Ouverture officielle de la 37e session de la Conférence régionale de la FAO pour l’Asie et le Pacifique

Au cœur des débats, la question de savoir comment transformer les systèmes agroalimentaires et devenir un moteur de changement à l’échelle mondiale

Le Directeur général de la FAO, QU Dongyu, a appelé à une approche innovante, orientée vers l'action et ciblée sur les résultats.

©FAO/Sujeewa de Silva

20/02/2024
Colombo – Exploiter le potentiel d’une région dynamique afin de transformer la façon dont les aliments sont produits et distribués dans le monde, tout en luttant contre la faim et la pauvreté qui, hélas, demeurent répandues dans cette même région: voilà les défis cruciaux dont débattront les ministres de l’ensemble de la région Asie et Pacifique à l’occasion d’une réunion de quatre jours organisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui se tiendra à Colombo (Sri Lanka) cette semaine.

«Il nous faut réfléchir de manière innovante et pragmatique, en mettant l’accent sur l’obtention de résultats, si nous voulons procéder aux changements nécessaires en vue d’accélérer la mise en œuvre des stratégies nationales et mondiales visant à rendre les systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, dans l’allocution d’ouverture qu’il a prononcée aujourd’hui à l’occasion de la réunion ministérielle de la 37e session de la Conférence régionale de la FAO pour l’Asie et le Pacifique. «L’approche que nous suivons repose sur les éléments suivants: relèvement après la pandémie et les destructions d’infrastructures; réforme des systèmes et de la gestion de l’Organisation pour les adapter aux objectifs visés et les aligner sur son mandat; reconstruction du réseau et des capacités globales de la FAO; renaissance de l’Organisation dans l’optique d’un avenir meilleur», a ajouté le Directeur général.

L’agriculture, secteur critique

Lors de la cérémonie d’ouverture de la réunion, égayée par un spectacle éblouissant de chants et de danses traditionnels sri-lankais, le Président de Sri Lanka, M. Ranil Wickremesinghe, a souligné le rôle crucial que jouait le secteur agricole dans le relèvement du pays après la crise économique que celui-ci avait connu. Il a expliqué qu’en ce qui concernait l’économie, il s’était demandé quels résultats étaient à portée de main, quels secteurs étaient les plus porteurs, et le premier était l’agriculture. C’est donc à ce secteur, suivi de celui du tourisme, qu’il convenait d’accorder la priorité. Le Directeur général de la FAO a quant à lui salué la volonté de Sri Lanka de transformer ses systèmes agroalimentaires.

La séance d’ouverture était présidée par M. Mahinda Amaraweera, Ministre de l’agriculture et du secteur des plantations de Sri Lanka. Parmi les autres intervenants figuraient: M. Mohammad Abdus Shahid, Ministre de l’agriculture du Bangladesh et président de la précédente Conférence régionale; M. Kalaveti Vodo Ravu, Ministre des pêches et de la sylviculture des Fidji, qui a rendu compte de la troisième Réunion conjointe de la FAO et des ministres de l’agriculture et des forêts des pays membres de la Communauté du Pacifique; M. Hans Hoogeveen, Président indépendant du Conseil de la FAO; Mme Nosipho Nausca-Jean Jezile, Présidente du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA); Mme Anuka Vimukthi De Silva, du Mouvement pour la réforme agraire et agricole (MONLAR), qui représente des groupes de la société civile; Mme Amy Melissa Chua, responsable des partenariats de Grow Asia, qui a présenté un éclairage du point de vue du secteur privé.

La réunion de cette semaine s’étale sur quatre jours, une durée élargie par rapport aux réunions précédentes, qui permet davantage d’échanges entre les plus de 40 pays membres de la FAO que compte la région. Elle fait suite à la réunion des hauts fonctionnaires qui s’est tenue à distance du 31 janvier au 2 février 2024.

Un moteur économique

La région Asie et Pacifique compte aujourd’hui trois des cinq plus grandes puissances économiques au monde. En outre, au cours des 20 dernières années, de nombreux pays de la région sont sortis de la catégorie des pays les moins avancés et ont rejoint celle des pays à revenu intermédiaire.

Toutefois, la région a été touchée de manière disproportionnée par la pandémie ainsi que par des crises environnementales longues de plusieurs années, ce qui a freiné les progrès économiques et compromis les moyens d’existence des habitants, tandis que certaines des zones les moins résilientes ont vu leur production agricole fortement perturbée par les inondations, la sécheresse et les tempêtes tropicales.

La faim et d’autres formes de malnutrition persistent: près de 371 millions de personnes sont sous-alimentées dans la région Asie et Pacifique, où le coût d’une alimentation saine devient inabordable pour de nombreuses familles. Avant la pandémie, déjà, l’on constatait un ralentissement des progrès accomplis dans la lutte contre la faim, ce qui a mis en évidence l’importance qu’il y avait à transformer les systèmes agroalimentaires de la région pour les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.

Définir la voie à suivre

Lundi, les délégués participant à la Conférence régionale ont débattu de la voie à suivre, recensant à cet égard trois pistes qui s’offrent aux pays membres de la FAO en vue d’accélérer la transformation des systèmes agroalimentaires, à savoir l’adoption d’une approche scientifique basée sur des données factuelles, l’innovation et les technologies.

Il convient tout d’abord de définir les facteurs déclencheurs d’action et de concevoir, d’affiner et de mettre en œuvre des stratégies de transformation des systèmes agroalimentaires.

L’élimination de la faim nécessite en outre une forte augmentation des investissements et des financements consacrés à la transformation, aussi bien de la part des gouvernements que du secteur privé et d’autres institutions financières internationales.

Enfin, la région doit renforcer la résilience des secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de l’aquaculture ainsi que des forêts, tout en promouvant des solutions fondées sur la nature et en faisant de la science, de l’innovation et de la transition numérique une priorité pour les communautés de toutes tailles, ainsi qu’en diffusant des pratiques agricoles climato-intelligentes et peu énergivores.

Les ministres et les chefs de délégation participeront à plusieurs tables rondes. L’une d’elle portera sur les enseignements tirés de la pandémie ainsi que les conséquences de celle-ci pour la sécurité alimentaire et la nutrition, tandis qu’une autre sera consacrée à la modernisation et au passage au numérique des petites exploitations des secteurs de l’aquaculture et de l’élevage, au renforcement de la résilience grâce à la transformation des systèmes agroalimentaires et à la nécessité d’investir et de mobiliser des financements en faveur de la lutte contre la pauvreté et de la modernisation. Une troisième table ronde sera axée sur les manières d’économiser les aliments et l’eau et de réduire les pertes et le gaspillage alimentaires. Par ailleurs, les ministres et les chefs de délégation ont eu des échanges animés dans le cadre des manifestations spéciales sur les petits États insulaires en développement, les pays les moins avancés et les pays en développement sans littoral ainsi que des manifestations parallèles consacrées à des initiatives phares de la FAO, à savoir l’initiative 1 000 villages numériques et l’initiative «Un pays, un produit prioritaire».

Des priorités claires

Les débats s’appuient sur un ensemble de priorités régionales ayant été clairement établies par la FAO en consultation avec ses partenaires et un large éventail de parties prenantes. Dans tous les domaines dont il est question, la FAO fournit un appui aux pays membres de la région.

Les principaux axes de travail sont les suivants: accroître la production agricole pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition de façon respectueuse de l’environnement; accélérer la mise en place d’une gestion durable des ressources naturelles afin de préserver la biodiversité et d’agir pour le climat; promouvoir la transformation rurale inclusive pour obtenir des sociétés rurales équitables grâce à la croissance économique, à la création d’emplois et à la fourniture d’une assistance aux populations les plus vulnérables. Dans le cadre des travaux menés au titre de ces priorités, l’on accorde une attention particulière aux petits États insulaires en développement, aux pays les moins avancés et aux pays en développement sans littoral de la région.

«Je suis fermement convaincu que cette région peut devenir le moteur de changement, l’exemple dont le monde a besoin pour que tous les pays du monde accélèrent les efforts visant à atteindre, voire à dépasser, les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030», a affirmé le Directeur général de la FAO.

Pour qu’une telle transformation se concrétise, un engagement et une volonté politiques forts, des politiques porteuses, des investissements suffisants et des modèles fonctionnels innovants seront nécessaires, a-t-il ajouté.
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