Sécheresse dans la Corne de l’Afrique: la FAO appelle à réunir 172 millions d’USD pour contribuer à éviter la famine et la catastrophe humanitaire

Le plan d’intervention rapide et d’atténuation concerne quatre épicentres: Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya et la Somalie

©FAO/Patrick Meinhardt

Une agricultrice chez elle, à Saka Junction, comté de Garissa (Kenya).

©FAO/Patrick Meinhardt

27/06/2022

Rome – Dans la Corne de l'Afrique, en raison d’une grave sécheresse qui se prolonge, le risque de famine ne cesse d’empirer. Pour éviter la catastrophe humanitaire, il faut de toute urgence déployer une assistance vitale à l’appui des moyens de subsistance, a prévenu aujourd’hui l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Tandis que le pic de la crise approche à grands pas, la FAO a lancé un plan révisé d’intervention rapide et d’atténuation qui porte exclusivement sur quatre pays particulièrement frappés dans cette région: Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya et la Somalie.

L’échéance fixée dans le nouveau plan a été décalée de juin à décembre 2022 dans le but d’éviter une dégradation de l’insécurité alimentaire dans la région, de protéger les moyens de subsistance et de sauver ainsi près de cinq millions de vies humaines dans les zones rurales de ces quatre pays.

La FAO appelle à réunir au total 219 millions d’USD. À l’heure actuelle, cet organisme des Nations Unies a mobilisé environ 47 millions d’USD: 172 millions sont encore à trouver.

Les financements obtenus jusqu’ici permettront d’apporter à 700 000 personnes environ une aide vitale sous la forme de transferts d’argent et de kits de subsistance, à l’appui notamment de la santé animale et de la réhabilitation d’infrastructures, mais un financement intégral du plan pourrait aider des millions de personnes supplémentaires.

«Les ressources agricoles sont largement sous-financées dans les interventions humanitaires, même dans les cas de sécheresse, alors que 80 pour cent des incidences de ces phénomènes retombent sur l’agriculture», a déclaré M. Rein Paulsen, Directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO. «Il n’est plus possible de s’en tenir au statu quo. Il est temps d’investir comme il se doit dans une assistance plus efficace et tournée vers l’avenir. Cette démarche doit s’inscrire dans une aide au développement à long terme.»

L’insécurité alimentaire s’aggrave

La sécheresse est l’une des catastrophes naturelles les plus destructrices: elle paralyse la production alimentaire, appauvrit les pâturages, déstabilise les marchés et, dans les cas les plus extrêmes, entraîne la mort de nombreux êtres humains et animaux. Les sécheresses peuvent aussi accélérer l’exode rural vers les centres urbains, accentuant les pressions qui pèsent sur la production alimentaire en baisse. Les éleveurs sont souvent contraints de chercher de nouvelles sources de nourriture et d’eau pour leurs animaux, ce qui débouche parfois sur des conflits entre les populations, en concurrence pour des ressources limitées.

Début mai, les précipitations enregistrées durant la saison des grandes pluies de 2022 (de mars à mai) dans la région étaient faibles. En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, où la pluviométrie est inférieure à la moyenne pour la quatrième saison humide consécutive, ce phénomène inédit a des effets désastreux sur la sécurité alimentaire. À Djibouti, le régime des pluies est différent, mais les précipitations en 2021 ont également été irrégulières.

La région est déjà confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire. À l’heure actuelle, en Éthiopie, au Kenya et en Somalie, 16,7 millions de personnes seraient dans une situation de crise (soit la phase 3 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire ou IPC) ou connaîtraient des niveaux pires encore d’insécurité alimentaire aiguë, du seul fait de la sécheresse. Au Kenya, 4,1 millions de personnes risquent d’être exposées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire en juin 2022, un chiffre supérieur aux prévisions initiales établies à 3,5 millions.

Dans le même ordre d'idées, en Somalie, quelque 7,1 millions de personnes (soit près de la moitié de la population) sont aujourd’hui dans la phase de crise ou au-delà et le resteront au mieux jusqu’en septembre 2022. Parmi elles, 2,1 millions sont en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC) et 213 000 personnes en situation de catastrophe (phase 5 de l’IPC).

Le plan révisé

Le plan révisé d’intervention rapide et d’atténuation de la sécheresse réunit les différents aspects des appels humanitaires lancés par la FAO au bénéfice des pays ciblés. Il apporte de nouveaux détails sur ce qui doit être déployé de toute urgence à grande échelle à partir de janvier 2022 et sur les risques liés à une intervention insuffisante ou tardive.

Le document explique aussi que pour faire face à une telle situation, il importe tout d’abord de mettre en œuvre une série de mesures adaptées au bon moment dans le cycle de sécheresse. Les partenaires devront attribuer équitablement des ressources à chaque domaine vital, à savoir a) l’assistance alimentaire et les moyens de subsistance; b) la nutrition; c) l’eau, l’assainissement et l’hygiène; et d) la santé. Si l’un de ces quatre domaines n’est pas correctement pris en charge dans l’intervention, les efforts menés dans le cadre des trois autres seront moins efficaces.

«Il faut de toute urgence appliquer le plan rapidement et à grande échelle», a indiqué David Phiri, coordinateur du Bureau sous-régional de la FAO pour l'Afrique de l'Est. «Si nous n’agissons pas assez tôt ou à l’échelle nécessaire pour éviter la catastrophe, le coût de l’intervention humanitaire augmentera exponentiellement et les incidences sur la vie des habitants seront terribles», a-t-il ajouté.

La FAO et ses partenaires appellent à une meilleure coordination de la planification et de la programmation. Plusieurs mesures doivent être mises en place dans les plus brefs délais: transferts de fonds inconditionnels afin de permettre aux ménages frappés par la sécheresse de couvrir les dépenses de base relatives à la nourriture, à la santé et au logement, distribution de kits de subsistance contenant des aliments pour animaux, des vaccins, des semences de qualité et des outils, remise en état des points d’eau, et formations sur les bonnes pratiques agricoles et la nutrition.

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