Conférence des Nations Unies sur l’eau de 2023: la FAO souligne l’importance de disposer de mécanismes de financement réactifs et novateurs face aux sécheresses

Pour le Directeur général, la faim ne pourra être vaincue qu’à la condition de «prendre les devants sur la sécheresse»

©FAO/Andrea Renault

Le Directeur général de la FAO, QU Dongyu, s'adresse à la Conférence des Nations Unies sur l'eau 2023 à New York

©FAO/Andrea Renault

23/03/2023

New York/Rome – L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a appelé de ses vœux l’existence de mécanismes de financement novateurs permettant de gérer des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et sévères dans un contexte général d’intensification des phénomènes climatiques extrêmes dont les premières victimes sont bien souvent les groupes de population les plus fragiles.  

«Le manque de ressources financières suffisantes, innovantes et rapidement accessibles reste un frein majeur à la gestion anticipative et intégrée des sécheresses», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, lors d’une manifestation spéciale organisée en marge de la Conférence des Nations Unies sur l’eau de 2023, à New York, sur le thème «La triple problématique sécheresse-fragilité-financements: comment gérer les risques liés à la sécheresse et surmonter les situations de fragilité»). 

La journée d’ouverture de la Conférence organisée du 22 au 24 mars à New York coïncidait avec la Journée mondiale de l’eau 2023, célébrée chaque année par les Nations Unies dans le but de sensibiliser à la crise du secteur de l’eau et de l’assainissement et de pousser la communauté internationale à agir. 

Parce que les sources, les mécanismes et les instruments de financement classiques peuvent ne pas toujours suffire à financer les investissements nécessaires dans la réduction des risques liés aux sécheresses et le renforcement de la résilience, «des mécanismes financiers réactifs et novateurs de gestion des problèmes de sécheresse doivent être clairement identifiés en tant que partie intégrante des financements de l’action climatique», a déclaré M. Qu à la Conférence.  

«La FAO sera aux côtés des pays pour les aider à attirer des financements de l’action climatique et introduire dans les systèmes agroalimentaires des innovations qui améliorent la résilience face aux aléas climatiques, en étant toujours dans l’anticipation», a ajouté le Directeur général. 

D’ores et déjà, la FAO soutient des plans nationaux de renforcement de la résilience face aux sécheresses à Cabo Verde, à Cuba, en Ouzbékistan, au Panama et au Viet Nam. Cette collaboration, qui s’inscrit dans un programme mondial financé par le Fonds pour l’environnement mondial, couvre 31 pays de toutes les régions du monde. 

Le Directeur général a également appelé à une plus grande participation du secteur privé et souligné la nécessité d’enrichir les connaissances mondiales dans ce domaine afin que les décisions d’investissement correspondent aux besoins actuels et aux évolutions prévisibles. 

«Nous ne pourrons éliminer la pauvreté et la faim qu’en prenant les devants sur la sécheresse», a affirmé M. Qu. 

Feuilles de route relatives à l’eau 

Actuellement, 2,3 milliards d’êtres humains vivent dans des pays en situation de stress hydrique, et environ 10 pour cent de la population mondiale vit dans des pays présentant un niveau de stress hydrique élevé ou critique. De plus, 80 pour cent des eaux usées sont rejetées dans l’environnement sans aucune épuration, et plus de 90 pour cent des catastrophes naturelles sont liées à l’eau. 

L’agriculture est responsable de 72 pour cent des prélèvements d’eau douce de la planète et sa consommation augmente pour satisfaire la hausse de la demande de denrées alimentaires, de fibres et d’aliments pour animaux. La solution est de commencer à utiliser l’eau d’une manière plus durable et équitable. 

Les Feuilles de routes nationales relatives à l’eau peuvent y aider. Pris en mains par les pays eux-mêmes, ces outils ont pour objectif de favoriser la gestion intégrée des ressources en eau dans les stratégies, les politiques et les plans d’investissement transsectoriels définis au niveau national en matière de développement durable. Une manifestation spécifique leur a été consacrée en marge de la Conférence. 

Ces feuilles de route peuvent contribuer à l’élimination de la faim et de la pauvreté et appuyer la réalisation des autres objectifs de développement durable «par des dialogues participatifs et des actions concrètes engagés par les pays eux-mêmes», a indiqué M. Qu lors d’une autre manifestation spéciale organisée lors de la Conférence, sur le thème «Des Feuilles de route nationales relatives à l’eau pour accompagner le Programme 2030».  

La FAO aide ses membres à articuler les feuilles de route avec les plans et stratégies existants et à accéder aux ressources financières nécessaires pour élaborer les feuilles de route et les mettre en œuvre.  

Le Directeur général a également annoncé l’engagement de la Chine à verser 1,5 million de dollars pour aider les pays à élaborer leurs feuilles de route dans le cadre du Fonds fiduciaire FAO-Chine pour la coopération Sud-Sud.  

Pénurie d’eau 

Durant la Conférence, le Directeur général de la FAO s’est aussi exprimé lors d’une manifestation parallèle sur le Cadre mondial contre la pénurie d’eau dans l’agriculture (WASAG), un partenariat hébergé par la FAO qui vise à rassembler des acteurs clés du monde entier et de différents secteurs afin de relever le défi collectif de la pénurie d’eau et d’une meilleure utilisation de l’eau dans l’agriculture pour assurer la sécurité alimentaire de tous.  

Cette manifestation était organisée dans le prolongement du 2e Forum international du WASAG tenu le mois dernier à Praia (Cabo Verde), qui avait pour but de mettre en avant l’agriculture et la placer au cœur des discussions sur le changement climatique.  

Le Directeur général a réaffirmé la détermination de la FAO à mettre tout en œuvre pour atteindre les objectifs définis par le Forum dans l’Appel à l’action de Praia, sous la direction de Cabo Verde, et indiqué que l’Organisation y travaillait déjà.  

Ces objectifs comprennent: 

  • encourager des actions plus collaboratives et stratégiques dans les pays et entre pays, comprenant à la fois des politiques publiques et des investissements, et associant toutes les parties concernées; 

  • élaborer des interventions tenant compte du climat et utilisant l’eau de façon productive pour l’agriculture en milieu aride, en étant particulièrement attentif aux besoins des femmes, des jeunes et des personnes âgées; 

  • donner aux agriculteurs l’accès à des solutions, des données et des technologies; 

  • devancer les problèmes liés aux sécheresses en utilisant les alertes rapides, en évaluant les impacts et en renforçant la résilience; 

  • élaborer des mécanismes de financement novateurs et faciliter l’accès des agriculteurs à des financements climatiques;  

  • faciliter l’échange et le partage des connaissances et des innovations, en combinant les savoirs autochtones, les sciences et technologies, et l’expérience des pays. 

Par exemple, l’initiative de la FAO en matière de lutte contre la pénurie d’eau pour l’agriculture et l’environnement accélère les activités menées dans ce domaine en s’appuyant sur les résultats de l’Initiative régionale sur la pénurie d’eau au Proche-Orient et en Afrique du Nord et en l’étendant à la région de l’Asie et du Pacifique. 

La FAO aide également les pays à mobiliser des ressources en facilitant leur accès à des financements, notamment par le biais du Fonds pour l’environnement mondial et du Fonds vert pour le climat, pour des projets ciblés sur différents enjeux parmi lesquels l’adaptation au changement climatique, l’adoption de cultures autochtones nutritives et résistantes à la sécheresse, et l’agriculture saline. 

«Le changement climatique aggrave la situation en perturbant le cycle hydrologique. Nous avons besoin de solutions pour réduire notre consommation d’eau et nous adapter au changement climatique», a insisté M. Qu.

Contacts

Nicholas Rigillo FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]