Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord

Famine projetée à Gaza: La FAO demande un accès immédiat pour livrer une assistance urgente et cruciale à grande échelle

De nouvelles données révèlent que la moitié de la population, soit environ 1,1 million de personnes, souffre d'une insécurité alimentaire catastrophique

Des personnes s'approvisionnant en eau pour l'usage domestique à cause des pénuries d'eau dues à l'escalade des hostilités en cours dans la bande de Gaza, Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza

©UNICEF/UNI488774/Al-Qattaa

18/03/2024

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) tire la sonnette d’alarme face à la détérioration rapide de la crise de la faim dans la bande de Gaza, où la famine pourrait survenir à n’importe quel moment entre ces jours-ci et le mois de mai 2024 dans les gouvernorats du nord, selon un nouveau rapport publié aujourd'hui par l’Initiative mondiale du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC). Le reste de la bande de Gaza risque également de connaître une famine dans le pire des scénarios, si les hostilités ne cessent pas et si l'aide humanitaire à grande échelle n'atteint pas ceux qui en ont le plus besoin. 

Les nouvelles données publiées aujourd’hui indiquent que l’ensemble de la population de la bande de Gaza fait face à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë et est classé dans les phases 3 (crise), 4 (urgence) ou 5 (catastrophe) de l’IPC. La moitié de la population, soit environ 1,1 million de personnes, fait face à une insécurité alimentaire catastrophique (phase 5 de l’IPC). En comparaison avec l’analyse précédente de l’IPC publiée en décembre 2023, l’insécurité alimentaire aiguë dans la bande de Gaza s’est aggravée et s’est élargie avec, respectivement, 79 pour cent et 92 pour cent de personnes supplémentaires confrontées à des niveaux catastrophiques de faim dans la période actuelle (mi-février - mi-mars) et la période de projection (mi-mars - juillet).  

«Cette analyse actualisée de l’IPC confirme ce que nous craignions tous: une détérioration rapide et profonde de la situation de la sécurité alimentaire à Gaza.  La moitié de la population fait face à des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire», a déclaré la Directrice générale adjointe de la FAO, Beth Bechdol. «Cela a atteint le niveau le plus élevé jamais enregistré, c’est du jamais-vu. En décembre, le précédent rapport de l’IPC a signalé que la famine pourrait survenir. Si aucune mesure n’est prise pour cesser les hostilités et faciliter l’accès à l’aide humanitaire, la famine sera imminente. Il est possible qu’elle soit déjà en train de se produire. Un accès immédiat est nécessaire pour faciliter l’acheminement de l’aide urgente et critique à grande échelle». 

Selon les dernières données de l’IPC, presque tous les ménages sautent des repas chaque jour et les adultes réduisent leurs repas afin que les enfants puissent manger. Dans les gouvernorats du nord, dans près de deux tiers des ménages, les gens ont passé des journées et des nuits entières sans manger au moins dix fois au cours des trente derniers jours. Des données récentes montrent que, dans les gouvernorats du nord, un enfant sur trois, parmi ceux âgés de moins de deux ans, est extrêmement mal nourri. 

La FAO a appelé à plusieurs reprises à des mesures urgentes pour sauver la population de Gaza. En novembre, le Directeur général QU Dongyu a appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza afin d’alléger les souffrances des civils et de faciliter la livraison de l’aide d’urgence. En mars, M. Qu a réitéré les préoccupations alarmantes de la FAO dans une allocution prononcée lors d’un événement organisé par le gouvernement italien: «La paix est une condition indispensable à la sécurité alimentaire et le droit à l’alimentation est un droit humain élémentaire». 

L’escalade des hostilités a interrompu l’approvisionnement en eau, en nourriture et en carburant, provoquant l’effondrement de tous les secteurs liés à l’alimentation, notamment la production de légumes, l’élevage, les pêcheries et l’aquaculture. 

Environ 60 à 70 pour cent des animaux producteurs de viande et de lait à Gaza ont été tués ou abattus prématurément pour répondre aux besoins alimentaires urgents découlant du conflit. 

La FAO est profondément préoccupée par les pertes importantes de bétail, qui est indispensable aux moyens de subsistance et à la survie des familles à Gaza. Fournir de la nourriture aux animaux n’est pas uniquement un moyen d’appuyer les moyens de subsistance ruraux ou un atout économique pour les familles concernées: garder l’animal d’une famille en vie et productif leur permet d’avoir à portée de main une source de protéines, de nutrition et de lait - ce qui est particulièrement crucial pour les enfants. 

«En tant que FAO, il est vital que nous nous concentrons sur tout ce qui est en lien avec le maintien en vie du bétail et, ainsi, assurer l’accès au lait, en particulier pour les enfants qui souffrent de malnutrition ou qui risquent de souffrir de malnutrition. En outre, les gens ont besoin d’avoir accès à des aliments nutritifs et à des légumes», a déclaré le Directeur du bureau des urgences et de la résilience de la FAO, Rein Paulsen. 

La FAO s’est mobilisée pour fournir des produits agricoles essentiels à Gaza dès que les conditions le permettent. La première priorité de l’Organisation a été d’acheminer de l’alimentation animale, en particulier 1 500 tonnes d’orge, à travers un ou deux des postes-frontières encore ouverts où la distribution alimentaire a lieu. Les 1 500 tonnes d’orge que la FAO espère livrer devraient être suffisantes pour fournir du lait à tous les enfants de moins de 10 ans à Gaza, soit environ 20 pour cent de l’apport calorique minimum quotidien recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. 

En plus, la FAO mobilisera d’autres équipements agricoles vitaux telles que des réservoirs d’eau, des kits vétérinaires et du carburant pour Gaza, dès que l’accès sera possible, afin de protéger le bétail et d’appuyer les moyens de subsistance. 

À propos de l’IPC 

La classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC) est une initiative innovante de plusieurs partenaires visant à améliorer l’analyse et la prise de décision en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. En utilisant la classification et l'approche analytique de l'IPC, les gouvernements, les agences des Nations Unies, les ONG, la société civile et d’autres acteurs concernés travaillent ensemble pour déterminer la gravité et l’ampleur de l’insécurité alimentaire aiguë et chronique et des situations de malnutrition aiguë dans un pays, conformément aux normes internationalement reconnues.

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