Alors que la guerre se poursuit en Ukraine, l’Europe et l’Asie centrale se penchent sur les moyens d’assurer la sécurité alimentaire et de transformer les systèmes agroalimentaires

À l’occasion de la trente-troisième Conférence régionale de la FAO tenue en Pologne, le Directeur général de la FAO préconise des approches visant à prévenir une aggravation de la crise

©FAO/Janek Skarzynski

Le Directeur Général de la FAO à la Conférence régionale de la FAO pour l’Europe (ERC33)

©FAO/Janek Skarzynski

11/05/2022

Lodz, Pologne et Rome – Des ministres et des représentants de haut niveau venus de toute l’Europe et d’Asie centrale se sont réunis aujourd’hui à l’occasion de la Conférence régionale de la FAO pour l’Europe (ERC33) afin de discuter non seulement des répercussions de la guerre en Ukraine sur les systèmes agroalimentaires et la sécurité alimentaire dans le monde, mais aussi des moyens d’accélérer les efforts visant à transformer les systèmes agroalimentaires pour parvenir à un développement inclusif et respectueux de l’environnement et à une meilleure nutrition, au sein de la région et au-delà.

«Le moment est venu de réfléchir à des réponses appropriées et de partager des solutions ayant fait leurs preuves, afin d’aider les décideurs de la région à relever ces défis», a déclaré M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO, dans son discours d’ouverture prononcé lors de la trente-troisième session de la Conférence régionale.

La région Europe et Asie centrale comprend 53 pays à revenu élevé ou intermédiaire où vivent plus de 900 millions de personnes. Le Directeur général a reconnu que la région est en «bonne position» puisqu’elle est l’un des greniers du monde et l’un des chefs de file de la production agroalimentaire au niveau mondial en termes de quantité et de qualité, le nombre de personnes souffrant de la faim augmentant à partir de niveaux relativement bas au sein de la région.

La région «joue un rôle clé dans la sécurité alimentaire mondiale» et représente une «source d’inspiration et d’idées nouvelles pour le monde entier», a déclaré M. Henryk Kowalczyk, Vice‑Premier Ministre et Ministre de l’agriculture et du développement rural de Pologne, et Président de la Conférence régionale, dans son allocution d’ouverture.

M. Zbigniew Rau, Ministre des affaires étrangères de Pologne, a été élu Président de la Conférence régionale.

La situation en Ukraine a été au centre des préoccupations des Membres de la FAO au sein de la région. Une séance a été consacrée aux incidences de la guerre sur l’agriculture, notamment à la hausse des prix mondiaux des aliments et des engrais, du fait de la difficulté d’accès à certains produits de base et à certains intrants.

«La paix est une condition fondamentale si nous voulons protéger les populations de la faim», a déclaré M. Qu, soulignant que la FAO a suivi de près les incidences de la guerre et s’est engagée à poursuivre l’élaboration d’analyses et de recommandations politiques à court, moyen et long terme à l’intention de ses Membres.

Selon le Directeur général, l’Ukraine est évidemment la plus touchée par la guerre, en raison des souffrances subies par les populations et de la destruction des chaînes de valeur et d’approvisionnement. D’autres pays sont également touchés, notamment les pays à faible revenu, importateurs de produits alimentaires, qui dépendent de la Fédération de Russie et de l’Ukraine pour leur approvisionnement en denrées alimentaires, en aliments pour animaux, en carburant et en engrais, ainsi que les consommateurs du monde entier qui sont confrontés à des prix alimentaires ayant atteint des niveaux record.

Il a exhorté les Membres de la FAO à saisir l’occasion que représente la Conférence régionale pour étudier «approches qui pourraient permettre d’éviter une crise encore plus grave à l’avenir.»

L’équipe de la FAO en Ukraine est sur le terrain afin de mettre en œuvre un plan d’intervention rapide en Ukraine, où l’on estime qu’un ménage sur cinq ne dispose pas des ressources nécessaires pour répondre aux besoins alimentaires de base, ainsi que pour aider les petits exploitants agricoles. Selon M. Qu, les fonds destinés au financement du plan de la FAO d’un montant de 115 millions de dollars visant à venir en aide à près d’un million de personnes dans le pays, n’ont pas encore été reçus.

Action menée au niveau local en faveur des quatre améliorations

Les conférences régionales de la FAO ont lieu tous les deux ans et sont l’occasion d’aborder les enjeux et de favoriser la cohérence régionale dans le cadre de la réalisation des objectifs des Membres. Plus de 300 délégués se sont inscrits à la session organisée cette année et représentent quasiment tous les pays d’Europe et d’Asie centrale, de sorte qu’il s’agit de la Conférence régionale la plus suivie au sein de la région.

Soulignant l’importance que revêt l’engagement politique en faveur des plans d’action, le Directeur général de la FAO a insisté sur le fait que l’Organisation s’est engagée à soutenir les priorités essentielles fixées par les Membres de la région, à savoir l’autonomisation des petits exploitants, les exploitations familiales et les jeunes, la transformation des systèmes agroalimentaires, la gestion durable des ressources naturelles et la préservation de la biodiversité, y compris les mesures prises dans le contexte de la guerre et de la crise liée à la covid-19.

Ces objectifs s’inscrivent dans le Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO et s’articulent autour des ambitions des quatre améliorations: amélioration de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie pour tous, sans laisser personne de côté.

L’un des principaux objectifs est d’aller au-delà d’une optique purement axée sur l’alimentation et la production, pour adopter une approche des systèmes agroalimentaires qui englobe la nutrition, la santé et les valeurs sociales et environnementales. Si le niveau de sous-alimentation est relativement faible et que l’accès à des aliments d’origine animale de valeur élevée soit supérieur à ce qui est considéré comme optimal, la région est confrontée à des problèmes en termes de performance nutritionnelle, notamment l’obésité et l’excès pondéral, la carence en fer et l’adoption inférieure à la moyenne d’un allaitement maternel exclusif au cours des six premiers mois de la vie.

Les efforts déployés en vue de réduire les inégalités entre les villes et les zones rurales, ainsi que les inégalités entre les sexes et les inégalités économiques, sont essentiels et il importe de créer des opportunités plus nombreuses et plus diversifiées dans les zones rurales, a déclaré M. Qu. Aujourd’hui, dans 11 pays de la région, plus de 60 pour cent des revenus des ménages sont consacrés à l’alimentation, à l’énergie, au logement et à l’eau, contre un pour cent seulement en 2017.

Le Directeur général a indiqué que la FAO procéderait cette semaine au lancement de la Plateforme technique régionale consacrée à l’agriculture verte, une plateforme numérique, intuitive et ouverte, permettant d’échanger des informations. Il a, par ailleurs, ajouté que trois pays de la région avaient déjà adhéré à l’initiative Un pays, un produit prioritaire de la FAO et qu’un autre pays utilisait le système de soutien à l’investissement fondé sur des données de l’initiative Main dans la main de la FAO.

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