Sécheresse dans la Corne de l’Afrique: de nouvelles analyses signalent une montée du risque, il faut soutenir les familles rurales

Des hauts fonctionnaires de la FAO visitent des régions touchées alors qu’une course s’engage pour sauver des vies et des moyens de subsistance

©FAO/Luis Tato

La Directrice générale adjointe de la FAO, Beth Bechdol, visite un centre de distribution de suppléments d'urgence pour le bétail à Isiolo, au Kenya.

©FAO/Luis Tato

11/02/2022
Nairobi – Une longue sécheresse qui dure depuis plusieurs saisons provoque une insécurité alimentaire aiguë dans la Corne de l’Afrique, où 12 à 14 millions de personnes sont désormais en danger, car les cultures continuent de dépérir et les animaux de s’affaiblir, ont alerté aujourd’hui l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et ses partenaires.


Les conflits liés aux ressources s’intensifient, car la concurrence pour l’eau et les pâturages s’accroît, et les taux de malnutrition progressent dans les régions de l’Éthiopie, du Kenya et de la Somalie qui sont touchées, ce qui montre clairement qu’il faut soutenir les moyens de subsistance ruraux qui sous-tendent la paix et la sécurité alimentaire dans toute la Corne.

Lors d’une réunion d’information organisée à Nairobi à l’intention des donateurs, la FAO et ses partenaires ont indiqué que les perspectives en matière de sécurité alimentaire dans la région dépendraient largement de la qualité de la prochaine saison des pluies, les prévisions étant pour le moment incertaines.

Si le pire scénario se concrétisait, c’est-à-dire si les pluies venaient à manquer complètement et si les communautés qui dépendent de l’agriculture ne recevaient pas le soutien nécessaire, le nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire élevée pourrait grimper à 15 ou 20 millions, et certains des ménages les plus touchés pourraient se retrouver dans une situation de faim «catastrophique».

D’autres nouvelles analyses sur la Somalie, publiées jeudi par le Groupe d’évaluation de la sécurité alimentaire et de la nutrition hébergé par la FAO, montrent que, rien qu’en Somalie, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë [Phases 3 et 4 du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC)] devrait passer de 3,5 à 4,1 millions de janvier à mars 2022, si l’aide humanitaire n’est pas reçue à temps.

La Directrice générale adjointe de la FAO, Mme Beth Bechdol, le Coordonnateur sous-régional pour l’Afrique de l’Est, M. David Phiri, et le Directeur du Bureau des urgences et de la résilience, M. Rein Paulsen, viennent de terminer une visite au Kenya qui visait à sensibiliser au problème de la sécheresse et à observer concrètement l’action vitale menée par la FAO, notamment dans les comtés de Isiolo et Marsabit, dans le nord.

«Les épisodes de sécheresse s’intensifient et sont plus fréquents. Il faut mener dès maintenant une action humanitaire immédiate pour aider les agriculteurs et les éleveurs pastoraux», a déclaré Mme Beth Bechdol, après avoir rendu visite à des communauté kenyanes où les chèvres et les vaches sont en train de mourir à cause du manque d’eau et de pâturages. «La communauté internationale ne dispose que de très peu de temps pour éviter une catastrophe humanitaire majeure ici», a-t-elle déclaré.

«L’alarme a déjà été déclenchée, il faut intensifier dès à présent l’action menée», a déclaré M. Phiri. «La FAO a pris des mesures préventives au second semestre de 2021 en Éthiopie, au Kenya et en Somalie, afin d’atténuer les répercussions de la sécheresse sur plus d’un million de personnes vivant dans les zones rurales et, jusqu’à présent, la crise a été amortie. Il faut cependant faire plus, car la situation se détériore et la crise menace», a-t-affirmé.

Un plan pour aider les familles rurales à surmonter les difficultés

Dans le cadre du nouveau plan d’intervention de la FAO face à la sécheresse dans la Corne de l’Afrique, il faut de toute urgence 130 millions d’USD pour apporter une aide d’urgence aux communautés extrêmement vulnérables des régions frappées par la sécheresse dans les trois pays. Le plan permettra de produire jusqu’à 90 millions de litres de lait et jusqu’à 40 000 tonnes de cultures de base au cours du premier semestre 2022, ce qui mettra en sécurité plus d’un million de personnes en situation d’insécurité alimentaire élevée.

Pour les familles de pasteurs, l’objectif de la FAO est de fournir des aliments pour animaux et des compléments nutritionnels, de mettre en place des cliniques vétérinaires mobiles, de transporter des réservoirs pliables d’une capacité de 10 000 litres dans des zones reculées et d’améliorer les puits existants grâce à l’énergie solaire.

Pour les familles d’agriculteurs, la FAO souhaite distribuer des variétés de sorgho, de maïs, de niébé et d’autres haricots, ainsi que de légumes, qui résistent à la sécheresse et arrivent rapidement à maturation.

La FAO met également en œuvre des programmes de transferts monétaires et «d’espèces contre travail», afin de s’assurer que les plus vulnérables puissent accéder aux aliments.

Contacts

Zoie Jones Chargée de communication régionale, Bureau régional de la FAO pour l'Afrique [email protected]

Irina Utkina FAO Actualités et Médias (Rome) +39657052542 [email protected]

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