Afghanistan: l’aide humanitaire a permis de parer à une catastrophe en matière de sécurité alimentaire pendant les rudes mois d’hiver, mais la faim persiste à des niveaux sans précédent

Communiqué de presse conjoint FAO-PAM

Kaboul – Quelque 19,7 millions de personnes, soit près de la moitié de la population afghane, sont confrontées à une faim aiguë, d’après la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) effectuée en janvier et février 2022 par des partenaires du Groupe de la sécurité alimentaire et de l’agriculture, notamment l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies et de nombreuses ONG.

Le rapport prévoit une légère amélioration de la situation en matière de sécurité alimentaire pour la période juin-novembre 2022, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë devant tomber à 18,9 millions. Cela est dû en partie à la récolte prochaine de blé, qui aura lieu de mai à août, et à l’intensification bien coordonnée de l’assistance alimentaire humanitaire cette année, à quoi s’ajoute un soutien accru aux moyens d’existence dans le secteur agricole.

Cependant, les gains seront limités, indique le rapport. En raison de la sécheresse persistante et de la grave crise économique, une faim sans précédent continuera de menacer la vie et les moyens d’existence de millions de personnes en Afghanistan.

Une petite poche de niveaux d’insécurité alimentaire «catastrophiques» (phase 5 de l’IPC), constatée pour la première fois dans le pays depuis l’introduction de l’IPC en Afghanistan en 2011, est particulièrement préoccupante. Plus de 20 000 personnes dans la province de Ghor, dans le nord-est du pays, sont confrontées à des niveaux de faim catastrophiques en raison d’une longue période d’hiver rigoureux et de conditions agricoles désastreuses.

«L’aide humanitaire d’un niveau sans précédent déployée pour renforcer la sécurité alimentaire a amélioré les choses, mais la situation est terrible. Le besoin d’assistance humanitaire reste criant, de même que la nécessité de reconstruire les moyens d’existence détruits dans le secteur agricole et de remettre les agriculteurs et les communautés rurales en relation avec les marchés ruraux et urbains, qui sont en difficulté dans le pays. Tant que cela ne se fera pas, il n’y aura pas moyen de sortir de cette crise», a affirmé Richard Trenchard, Représentant de la FAO en Afghanistan.

«L’aide alimentaire et le soutien d’urgence aux moyens d’existence sont la bouée de sauvetage de la population afghane. En quelques mois, nous avons organisé la plus grande opération d’assistance humanitaire alimentaire au monde, venant en aide à plus de 16 millions de personnes depuis août 2021», a déclaré Mary-Ellen McGroarty, Directrice de pays et Représentante du PAM en Afghanistan.

«Nous travaillons avec des agriculteurs, des meuniers et des boulangers, formons des femmes et créons des emplois pour soutenir l’économie locale. Parce que les Afghans préféreraient de loin avoir des emplois, les femmes veulent pouvoir travailler, et toutes les filles devraient pouvoir aller à l’école. Le moyen le plus sûr de sortir de la crise est de permettre à l’économie de fonctionner normalement, sinon la souffrance va grandir là où les cultures ne peuvent pousser», a-t-elle ajouté.

La prochaine récolte apportera un certain soulagement à des millions de familles qui peinent à faire face à des pertes de revenus et à des pénuries alimentaires. Cependant, pour beaucoup, la récolte n’offrira qu’un soulagement à court terme et très peu de possibilités de relèvement. La guerre en Ukraine continue d’exercer une pression sur l’approvisionnement en blé, les denrées alimentaires, les intrants agricoles et les prix du carburant en Afghanistan. L’accès aux semences, aux engrais et à l’eau d’irrigation est limité, les possibilités d’emploi sont rares et d’énormes dettes ont été contractées pour l’achat de nourriture au cours des derniers mois.

La FAO et le PAM continuent d’étendre leurs programmes dans le pays. Le PAM est venu en aide à plus de 16 millions de personnes jusqu’à présent en 2022 en apportant une assistance alimentaire d’urgence, et il soutient les marchés locaux en travaillant avec des détaillants et des fournisseurs locaux. Il continue d’investir dans les moyens d’existence des populations grâce à des projets de formation professionnelle et d’adaptation au climat, afin que les familles puissent cultiver leurs terres et produire leur nourriture.

La FAO continue d’intensifier l’assistance qu’elle fournit aux agriculteurs et aux éleveurs dans les zones rurales et aidera plus de 9 millions de personnes en 2022 dans le cadre d’une série d’interventions destinées à soutenir la production animale et végétale, notamment maraîchère, les transferts monétaires et la remise en état des infrastructures et systèmes d’irrigation essentiels.

Le soutien à l’agriculture est une mesure d’un bon rapport coût-efficacité, stratégique et très efficace à court terme pour préserver les moyens d’existence, qui ouvre également la voie à une reprise à plus long terme et au développement durable.