La vulnérabilité de la région Asie-Pacifique face à la pandémie de covid-19 accélère l’adoption des technologies numériques dans les systèmes agroalimentaires

Le Directeur général de la FAO explique à la Conférence régionale en quoi l’innovation peut ouvrir de nouvelles possibilités, combler le fossé entre les villes et les campagnes et autonomiser les jeunes et les femmes

©FAO/Gerard Sylvester

L'innovation améliore l'accès des petits exploitants à l'information, aux intrants et aux marchés

©FAO/Gerard Sylvester

11/03/2022

Dhaka/Rome – Les systèmes agroalimentaires de la région Asie-Pacifique sont particulièrement vulnérables face aux chocs provoqués par la pandémie de covid-19 et d’autres crises, ce qui a pour effet d’accélérer l’adoption des technologies numériques, a dit le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu.

M. Qu s’exprimait lors d’une manifestation spéciale intitulée «Innovation, science et passage au numérique: transformation des systèmes agroalimentaires dans la région Asie et Pacifique», tenue à l’occasion de la trente‑sixième session de la Conférence régionale de la FAO pour l’Asie et le Pacifique. Il a fait remarquer que les systèmes régissant la production, la distribution et la consommation de nourriture avaient été «durement frappés par les chocs créés par la pandémie et d’autres crises», sachant que la région Asie-Pacifique est «particulièrement vulnérable à ces chocs».

«Cette situation nous a obligés à revoir nos priorités et nos approches et a mis en évidence l’importance de sociétés plus durables et plus résilientes», a poursuivi M. Qu, avant d’ajouter que les technologies numériques avaient une incidence profonde sur nos économies et nos sociétés et transformaient les marchés agroalimentaires. «Cette transformation a été accélérée par la pandémie de covid-19», a-t-il noté.

Environ 40 pour cent des habitants de la région Asie-Pacifique n’ont pas les moyens financiers d’avoir une alimentation saine et, dans certaines zones, l’action menée pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) définis par l’ONU et tendant à éliminer la pauvreté (ODD 1) et la faim (ODD 2) a pris du retard.

En revanche, l’innovation et le passage au numérique ont progressé tout du long de la chaîne de valeur agroalimentaire. Dans le secteur du commerce de détail, quatre achats de denrées alimentaires sur cinq faits en ligne sont effectués dans la région.

En parallèle, dans les petits États insulaires en développement (PEID) du Pacifique, de plus en plus d’entrepreneurs mettent au point des solutions, comme des applications pour smartphone, qui ont pour objet d’aider les producteurs et les consommateurs à faire des choix plus éclairés en matière de nutrition. L’exploitation des données aide également à améliorer l’approvisionnement des marchés en produits agricoles et à repérer les zones vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes.

Parmi les participants à la manifestation, on trouvait également des ministres et de hauts responsables de Sri Lanka, du Vanuatu, du Bangladesh et de Mongolie. Ils ont mis l’accent sur des domaines clés de l’innovation, qu’il s’agisse d’améliorer la collecte de données, de créer des liens entre les producteurs et les marchés, d’utiliser la technologie pour faire de l’agriculture un secteur professionnel plus attrayant aux yeux des jeunes ou de promouvoir l’importance des partenariats public-privé.

En matière d’innovation, «il n’y a pas de solution toute faite», a souligné la Scientifique en chef de la FAO, Mme Ismahane Elouafi. «Pour transformer les systèmes agroalimentaires, il faut adopter une approche globale qui mette à profit le potentiel offert par les technologies et l’innovation», a-t-elle ajouté.

L’innovation numérique ouvre de nouvelles possibilités

Comme l’a dit M. Qu, l’innovation numérique peut permettre de créer des emplois, de combler le fossé entre les villes et les campagnes et de donner aux jeunes et aux femmes les moyens d’accéder aux informations, aux technologies et aux marchés, en contribuant à:

  • faciliter l’accès aux marchés;
  • répondre à la demande croissante d’aliments sûrs et nutritifs grâce à la traçabilité numérique;
  • mieux gérer les ressources naturelles;
  • assurer une croissance de haute qualité de la productivité au moyen des outils numériques de vulgarisation;
  • garantir l’inclusion.

Dans le secteur agroalimentaire, le développement des technologies mobiles, des services de télédétection et des serveurs interconnectés permet déjà d’améliorer l’accès des petits exploitants aux informations, aux intrants et aux marchés, d’accroître la production, de rationaliser les chaînes d’approvisionnement et de réduire les coûts d’exploitation.

Traduire la vision en mesures d’appui concrètes

La FAO a mis en place un certain nombre de programmes et d’initiatives pour traduire cette vision en un soutien et des services concrets pour ses Membres.

Il s’agit notamment: du Catalogue des services numériques de la FAO, qui est le fer de lance du concept global d’une organisation numérique au sein du système des Nations Unies; de l’Initiative 1 000 villages numériques, qui vise à faire de villages des pôles numériques en vue d’accélérer la transformation rurale et de réduire le fossé numérique, y compris entre femmes et hommes et entre villes et campagnes; de la Plateforme de données fondée sur le SIG de l’Initiative Main dans la main, un bien public numérique qui permet de créer des cartes de données interactives, d’analyser les tendances et de repérer les lacunes et les possibilités en temps réel afin que l’on puisse mieux cibler les investissements; de la Plateforme internationale pour l’alimentation et l’agriculture numériques, qui a pour objet de réunir toutes les parties prenantes aux fins d’un dialogue constructif sur l’utilisation du numérique dans l’agriculture.

M. Qu a également précisé que la FAO contribuait au Plan d’action pour la coopération numérique du Secrétaire général de l’ONU en promouvant les biens publics numériques.

Le passage au numérique sera facilité par la toute première stratégie de la FAO en matière de science et d’innovation, qui couvrira également des questions sociales, institutionnelles et financières et des questions de politique générale. La stratégie devrait renforcer la capacité de l’Organisation de fournir des orientations concernant les nouvelles technologies, en particulier aux pays à revenu faible ou intermédiaire, qui rencontrent de nombreuses difficultés pour accéder à la science et à l’innovation. Elle devrait aussi aider à rassembler un éventail d’acteurs afin qu’ils collaborent en vue de transposer à plus grande échelle les innovations prometteuses.

Parmi les questions que devrait couvrir la nouvelle stratégique thématique, on trouve: le renforcement du lien entre les laboratoires et le terrain et de l’accès aux technologies; le renforcement de l’interface entre la science et les politiques en vue de garantir l’élaboration de stratégies fondées sur des données factuelles; la gouvernance et la réglementation; la recherche interdisciplinaire et transdisciplinaire; l’amélioration du dialogue et de la communication autour de thèmes scientifiques portant à controverse, notamment les relations de pouvoir asymétriques et les inégalités socioéconomiques qui nuisent à la science et à l’innovation.

La FAO est idéalement placée pour aider ses Membres à renforcer leurs cadres d’action nationaux pour faire progresser la science et l’innovation, à définir les priorités de la recherche et à les communiquer aux grandes institutions de recherche.

En résumé, pour l’Organisation, sa mission de transformation des systèmes agroalimentaires consiste à améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie pour tous, en ne laissant personne de côté. 

Contacts

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]