Lutter contre les pertes et le gaspillage alimentaires pour accomplir des progrès sur trois plans

La FAO et le PNUE lancent un appel à l’action lors de la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture

© FAO/Riccardo De Luca

On pourrait nourrir 1,26 milliard de personnes souffrant de la faim chaque année avec la nourriture perdue et gaspillée.

©FAO/Riccardo De Luca

29/09/2022

Rome – La lutte contre le fléau que sont les pertes et le gaspillage alimentaires permet d’accomplir des progrès sur trois plans – climat, sécurité alimentaire et durabilité des systèmes agroalimentaires – et ne peut être reléguée au second plan en période de hausse de la faim et d’augmentation des prix des denrées alimentaires dans le monde.

La troisième Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture, célébrée aujourd’hui, a été marquée par un appel à l’action, qui a été lancé à l’occasion d’une manifestation internationale organisée en ligne depuis Rome par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Cette manifestation s’est tenue dans un contexte difficile, car la pandémie persistante de covid-19, la crise climatique à l’impact croissant et la guerre en Ukraine ont toutes contribué à une détérioration de la situation en matière de sécurité alimentaire et de nutrition dans le monde.

Selon le dernier rapport de la FAO sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, le nombre de personnes touchées par la faim a augmenté pour atteindre jusqu’à 828 millions en 2021, soit une hausse d’environ 46 millions par rapport à 2020 et de 150 millions par rapport à 2019. Au total, on estime que 3,1 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à une alimentation saine.

Par ailleurs, le rapport 2019 de la FAO sur La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture indique qu’environ 14 pour cent des denrées alimentaires (d’une valeur estimée à 400 milliards de dollars par an) sont encore perdues dans le monde après leur récolte et avant leur arrivée en magasin. En outre, d’après le rapport du PNUE sur l’indice du gaspillage alimentaire, 17 pour cent sont gaspillés au stade de la vente au détail et par les consommateurs, en particulier par les ménages. Selon les estimations de la FAO, on pourrait nourrir 1,26 milliard de personnes souffrant de la faim chaque année avec la nourriture perdue et gaspillée.

Ces pertes et gaspillages de nourriture représentent également 8 à 10 pour cent des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et contribuent à l’instabilité du climat et aux phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les sécheresses et les inondations. Ces dérèglements ont des répercussions négatives sur les rendements agricoles, peuvent entraîner une diminution de la qualité nutritionnelle des espèces cultivées et perturbent les chaînes d’approvisionnement.

Par conséquent, il est impératif d’accorder la priorité à la réduction des pertes et des gaspillages de nourriture afin d’assurer la transition vers des systèmes agroalimentaires durables qui permettent d’utiliser les ressources naturelles de manière plus efficiente, de réduire leurs incidences sur la planète et d’assurer la sécurité alimentaire et une bonne nutrition.

«Nous avons besoin d’une action collective pour intensifier les efforts visant à réduire les pertes et les gaspillages alimentaires tout en abaissant les émissions de gaz à effet de serre», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu. «Poursuivons notre collaboration de manière efficace, fructueuse et cohérente afin de sensibiliser et de mettre un terme aux pertes et aux gaspillages de nourriture. Il y va de la santé de l’humanité et de la planète.»

Un appel à l’action

À l’occasion de cette manifestation tenue à Rome, le pape François et la Vice-Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Mme Amina J. Mohammed, ont délivré un message et le Ministre de l’agriculture du Danemark, M. Rasmus Prehn, a prononcé un discours liminaire.

Des experts du monde entier ont ensuite participé à une table ronde intitulée «Produire des effets bénéfiques sur le plan climatique pour les populations et la planète en réduisant les pertes et le gaspillage alimentaires».

Il a été clairement demandé aux entités privées et publiques de l’ensemble du système agroalimentaire de passer à l’action sans plus tarder en évaluant et en réduisant les pertes et les gaspillages de nourriture et en faisant évoluer les comportements des consommateurs afin de diminuer de toute urgence ces gaspillages.

Pour y parvenir, il est nécessaire d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies, des politiques et des partenariats nationaux visant à donner un coup d’accélérateur aux mesures de réduction des pertes et du gaspillage alimentaires. Chacun des acteurs concernés à tous les niveaux a un rôle important à jouer, notamment les acteurs du milieu agricole, de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, des instituts de recherche et des universités, auxquels s’ajoutent «tous les consommateurs que nous sommes», comme l’a indiqué M. Qu.

«Dans les pays à revenu intermédiaire et les pays à revenu élevé, nous gaspillons chacun 74 kilogrammes en moyenne par an», a déclaré la Directrice exécutive du PNUE, Mme Inger Andersen. «La diminution de moitié du gaspillage de nourriture et la réduction des pertes de produits alimentaires font partie des efforts importants à consentir face à l’urgence climatique et aux crises alimentaires.»

La nourriture n’est jamais un déchet et si, par exemple, on adopte des pratiques circulaires, les aliments perdus et gaspillés peuvent être transformés en compost ou utilisés pour produire du biogaz, ce qui permet d’éviter les émissions nocives de méthane.

Une nouvelle déclaration

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 requiert une diminution de moitié du volume mondial de déchets alimentaires par habitant au niveau de la distribution et de la consommation et une réduction des pertes de produits alimentaires tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement, y compris des pertes après récolte (cible 12.3 des objectifs de développement durable). La réalisation de cet objectif contribuerait de manière significative à la lutte contre le changement climatique.

À la veille de la prochaine Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 27), qui se tiendra en 2022, les membres de la coalition Food is Never Waste, qui a été mise sur pied afin de porter les ambitions du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires (2021), ont élaboré une déclaration mondiale sur les pertes et le gaspillage alimentaires dans laquelle ils demandent aux gouvernements, aux entreprises et aux institutions de prendre des engagements volontaires en matière de réduction des pertes et du gaspillage afin d’accélérer les progrès permettant d’atteindre la cible des objectifs de développement durable.

«Nous devons accélérer la marche, car nous n’avons plus que huit ans devant nous pour atteindre la cible 12.3 des objectifs de développement durable, qui consiste à diviser par deux le gaspillage de nourriture d’ici à 2030 et à réduire les pertes de produits alimentaires d’au moins 25 pour cent», a déclaré la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed.

 

Définitions

D’après le rapport 2019 de la FAO sur La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture, les pertes alimentaires ont lieu du stade de la production à celui du commerce de détail (à l’exclusion de ce dernier).

Selon le rapport du PNUE sur l’indice du gaspillage alimentaire, le gaspillage alimentaire se produit lors de la vente au détail, dans les services de restauration et au niveau du consommateur.

Les pertes et le gaspillage de denrées alimentaires prennent de nombreuses formes: 

  • Les produits frais jugés imparfaits, notamment en raison de leur forme, de leur taille ou de leur couleur, sont souvent retirés de la chaîne d’approvisionnement au cours des opérations de tri.
  • Détaillants et consommateurs se débarrassent souvent des aliments dont la date limite de durabilité minimale est proche, atteinte ou dépassée.
  • Les ménages et les établissements de restauration jettent souvent de grandes quantités d’aliments inutilisés ou de restes de nourriture pourtant sains et comestibles.
Contacts

Nicholas Rigillo FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]

Keisha Rukikaire Responsable de Communication, Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) (+254) 20 7621 104 [email protected]