La recrudescence du criquet pèlerin s’affaiblit mais les essaims restants en Afrique de l’Est et au Yémen exigent que l’on reste vigilant

Un partenariat de 11,2 millions d’USD a été noué avec la Fondation Mastercard pour appuyer les efforts de lutte et de relèvement.

©FAO/Sven Torfinn

Surveillance et lutte contre le Criquet pèlerin au Kenya, l'un des pays durement touchés par l'urgence acridienne dans la Corne de l'Afrique.

©FAO/Sven Torfinn

28/10/2021

Rome - La recrudescence du criquet pèlerin qui a frappé la Corne de l’Afrique et le Yémen a beau s’affaiblir, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime qu’il est crucial de continuer à surveiller l’apparition éventuelle de nouveaux essaims et la reproduction dans la région et à mener des opérations de lutte, et ce au moins jusqu’à la fin de l’année. 

Un nouveau partenariat de 11,2 millions d’USD avec la Fondation Mastercard a permis de financer entièrement les activités de surveillance et de lutte antiacridienne jusqu’à la fin de l’année.

«En fonction des conditions météorologiques et de notre capacité d’atteindre les zones de reproduction et de migration, nous pourrions mettre un terme à la recrudescence d’ici à la fin de 2021 ou au début de 2022», a déclaré le Directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO, M. Rein Paulsen.

«D’ici là, nous ne devons pas baisser la garde. Grâce aux contributions généreuses de plusieurs partenaires, les équipes nationales, guidées par les experts de la FAO, continuent d’effectuer les opérations de surveillance et de lutte nécessaires dans les pays touchés.»

La campagne menée contre le criquet pèlerin dans la Corne de l’Afrique et au Yémen se poursuit depuis janvier 2020, et la FAO et les pays touchés ont enregistré de belles victoires dans l’action engagée pour endiguer la pire recrudescence du criquet pèlerin observée en Éthiopie et en Somalie ces 25 dernières années et l’infestation la plus grave que le Kenya ait connue en 70 ans.

Grâce au soutien de 29 partenaires et aux ressources de la FAO, plus de 230 millions d’USD ont pu être consacrés à la lutte antiacridienne. La Fondation Mastercard s’était déjà associée avec la FAO en avril 2020 et avait fait don de 10 millions d’USD aux fins de la détection rapide des essaims de criquets, des opérations de pulvérisation terrestre et aérienne et de l’évaluation de l’impact sur le terrain.

«Les essaims de criquets pèlerins ne se contentaient pas de grignoter les cultures; ils rongeaient les moyens d’existence, la productivité et le gagne-pain des petits exploitants. Notre fondation ayant à cœur de favoriser l’accès aux possibilités en Afrique, il nous a semblé impératif d’intervenir pour parer à cette crise. Les progrès accomplis par la FAO sont très encourageants et il faut absolument conserver le terrain gagné pour redonner espoir aux exploitants et aux communautés de la région», a expliqué le Directeur régional de la Fondation Mastercard pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, M. Daniel Hailu.

Les opérations de lutte effectuées par la FAO et ses partenaires ont protégé les moyens d’existence de plus de 40 millions de ruraux en sauvant des cultures et des pâturages qui ont permis aux ménages de s’approvisionner en céréales et en lait. La FAO estime qu’environ 4,4 millions de tonnes de céréales et quelque 878 millions de litres de lait ont été sauvés et que la valeur de cette production était supérieure à 1,7 milliard d’USD.

«Un travail colossal a été accompli en peu de temps. Grâce à l’action collective, non seulement nous avons repoussé ce ravageur insidieux mais la FAO a également pu renforcer les capacités de lutte antiacridienne en Afrique de l’Est, parfois presque inexistantes, pour parvenir à un excellent état de préparation», a dit M. Rein Paulsen. 

Le criquet pèlerin est considéré comme l’insecte migrateur nuisible le plus destructeur du monde. Un petit essaim couvrant un kilomètre carré peut dévorer en une journée la même quantité de nourriture que 35 000 personnes.
Des essaims de la taille d’une ville ont été éliminés et il en reste aujourd’hui un très petit nombre en Éthiopie et en Somalie. Le Kenya est à présent débarrassé de ce fléau et la situation à Djibouti et en Érythrée est relativement calme et sous contrôle.

Risques persistants

Malgré les progrès accomplis, la situation reste préoccupante dans le nord de l’Éthiopie, où de nouveaux essaims se sont formés pendant le mois écoulé à la faveur du conflit local, qui a limité les opérations de lutte. Les essaims pourraient menacer la récolte de la campagne Meher, dont on estime déjà que la production sera inférieure de 40 pour cent aux niveaux habituels.

D’après les prévisions de la FAO, ces essaims migreront vers le nord, au-delà de la frontière éthiopienne, ou vers l’est du pays, où il est possible de mener des opérations de lutte. Toutefois, on s’inquiète du nombre de criquets qui pourraient survivre et de la menace qu’ils pourraient représenter pour les récoltes dans une région en proie à une grave insécurité alimentaire.

De nouveaux essaims en provenance du Yémen, où la lutte antiacridienne reste difficile, pourraient également constituer un danger s’ils migraient vers le sud, traversaient le golfe d’Aden et envahissaient de nouveau la Corne de l’Afrique.

Soutien aux moyens d’existence des agriculteurs et de leur famille

Malgré l’efficacité des opérations de lutte antiacridienne, jusqu’à 2,5 millions de personnes en 2020 et au moins 1 million de personnes supplémentaires au début de 2021 ont souffert de la recrudescence du criquet pèlerin. 

La FAO aide les agriculteurs qui ont subi des dégâts provoqués par les criquets pèlerins en leur fournissant des dispositifs d’aide agricole, en prodiguant des soins vétérinaires au bétail affamé en raison de la destruction de la végétation et en versant des espèces aux familles qui ont perdu leurs récoltes, afin qu’elles puissent acheter de la nourriture.

Pour atténuer les effets dévastateurs sur les moyens d’existence, la FAO a prêté un appui sous des formes diverses à plus de 300 000 ménages d’agriculteurs, d’agropasteurs et de pasteurs et 347 000 autres familles ont reçu une assistance de la part d’organisations non gouvernementales partenaires dans le cadre de l’alliance régionale contre le criquet pèlerin (Regional Desert Locust Alliance). Au total, ces activités ont permis d’aider plus de 4 millions de personnes. 

L’état de préparation et les opérations sur le terrain aux niveaux régional et local ont certes été grandement améliorés mais ils ne pourraient exister sans des services efficaces de prévision et d’alerte rapide, que le Service d’information sur le criquet pèlerin de la FAO fournit depuis plus de 50 ans.

Contacts

Josephine McKenna FAO Actualités et Médias (Rome) (+39) 06 570 53523 [email protected]

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]