Les organismes des Nations Unies alertent sur le lien de causalité entre conflit et faim aiguë en République démocratique du Congo (RDC)

Bureau régional de la FAO pour l’Afrique

©FAO/Junior D. Kannah

Des agriculteurs s'occupant de leurs cultures dans les champs des régions touchées par le conflit dans les régions du Kasaï et du Tanganyika, en République démocratique du Congo.

©FAO/Junior D. Kannah

29/05/2023

Kinshasa – On estime que 6,7 millions de personnes sont en proie à une insécurité alimentaire à un niveau de crise voire à un niveau d’urgence dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, ce qui représente une hausse de 10 pour cent par rapport à l’année dernière. 

D’après la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), 25,8 millions de personnes continuent à souffrir d’une insécurité alimentaire correspondant à des conditions de crise ou d’urgence en raison de mauvaises récoltes, de maladies, de déplacements de populations dus aux violences et d'un effondrement des infrastructures.  

D'après le rapport, parmi les zones les plus touchées par l’insécurité alimentaire figurent Djugu et Masisi dans la province d’Ituri, et Rutshuru, Nyiragongo, Goma, Beni et Mambassa, dans le Nord-Kivu. À cause de la violence et de l’insécurité, des communautés entières n'ont plus accès à leurs champs. Les produits alimentaires, lorsqu’ils sont disponibles, ont subi une hausse des prix qui fait que les ménages pauvres ont besoin d’aide pour se procurer en quantité suffisante des aliments qui soient par ailleurs nutritifs. En outre, le conflit qui sévit complique la distribution de l’aide humanitaire. 

«La lutte contre l’insécurité alimentaire reste le défi le plus important à relever par la République démocratique du Congo. Grâce au Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, nous savons combien de personnes souffrent d’insécurité alimentaire dans l'ensemble du pays», explique M. José Ilanga Lofonga, Secrétaire général du Ministère de l’agriculture. «Nous devons mobiliser de l’aide et des ressources, et protéger les ménages qui dépendent de l’assistance alimentaire dans les territoires touchés par le conflit». 

«Le niveau d’insécurité alimentaire en RDC demeure parmi les plus élevés au monde depuis cinq ans. Les populations vulnérables sont de ce fait dans une situation très difficile», déclare M. Aristide Ongone Obame, Représentant de la FAO en RDC. «Cependant, même si la situation a des causes structurelles et cycliques, les investissements dans le développement agricole paient, et ont des effets multiplicateurs. La RDC a besoin d’urgence de financements supplémentaires pour accroître la production agricole et favoriser la diversification de l'alimentation et des sources de revenus». 

«Nous sommes préoccupés par le nombre de personnes déplacées par le conflit, car ce sont davantage de familles qui sont frappées par la faim. Le Programme alimentaire mondial intensifie l’aide qu’il apporte dans le cadre de plans visant à améliorer les moyens de subsistance, mais la RDC a besoin d’investissements plus importants en faveur du développement agricole et rural pour inverser la situation sur le plan de la faim», indique M. Peter Musoko, Représentant et Directeur de pays du Programme alimentaire mondial (PAM) en République démocratique du Congo.  

Les organismes des Nations Unies renforcent leur aide à l'intention des plus vulnérables 

La FAO fournira une assistance multisectorielle qui permettra aux populations vulnérables, dans les zones fortement touchées par des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, d’accroître leur production alimentaire et de générer des revenus. L’Organisation a besoin de 106,4 millions d’USD pour venir en aide à environ 1,8 million de personnes dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche en 2023. 

Au cours de la campagne agricole 2022-2023, la FAO a aidé près d’un demi-million de personnes en distribuant des semences et des outils agricoles destinés à renforcer leurs moyens de subsistance et à accroître la production alimentaire locale. De plus, un programme de grande ampleur de semences améliorées est actuellement déployé par l'Organisation afin de reconstituer le stock national de semences et d’accroître la disponibilité de semences améliorées qui soient adaptées au changement climatique et aient une valeur nutritionnelle importante.  

Le PAM prévoit d’apporter cette année une aide à 7,1 millions de personnes en RDC. L’aide alimentaire d’urgence est certes indispensable pour enrayer la faim, mais le PAM mène aussi une action de renforcement de la résilience qui contribue à l’autosuffisance alimentaire, à des moyens d’existence durables, à une reprise rapide après les chocs et à la paix à long terme. Par exemple, son programme de repas scolaires encourage la scolarisation des enfants et leur maintien à l'école, et il favorise le développement de l’économie locale en offrant des débouchés aux petits agriculteurs. Le PAM a besoin de 257,8 millions d’USD pour financer des programmes stratégiques sur les six prochains mois.  

Contacts

Zoie Jones Chargée de communication régionale, Bureau régional de la FAO pour l'Afrique [email protected]

Hyacine Kacou-Amondji FAO/DRC +243 82 41 58 253 [email protected]

Xavier Farhay FAO/RDC +243 81 43 53 728, [email protected]