Amélioration en matière de nutrition: En Thaïlande, à la recherche d’une meilleure manière de lutter contre le gaspillage et de favoriser la prospérité


Par Jong-Jin Kim, Sous-Directeur général et Représentant régional de la FAO pour l’Asie et le Pacifique

Blanchiment du riz germé hang dans l’entreprise communautaire de production de riz germé Baan Na Lao, dans la province de Sakon Nakhon, en Thaïlande. Il s’agit là d’une initiative s’inscrivant dans le cadre d’un projet de la FAO et du Gouvernement japonais visant à réduire les pertes et le gaspillage de nourriture dans les microentreprises et les petites et moyennes entreprises de transformation des aliments intervenant dans la production de riz, de produits d’origine animale, de produits laitiers et de produits de la pêche, ainsi que d’aliments à grignoter. L’objectif du projet est de favoriser les pratiques durables. © FAO/Alisa Suwanrumpha

07/12/2023

Nous sommes tous responsables, dans une certaine mesure, des pertes et du gaspillage de nourriture, et chacun de nous est conscient de devoir faire davantage pour remédier à ce problème. Qu’ils soient le fait de particuliers passant de trop grosses commandes au restaurant ou cuisinant en trop grande quantité à la maison, ou de maraîchers jetant au rebut des fruits et légumes abîmés en raison d’un mauvais stockage, les pertes et le gaspillage alimentaires sont partout.

Heureusement, l’on s’emploie à définir et à mettre en pratique des mesures devant permettre non seulement de réduire les pertes et le gaspillage de nourriture, mais également d’améliorer les conditions et les moyens d’existence.

Un exemple notable en la matière est le travail effectué en collaboration directe avec des entreprises du secteur alimentaire du Royaume de Thaïlande. L’on a constaté en effet que, si la lutte contre les pertes et le gaspillage alimentaires était à l’ordre du jour dans les grandes entreprises du secteur de l’alimentation, elle ne figurait pas au rang de priorité pour les microentreprises et les petites et moyennes entreprises de Thaïlande, lesquelles sont responsables d’environ 91 pour cent des opérations de transformation des aliments.

À gauche/en haut: Les grains de riz polis sont placés dans le séchoir solaire en vue d’éliminer l’humidité accumulée lors du blanchiment du riz germé hang, dans l’entreprise communautaire de production de riz germé Baan Na Lao. À droite/en bas: Écaillage et nettoyage du poisson destiné à la préparation du «pla som», ou poisson acidulé, dans l’atelier «One» du groupe de transformation du poisson Baan Huai Bong, dans la province de Nong Bua Lam Phu, dans le nord-est de la Thaïlande. © FAO/Alisa Suwanrumpha.

Pour remédier à cet état de fait, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a entrepris, avec l’appui du Ministère de l’agriculture, des forêts et de la pêche du Japon, de repérer les pertes et le gaspillage de nourriture émanant de cinq sous-secteurs de transformation en Thaïlande: produits d’origine animale, produits laitiers, produits de la pêche, produits à base de riz et aliments à grignoter. En collaboration avec le Ministère de l’agriculture et des coopératives de Thaïlande et l’Université Mahidol, des équipes de chercheurs ont constitué un ensemble complet de données qualitatives couvrant quelque 195 microentreprises et petites et moyennes entreprises réparties dans 66 des 77 provinces que compte le pays. Cela a permis de mettre en évidence des points critiques en matière de pertes dans les opérations de transformation et de distribution ainsi que la cause sous-jacente du gaspillage alimentaire dans les secteurs de la vente au détail. Ces données issues d’enquêtes qualitatives ont été utilisées pour éclairer la formation d’un groupe de 25 représentants de microentreprises et petites et moyennes entreprises, lesquels ont ensuite bénéficié d’une formation pratique concernant les bonnes pratiques permettant de mesurer et de réduire les pertes alimentaires, et ont reçu des pièces d’équipement simples censées les aider à réduire les pertes et le gaspillage de nourriture.

La formation pratique ainsi offerte a eu des bénéfices concrets et des retombées positives pour les personnes concernées, leur famille et leur entreprise. Les nouveaux savoirs qui ont été acquis ont permis non seulement de réduire le gaspillage de nourriture, mais également d’accroître de 17 pour cent les revenus de ces entreprises.

M. Nattapol Tangsuphoom (à gauche), de l’Institut de la nutrition de l’Université Mahidol, montre comment utiliser le pH mètre sur des échantillons de poisson en conserve à l’atelier «One» du groupe de transformation du poisson Baan Huai Bong. © FAO/Alisa Suwanrumpha.

Réduction des pertes et du gaspillage alimentaires: l’argument économique

En ce qui concerne les aspects techniques, les responsables d’entreprise nouvellement formés ont fait état d’une baisse des pertes alimentaires qualitatives et quantitatives dans le cadre des opérations de transformation et de distribution. Il en est résulté des produits de meilleure qualité, ayant une plus longue durée de conservation. Grâce en outre à une amélioration des méthodes de stockage des produits, cela a contribué à la réduction du gaspillage de nourriture à l’étape de la vente au détail.

De plus, en raison de l’amélioration de la transformation et du suivi ainsi que du contrôle de la qualité des matières premières et des produits finis, ce groupe d’entreprises est parvenu à réduire de quelque 25 pour cent les pertes concernant les produits d’origine animale et de 55 pour cent les pertes concernant les produits de la pêche.

À long terme, ces améliorations devraient continuer d’aider à générer des bénéfices économiques pour ces entreprises de taille modeste. Un projet de stratégie nationale a également été mis au point, qui offre des orientations en vue de la poursuite de la lutte contre les pertes et le gaspillage alimentaires dans les microentreprises et les petites et moyennes entreprises de Thaïlande, en faisant fond sur les données probantes et les capacités institutionnelles acquises dans le cadre de ce projet. En fin de compte, le travail effectué devrait accroître les revenus des transformateurs et des détaillants de produits alimentaires, rendre davantage de produits locaux de haute qualité disponibles à l’achat et contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre des décharges.


S’il s’agit là de résultats concrets et importants en matière de prévention des pertes et du gaspillage de nourriture en Thaïlande, nous pouvons tous faire davantage pour contribuer à cet effort. Par exemple, la date de durabilité minimale inscrite sur l’emballage n’indique pas le moment à partir duquel un aliment ou un produit doit être jeté, mais sa période de fraîcheur optimale. Nous pouvons également tous préparer nos repas de manière plus réfléchie.

La recherche de meilleures manières de réduire les pertes et le gaspillage alimentaires est au cœur du Cadre stratégique de la FAO puisqu’elle contribue à améliorer la production (élimination des pertes), la nutrition (les aliments nutritifs ne sont pas gaspillés), l’environnement (les décharges sont moins remplies) et les conditions de vie de tous. 

3. Good health and well-being, 12. Responsible consumption and production, 13. Climate action