. La région du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord (NENA), qui couvre 14,9 pour cent de la surface de la Terre et abrite près de 420 millions de personnes, est confrontée à d’importants problèmes de terres arables, de sols fertiles et de ressources en eau. Seuls, 6,8 pour cent des terres de la région sont propices à l’agriculture, soit environ 0,21 ha par personne. Des pays comme les Émirats arabes unis, la Mauritanie, Oman et l’Arabie Saoudite disposent de moins d’un pour cent de terres arables, ce qui pose des problèmes considérables en termes de productivité agricole et de sécurité alimentaire.   

Le climat aride, les températures extrêmes et les précipitations limitées dans la région NENA se traduisent par des sols à faible teneur en matières organiques et à structure médiocre. La production agricole dans la région est dominée par des systèmes pluviaux typiques des zones arides et semi-arides alimentés par moins de 400 mm de précipitations annuelles. Ces zones couvrent 85 pour cent des terres et abritent environ 60 pour cent de la population. Inversement, l’agriculture irriguée, qui s’appuie de plus en plus sur les eaux souterraines, utilise 85 pour cent des ressources en eau renouvelables et se limite à 30 pour cent des terres arables, sauf pour le cas de l’Égypte. L’agriculture familiale à petite échelle, responsable de plus de 80 pour cent des cultures et des produits d’élevage, est confrontée à de nombreux défis, notamment la pénurie d’eau, la dégradation des sols et un soutien institutionnel limité. Environ 45 pour cent de l’ensemble de la surface agricole sont exposés à la salinité, à l’épuisement des nutriments du sol et à l’érosion par le vent et l’eau. En 2012, on estimait que 20 pour de la population vivaient sur ces terres dégradées principalement situées dans les zones marginales et les zones dites à la traîne de la région MENA.                 

S’attaquer à la santé et à la dégradation des sols   

Les pratiques non-durables de gestion des terres ont entraîné une dégradation importante des sols dans la région NENA. Les études sur la dégradation des sols dans la région MENA au cours des deux dernières décennies révèlent une dégradation globale des sols qui va de 40 à 70 pour cent. Des problèmes tels que la déforestation, l’utilisation excessive de produits agro-chimiques, le labourage fréquent et le surpâturage contribuent à cette dégradation. La santé des sols est essentielle pour une agriculture durable, et la dégradation a des répercussions considérables sur la sécurité alimentaire et la santé humaine. C’est pourquoi, la promotion de pratiques de gestion durable des sols est primordiale pour la restauration de la santé des sols, l’accroissement de la productivité agricole et l’amélioration de la sécurité alimentaire dans la région NENA.   

Les stratégies efficaces comprennent l’amélioration des méthodes d’irrigation afin de minimiser le gaspillage d’eau et la salinisation, la gestion de la couverture du sol pour prévenir l’érosion et maintenir l’humidité, et la conservation des résidus de culture pour enrichir le sol en matières organiques. L’optimisation de la sélection des cultures et de leur calendrier permet de s’assurer que les cultures sont bien adaptées aux conditions climatiques et aux sols, réduisant ainsi la nécessité d’utiliser des intrants chimiques et renforçant la résilience face à la variabilité climatique. Le contrôle de la qualité de l’eau d'irrigation permet de prévenir la contamination et la dégradation des sols. En outre, des pratiques telles que la rotation des cultures, l’agroforesterie et l’utilisation d’engrais organiques peuvent contribuer à l’amélioration de la structure et de la fertilité des sols, favorisant ainsi leur durabilité à long terme. La mise en œuvre de ces stratégies nécessite de conjuguer les innovations technologiques, l’éducation des agriculteurs et les politiques de soutien afin de créer un environnement propice à la gestion durable des terres.   

Le travail de la FAO dans le développement des capacités pour la gestion durable des sols dans la région NENA   

En cette journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse, nous soulignons les efforts cruciaux de la FAO dans la lutte contre la dégradation des sols dans la région NENA. Le projet de la FAO, «Développement des capacités pour la gestion durable des ressources en sols dans la région NENA afin d’atteindre les objectifs de développement durable», est une initiative fondamentale visant à relever les défis urgents de la désertification, de la dégradation des sols et de la sécheresse. En s’alignant sur les Objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’ODD 2 (Faim zéro) et l’ODD 15 (Vie terrestre), la FAO a mis en œuvre une stratégie globale pour améliorer la santé des sols et la productivité agricole. Cette initiative a permis d’évaluer et de renforcer les capacités de 34 laboratoires de sols relevant des Ministères de l’agriculture dans des pays tels que la République d’Iraq, le Royaume hachémite de Jordanie, la République libanaise, le Royaume du Maroc, le Sultanat d’Oman, la Palestine, la République du Soudan, la République arabe syrienne, la République tunisienne et la République du Yémen. Grâce à des sessions de formation sur mesure dédiées à 227 techniciens et responsables de laboratoires, le projet s’est concentré sur des aspects clés tels que les procédures opérationnelles standardisées, l’assurance qualité, la calibration des équipements et l’interprétation des résultats des analyses de sol. Ces efforts garantissent que les experts nationaux sont bien équipés pour lutter contre la dégradation des sols et promouvoir des pratiques de gestion durable des sols.   

La FAO a, en outre, renforcé de façon significative la collaboration régionale et interrégionale sur la gestion durable des sols à travers le Partenariat NENA sur les sols. Cette collaboration a permis de faciliter l’échange de connaissances et de stratégies entre les pays bénéficiaires. Dans le cadre de ce projet, ont été organisées plusieurs réunions de prise de décision, y compris les 6e, 7e et 8e réunions plénières du Partenariat NENA sur les sols, qui ont été cruciales pour le développement et l’examen des plans d’action régionaux et des stratégies pour 2023-2024. Ces réunions, en plus de la participation aux 9e et 10e sessions de l’Assemblée plénière du Partenariat mondial sur les sols, ont permis de s’assurer que les priorités régionales s’alignent sur les cadres mondiaux de gestion des sols. En hébergeant les cartographies des sols dans le centre de découverte du Système d’information mondial sur les sols (GloSIS) et en rendant tous les résultats du projet librement accessibles, la FAO a assuré la durabilité technologique et économique. Cette initiative ne s’attaque pas seulement à la dégradation immédiate des sols, mais favorise également la résilience à long terme contre la désertification et la sécheresse, garantissant ainsi un avenir durable pour la région NENA.  

Le rôle de la FAO et les initiatives de collaboration   

Les tempêtes de sable et de poussière ont un impact significatif sur la région NENA, exacerbant la dégradation de l'environnement, les questions climatiques, les problèmes de santé, le déclin de l’agriculture et les défis socio-économiques. Les tempêtes de sable et de poussière ont été identifiées comme l’un des défis les plus critiques dans la région, comme cela a été souligné lors de la COP28.  

Des facteurs tels que la mauvaise gestion des terres, la désertification et le changement climatique ont augmenté la fréquence et l’intensité de ces tempêtes, menaçant la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance. La lutte contre les tempêtes de sable et de poussière nécessite des stratégies globales, notamment la gestion durable des terres et de l’eau, la réduction des risques de catastrophe et la coopération régionale. Grâce à des projets régionaux et spécifiques aux pays, la FAO renforce la capacité des pays NENA à adopter une agriculture intelligente face au climat, à améliorer les systèmes d’alerte précoce et à renforcer la résilience face aux impacts des tempêtes de sable et de poussière. Grâce à des initiatives telles que la Coalition pour la lutte contre les tempêtes de sable et de poussière, la FAO fournit une expertise technique, facilite l’échange de connaissances et promeut des projets de collaboration visant à améliorer les pratiques de gestion des terres et de l’eau, la résilience climatique et la réduction des risques de catastrophe. [Text Wrapping Break]Le rapport «Processus de planification d'urgence pour catalyser les investissements et les actions visant à améliorer la résilience contre les tempêtes de sable et de poussière dans le secteur agricole en République islamique d'Iran» présente un cadre conceptuel pour évaluer et cartographier les dangers, les risques et les vulnérabilités liés aux tempêtes de sable et de poussière dans l’agriculture, en particulier dans la République islamique d’Iran. Il vise à établir une procédure exploitable à l’aide de données en ligne, d’images de télédétection et de modèles SIG afin de réduire l’impact des tempêtes de sable et de poussière sur l’agriculture. Le rapport présente des indicateurs spécifiques à l’agriculture pour l’évaluation des risques liés aux tempêtes de sable et de poussière et précise les étapes de leur développement. Il décrit également les cadres juridiques et institutionnels de l’Iran relatifs aux interventions en matière de tempêtes de sable et de poussière, délimite les responsabilités organisationnelles et met en évidence les principaux domaines d’action et les défis liés à la planification des mesures d’urgence face aux tempêtes de sable et de poussière, en se concentrant sur la ville d’Ahvaz. Compte tenu de l’exposition importante de l’Iran aux tempêtes de sable et de poussière en raison de sa situation dans la ceinture de poussière mondiale et des effets exacerbés du changement climatique, le rapport souligne la nécessité d’intégrer les réponses à court terme aux actions de développement à long terme afin de renforcer la résilience de l’agriculture face aux tempêtes de sable et de poussière.  

Le projet de gestion durable des terres pour l’amélioration des moyens de subsistance dans les zones dégradées d’Iraq illustre l’engagement de la FAO dans la lutte contre la désertification et la sécheresse dans la région NENA. Cette initiative s’aligne sur la stratégie plus large de la FAO visant à renforcer les pratiques de gestion durable des terres (GDT), qui sont essentielles pour inverser la dégradation des terres et promouvoir la résilience face aux impacts climatiques. Le projet, malgré les retards dus à l’instabilité politique et à la pandémie COVID-19, a franchi des étapes importantes en formant 103 décideurs et 500 ménages agricoles à l’agriculture de conservation et à l’agroécologie, et il est actuellement en train d’établir une stratégie nationale de GDT. Ces efforts contribuent directement aux objectifs de la FAO en renforçant les cadres politiques, en améliorant la productivité agricole sur 30 000 ha de terres et en impliquant 60 agents de vulgarisation dans les pratiques de GDT. Le projet espère également créer une plateforme nationale de gestion des connaissances afin d’assurer la diffusion des bonnes pratiques, soutenant ainsi l’objectif de la FAO de construire des écosystèmes résilients et d’améliorer les moyens de subsistance dans la région.  

Le projet «Renforcer la résilience de l'agriculture et de l'élevage grâce à une meilleure gestion des bassins versants et au développement de chaînes de valeur positives pour l’environnement dans le sud-est de la Mauritanie», actuellement facilité par la FAO, sera également discuté. Ce projet cible les populations rurales très vulnérables des régions du sud-est de la Mauritanie, où le changement climatique exacerbe les défis existants. Avec plus de 3 400 clubs d’auditeurs communautaires Dimitra (CLC) établis par la FAO à travers l’Afrique subsaharienne sur la base des expériences réussies pour les femmes et les jeunes en Mauritanie depuis 2012, la FAO apporte à l’initiative une richesse d’expertise en matière d’engagement communautaire. S’appuyant sur les enseignements tirés des projets précédents de l’approche champ-école agropastoral, l’initiative vise à doter les communautés locales des connaissances et des compétences nécessaires pour faire face efficacement aux impacts du changement climatique. L’intervention de la FAO est significative étant donné les tendances alarmantes de la désertification et de la sécheresse dans la région NENA, où la Mauritanie est particulièrement vulnérable. En promouvant des pratiques de gestion durable des terres, telles que la fixation des dunes et la restauration des berges érodées, l’approche de la FAO améliore non seulement la productivité agricole, mais atténue également les effets néfastes de la désertification qui menace les moyens de subsistance de millions de personnes dans la région. Ce projet souligne l’engagement de la FAO à donner aux communautés les moyens de s’adapter au changement climatique tout en encourageant des pratiques agricoles écologiquement durables, essentielles pour la résilience à long terme des populations vulnérables de la région NENA.