COP26 – L’expansion agricole est responsable de près de 90 pour cent de la déforestation dans le monde

Une étude mondiale par télédétection de la FAO met en évidence de nouveaux éléments.

©FAO/Karen Minasyan

La déforestation est l’affectation de terrains forestiers à d’autres usages, comme l’agriculture et les infrastructures

©FAO/Karen Minasyan

06/11/2021

Rome – À l’occasion de la publication aujourd’hui des premiers résultats de sa nouvelle prospection mondiale par télédétection, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a déclaré que l’expansion agricole était responsable de près de 90 pour cent de la déforestation dans le monde, ce qui représente un impact bien supérieur à ce qui était estimé jusqu’ici. 

On entend ici par «déforestation» l’affectation de terrains forestiers à d’autres usages, comme l’agriculture et les infrastructures. Cette nouvelle étude montre que, au niveau mondial, la perte de couvert forestier est attribuable pour plus de moitié à la conversion de forêts en terres agricoles et que le pâturage est responsable de près de 40 pour cent de la réduction des surfaces forestières.

Les nouvelles données de l’enquête confirment également un ralentissement général de la déforestation mondiale, mais mettent en évidence la pression importante que l’expansion agricole exerce en particulier sur les forêts tropicales humides. 

«D’après la dernière évaluation des ressources forestières mondiales (FRA) de la FAO, nous avons perdu 420 millions d’hectares de forêts depuis 1990», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu dans un discours préparé pour le dialogue de haut niveau ayant pour thème «Intensifier les actions visant à faire reculer la déforestation» à la vingt-sixième Conférence des Parties à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26), où la FAO a présenté ces nouvelles données. Il a souligné à cet égard que l’augmentation de la productivité agroalimentaire – nécessaire pour répondre aux nouveaux besoins d’une population croissante – et l’arrêt de la déforestation n’étaient pas des objectifs incompatibles.

Le Directeur général a ajouté qu’il était vital de réduire la déforestation et de donner une nouvelle ampleur aux progrès obtenus au prix d’immenses efforts dans ce domaine afin de reconstruire en mieux et en plus vert après la pandémie de covid-19.

«Pour que cette entreprise soit couronnée de succès, nous devons déterminer quelles sont les zones touchées par la déforestation et la dégradation des forêts et en connaître les causes pour ensuite délimiter les périmètres d’intervention nécessaires», a déclaré le Directeur général, avant d’ajouter que cela passait par une démarche associant les dernières innovations technologiques et une expertise locale sur le terrain. Cette nouvelle étude en est une bonne illustration. 

L’augmentation de la productivité agro-alimentaire – nécessaire pour répondre aux nouveaux besoins d’une population croissante – et l’arrêt de la déforestation ne sont pas des objectifs qui s’excluent mutuellement. Plus de 20 pays en développement ont d’ores et déjà montré qu’il était possible de les concilier. En effet, des données récentes confirment qu’on a réussi à réduire la déforestation en Amérique du Sud et en Asie.

Les forêts tropicales sont en péril

D’après les nouvelles données de l’étude, pendant la période 2000-2018, la déforestation concerne dans une très large mesure les biomes tropicaux. Malgré le ralentissement de la déforestation en Amérique du Sud et en Asie, c’est pour les forêts tropicales humides de ces régions qu’on continue à relever les plus forts taux de déforestation.

Les causes de la déforestation diffèrent d’une région à l’autre dans le monde

Selon l’enquête, l’agriculture est la principale cause de la déforestation dans toutes les régions du monde, à l’exception de l’Europe, où l’urbanisation et le développement des infrastructures a contribué de manière plus importante à ce phénomène. C’est l’artificialisation agricole qui est la première responsable du recul des zones forestières en Afrique et en Asie, où les pertes forestières sont à plus de 75 pour cent imputable à la conversion à un usage agraire. En Amérique du Sud, près des trois quarts de la déforestation est attribuable au pâturage du bétail. 

Cette étude dirigée par la FAO a été réalisée à l’aide de données et d’outils satellitaires qui ont été mis au point en partenariat avec la NASA et Google et en collaboration étroite avec plus de 800 experts nationaux de près de 130 pays.

Des dirigeants et des responsables d’organisations membres du Partenariat de collaboration sur les forêts se sont réunis à l’occasion du dialogue de haut niveau pour engager une dynamique autour d’actions climatiques centrées sur les forêts dans le cadre de l’initiative visant à inverser la tendance en matière de déforestation du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Cet événement constitue également un jalon important avant le Sommet Stockholm+50, la dix-septième session du Forum des Nations Unies sur les forêts et l’examen approfondi en 2022 des progrès accomplis dans la réalisation du 15e objectif de développement durable (vie terrestre) par le Forum politique de haut niveau pour le développement durable.

L’action de la FAO dans la lutte contre la déforestation

Compte tenu des multiples liens entre les forêts, l’agriculture et la sécurité alimentaire, le nouveau Cadre stratégique de la FAO orientera les efforts qui seront déployés dans la transformation des systèmes agroalimentaires visant à rendre ceux-ci plus efficaces, inclusifs, résilients et durables. 

En collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la FAO aide plus de 60 pays à mettre en œuvre des stratégies de réduction des émissions causées par la déforestation et la dégradation des forêts par l’intermédiaire du Programme REDD des Nations Unies.

La FAO est également l’un des chefs de file, avec le PNUE, de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, qui offre une occasion importante de concrétiser plus rapidement les idées innovantes sous la forme d’actions ambitieuses.

De plus, lors du récent Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, une coalition a été formée entre des pays producteurs et des pays consommateurs, des entreprises et des organisations internationales pour faire cesser la déforestation et les préjudices écologiques qu’entraîne l’artificialisation des terres réalisée dans le but de produire des denrées agricoles.

Le Partenariat de collaboration sur les forêts, qui est dirigé par la FAO et est composé de 15 organisations internationales, élabore une initiative conjointe visant à inverser la tendance en matière de déforestation pour accélérer les efforts et en amplifier les effets. 

Pour en savoir plus, voir: Enquête de télédétection FRA 2020

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