L’aide agricole: une solution pour changer la donne dans la lutte contre les crises alimentaires

À l’approche de la Journée mondiale de l’alimentation, le Directeur général de la FAO demande que l’on accroisse les investissements dans l’agriculture et les systèmes agroalimentaires résilients afin de prévenir la famine

©FAO/Arete/Ismail Taxta

Un agriculteur ensemence sa ferme dans le village de Dharkeenley, en Somalie.

©FAO/Arete/Ismail Taxta

13/10/2022

Rome – M. Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré aujourd’hui que la hausse alarmante de l’insécurité alimentaire aiguë devrait nous inciter à repenser notre approche des crises alimentaires, de sorte à agir sur les causes profondes de la faim plutôt que de nous contenter d’en traiter les symptômes ponctuels. Il s’exprimait à l’occasion d’une manifestation parallèle qui a permis de réfléchir à la façon de modifier la stratégie humanitaire en vue de mieux répondre aux besoins et aux priorités des populations et de faire reculer la faim dans le monde. Cette manifestation était organisée en amont de la Journée mondiale de l’alimentation, qui sera célébrée officiellement ce 14 octobre.

M. Qu a tiré la sonnette d’alarme face à la progression et à l’intensification incessantes de l’insécurité alimentaire aiguë sous l’effet des chocs qui se multiplient à l’échelle mondiale et locale, compromettant ainsi la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) alors qu’il ne reste que sept campagnes de semis pour inverser la tendance.

D’après la toute dernière enquête de la FAO, quelque 222 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë cette année. Parmi ces personnes, une sur cinq a si peu à manger qu’elle court le risque immédiat de souffrir de malnutrition grave et d’en mourir. En outre, sans aide humanitaire urgente, près d’un million de personnes se trouveront dans des conditions proches de la famine dans cinq pays: Afghanistan, Éthiopie, Somalie, Soudan du Sud et Yémen.

Le Directeur général a affirmé que, malgré la gravité de la situation, il était encore temps d’inverser la tendance et de sauver de la famine les personnes qui ont été laissées pour compte, soulignant que l’on pouvait changer la donne en investissant dans l’agriculture et les systèmes agroalimentaires résilients.

M. Qu a fait un autre constat: certes, l’action humanitaire a été renforcée dans son ensemble, mais seulement 8 pour cent des fonds humanitaires sont alloués à l’assistance agricole rapidedans les situations d’urgence, alors que cette assistance est essentielle à la survie des populations. Il a aussi insisté sur le fait qu’au moins deux tiers des personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë aujourd’hui étaient des ruraux, parmi lesquels des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs et des forestiers, et que ces personnes étaient particulièrement exposées aux effets des phénomènes météorologiques extrêmes et des conflits violents.

«De toute évidence, nous avons besoin d’une nouvelle approche pour enrayer et inverser durablement cette tendance. Il est temps de repenser et de réorienter notre action. Nous devons nous fonder sur des éléments factuels et tenir compte des besoins et des priorités des populations pour fixer les priorités, élaborer les programmes, mener les actions de sensibilisation et allouer les fonds», a ajouté le Directeur général.

M. Qu a également affirmé que l’agriculture offrait des solutions dans cette crise. Il a insisté sur le fait qu’il fallait allouer davantage de ressources et de fonds pour renforcer la résilience des populations rurales et les aider à protéger et à améliorer leurs moyens d’existence agricoles pour qu’elles puissent subvenir aux besoins de leurs familles.

Selon M. Qu, pour être efficace, l’action devra être ciblée et concertée et faire intervenir tous les partenaires et toutes les parties prenantes – organismes du système des Nations Unies, gouvernements et organisations locales, secteur privé, société civile et milieu universitaire.

Ont également participé à la manifestation M. Rein Paulsen, Directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO, Mme Aryn Baker, Correspondante principale à l’international (Time Magazine), M. Mohanna Eljabaly, Directeur exécutif associé chargé de la conformité et du développement (Yemen Family Care Association [YFCA]), M. Ramesh Rajasingham, Directeur du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaire, et Mme Danielle Mutone-Smith, Directrice générale du Bureau de l’aide humanitaire de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).

Les participants se sont accordés à dire que l’agriculture devait être considérée comme une action humanitaire de premier plan et figurer parmi les solutions durables offrant le meilleur rapport coût-efficacité. Soutenir les populations et leurs moyens de subsistance et répondre à leurs besoins et à leurs priorités avant qu’une crise n’arrive à son paroxysme permet d’éviter les décès et la famine de manière efficace. Les participants ont également souligné qu’il fallait accroître les investissements dans la production alimentaire locale et la résilience des agriculteurs face aux chocs futurs.

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