Selon un rapport de la FAO, les risques climatiques devraient nuire à la biomasse de poissons à l’échelle mondiale

La biomasse de poissons devrait accuser une baisse marquée d’ici la fin du siècle en cas de fortes émissions

Les projections mondiales de la biomasse halieutique exploitable montrent un déclin de plus de 10 pour cent, en particulier dans un scénario d’émissions élevées, d’ici le milieu du siècle dans de nombreuses régions du monde.

©FAO/Camilo Pareja

10/07/2024

Rome – De nouvelles prévisions mettent en avant les risques climatiques qui pourraient peser sur la biomasse de poissons exploitable des océans presque partout dans le monde, notamment dans les principaux pays producteurs et ceux qui dépendent fortement des produits alimentaires aquatiques, comme l’indique un rapport publié aujourd’hui par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). 

Selon le rapport, intitulé Climate change risks to marine ecosystems and fisheries: Projections to 2100 from the Fisheries and Marine Ecosystem Model Intercomparison Project (Risques que le changement climatique fait peser sur les écosystèmes marins et les pêches: prévisions à l’horizon 2100 issues du projet de comparaison intermodèle des pêches et des écosystèmes marins), les prévisions mondiales relatives à la biomasse de poissons exploitable laissent entrevoir des baisses de plus de 10 pour cent, en particulier en cas d’émissions élevées, d’ici la moitié du siècle, et ce dans de nombreuses régions du monde. 

D’ici la fin du siècle, dans le cas où les émissions seraient élevées, ce qui entraînerait un réchauffement planétaire compris entre 3 et 4 °C, les baisses pourraient même atteindre 30 pour cent ou plus dans 48 pays et territoires.  

En revanche, si les émissions étaient faibles, ce qui mènerait à un réchauffement planétaire compris entre 1,5 et 2 °C, l’évolution de la biomasse se stabiliserait. Il n’y aurait alors aucun changement ou une baisse maximum de 10 pour cent dans 178 pays et territoires. 

Un recul notable serait notamment constaté dans les principaux pays producteurs de poisson et serait encore plus marqué d’ici la fin du siècle en cas de fortes émissions. Par exemple, le Pérou connaîtrait une chute de 37,3 pour cent et les zones économiques exclusives de la Chine une chute de 30,9 pour cent, mais l’évolution de la biomasse se stabiliserait en cas d’émissions faibles. 

Le rapport a été établi par l’équipe chargée du projet de comparaison intermodèle des pêches et des écosystèmes marins (FishMIP), qui rassemble un réseau international de chercheurs qui travaillent avec la FAO pour comprendre les incidences à long terme du changement climatique sur les écosystèmes marins et les pêches au moyen de modèles numériques de pointe. Il a été publié à l’occasion de la 36e session du Comité des pêches, tenue du 8 au 12 juillet 2024 au siège de la FAO, à Rome.  

La publication du rapport intervient juste après celle de la dernière édition du rapport La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture, qui a révélé que la production halieutique et aquacole mondiale avait atteint un nouveau record de 223,2 millions de tonnes en 2022. 

Réduire les risques qui menacent les écosystèmes marins 

«Si l’on veut concevoir des programmes d’adaptation aux échelles adéquates, il est crucial de comprendre les effets potentiels du changement climatique sur les écosystèmes marins et les pêches ainsi que les incertitudes y relatives», a expliqué M. Manuel Barange, Sous-Directeur général et Directeur de la Division des pêches et de l’aquaculture de la FAO.  

«Un recul des émissions réduirait considérablement les pertes accusées par la biomasse d’ici la fin du siècle dans presque tous les pays et territoires, à l’inverse d’un scénario dans lequel les émissions sont élevées. Ce constat met en lumière les avantages qu’il y a à appliquer des mesures d’atténuation du changement climatique à la pêche et aux produits alimentaires aquatiques», a-t-il ajouté. 

Une comparaison des pertes prévues dans les deux cas d’ici la fin du siècle montre que la réduction des émissions a de nets avantages pour presque tous les pays et territoires.  

Cela comprend les petits États insulaires en développement, où les populations sont fortement tributaires de la pêche, que ce soit pour l’alimentation ou les revenus, et où les risques écologiques et socioéconomiques posés par le changement climatique sont les plus grands. Par exemple, parmi les États insulaires du Pacifique, entre 68 et 90 pour cent des pertes extrêmes attendues d’ici la fin du siècle en cas d’émissions élevées seront évitées dans les pays ci-après si les émissions sont faibles: États fédérés de Micronésie, Îles Salomon, Nauru, Palaos et Tuvalu. 

Concrétiser la transformation bleue 

Le rapport indique également que, pour aider les pays à parvenir à la transformation bleue voulue par la FAO en faveur de systèmes alimentaires aquatiques plus résilients, plus équitables et plus durables, les recherches menées dans le cadre du projet FishMIP devront couvrir d’autres utilisations des océans et des côtes que la pêche.  

On obtiendrait ainsi une vision plus globale de la gestion des ressources naturelles marines face au changement climatique et disposerait de plus d’informations pour opérer les arbitrages entre les secteurs, y compris entre les politiques de gestion adaptative des pêches et les politiques agroalimentaires globales, conformément aux priorités de la Stratégie de la FAO relative au changement climatique et du Plan d’action qui lui est associé. Cela permettrait également de tenir compte des liens avec l’utilisation de l’eau douce et des ressources terrestres, par exemple de la dépendance de l’aquaculture aux systèmes marins et terrestres, afin de faciliter l’élaboration d’orientations générales concernant à la fois le changement climatique, la biodiversité, la sécurité de l’approvisionnement en eau, la sécurité alimentaire et la santé. 

Un réseau international de chercheurs 

Le projet FishMIP a été officiellement lancé en 2013. Il a pour objet de transmettre des connaissances aux professionnels et aux gouvernements pour les aider à bien planifier la mise en place de secteurs halieutiques et aquacoles adaptatifs et résilients face au changement climatique.  

En 2024, la version 2.0 du projet FishMIP a été établie en vue de rendre les prévisions de modélisation plus fiables et de répondre à des questions plus générales sur les politiques qui touchent la sécurité alimentaire et la gestion des ressources marines, tout en gardant le changement climatique comme thème dominant. 

En savoir plus sur ce thème

Climate change risks to marine ecosystems and fisheries: Projections to 2100 from the Fisheries and Marine Ecosystem Model Intercomparison Project (Risques que le changement climatique fait peser sur les écosystèmes marins et les pêches: prévisions à l’horizon 2100 issues du projet de comparaison intermodèle des pêches et des écosystèmes marins) 

Contacts

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