COP28: Il faut agir sur le terrain pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens

Dubai – Il est temps de prendre des mesures concrètes pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens au niveau mondial, a déclaré samedi le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques ou COP28.

M. Qu Dongyu avait été invité à prononcer une allocution d’ouverture à l’occasion d’une manifestation parallèle de haut niveau sur le thème de l’action politique en faveur de l’environnement et de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens.

Les échanges étaient axés sur la préparation de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la résistance aux antimicrobiens, qui aura lieu en 2024. La manifestation était organisée par le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens, avec l’aide de la FAO, du Programme des Nations Unies pour l'environnement, de l’Organisation mondiale de la Santé et de l’Organisation mondiale de la santé animale, à savoir l’Alliance quadripartite.

«Agir sur le terrain. Voilà ce que nous devons faire avant tout», a déclaré M. Qu Dongyu à l’assemblée. «La FAO se tient prête à travailler avec vous.»

La table ronde était animée par la Directrice générale adjointe de la FAO, Mme Maria Helena Semedo. 

Le Vice-Premier Ministre et Ministre de la santé de Malte, M. Chris Fearne, a rappelé aux participants que la résistance aux antimicrobiens était une réalité qui concernait à la fois les êtres humains, les végétaux, les animaux et l’environnement. D’après lui, elle constitue une menace pour la sécurité alimentaire si les bêtes ne peuvent plus être soignées.

La Ministre d’État chargée de l’environnement de l’Ouganda, Mme Beatrice Atim Odwong Anywar, membre du Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens, a évoqué les répercussions de ce problème dans son pays et a dit que chacun devait prendre des mesures ambitieuses.

Le Sous-Secrétaire adjoint chargé de la diversité alimentaire auprès du Ministère du changement climatique et de l’environnement des Émirats arabes unis, M. Mohammed Mousa Alameeri, a mis en avant les liens existants entre la crise climatique et la résistance aux antimicrobiens.

Il s’agit de deux des menaces complexes qui pèsent actuellement sur la planète. La résistance aux antimicrobiens est à l’origine de près de 5 millions de décès chaque année; la plupart du temps dans des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. De plus, des éléments suggèrent que les changements causés par la crise climatique accélèrent la diffusion de maladies infectieuses, dont certaines sont pharmacorésistantes.

Cette année, la FAO a organisé dans ses locaux à Rome une série de réunions sur la résistance aux antimicrobiens. On citera notamment le Bilan après le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, qui a eu lieu en juillet, et la première session de l’Assemblée plénière de la Plateforme de partenariat multipartite sur la résistance aux antimicrobiens, qui a produit une série de recommandations.

Il a été recommandé entre autres choses d’étudier les possibilités de renforcer la collaboration entre les pays à revenu élevé et les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire; d’œuvrer avec les agriculteurs en faveur de la sécurité biologique, de la nutrition animale et de la prévention des maladies afin de limiter la nécessité de recourir à des antimicrobiens; de décloisonner l’action pour agir de manière unifiée.

Les répercussions de la résistance aux antimicrobiens

Les agents antimicrobiens servent à combattre et à traiter les maladies infectieuses chez les personnes, les animaux et les végétaux. Il s’agit des antibiotiques, des fongicides, des agents antiviraux et des parasiticides. Les désinfectants, antiseptiques et autres produits pharmaceutiques, ainsi que certains produits naturels, peuvent également avoir des propriétés antimicrobiennes.

La résistance aux antimicrobiens apparaît lorsque ces derniers n’ont plus d’effet sur les bactéries, les virus, les champignons et les parasites. Les antibiotiques et autres agents antimicrobiens deviennent inefficaces et les infections deviennent difficiles, voire impossibles à traiter, ce qui augmente le risque de propagation des maladies, de maladie grave et de décès.

Il s’agit d’une menace de plus en plus évidente, pressante et complexe, qui pèse à l’échelle mondiale sur la santé humaine et le développement, la santé animale, la salubrité des aliments et la sécurité alimentaire, ainsi que sur les écosystèmes.

Le changement climatique affecte les systèmes agroalimentaires: évolution du régime des précipitations, températures imprévisibles et augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes et de catastrophes, dont les sécheresses et les inondations. Les infrastructures peuvent être endommagées et la diffusion de maladies pharmacorésistantes peut s’accélérer. Il est donc crucial de prendre des mesures transversales concernant l’eau, l’assainissement et l’hygiène, ainsi que la gestion des eaux usées.

Les projets, programmes et une vaste gamme de produits du savoir de la FAO aident les pays à atténuer le changement climatique et à s’adapter à ses effets en réduisant ou en évitant les émissions de gaz à effet de serre.

On citera l’initiative mondiale décennale visant à réduire la nécessité de recourir aux antimicrobiens dans les systèmes agroalimentaires, ainsi que la plateforme de surveillance mondiale de la résistance aux antimicrobiens, conçue pour remédier au manque d'informations concernant les systèmes agroalimentaires.