Indice de pauvreté multidimensionnelle en milieu rural:

la FAO dévoile une méthode de mesure améliorée de la pauvreté rurale, élaborée avec l’Université d’Oxford

©FAO/IFAD/WFP/Michael Tewelde

De meilleures données sur la pauvreté rurale peuvent jouer un rôle crucial dans l'élaboration de politiques plus précises

©FAO/IFAD/WFP/Michael Tewelde

04/02/2022

Rome – - La majorité des personnes touchées par la pauvreté vit dans des zones rurales, mais il est malaisé de trouver des informations fiables et harmonisées sur leur nombre et leurs conditions de vie.

Afin de remédier à ces lacunes qui entravent la lutte contre la faim dans le monde, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié, en collaboration avec l’Initiative pour la pauvreté et le développement humain, un rapport qui présente un nouvel outil: l’indice de pauvreté multidimensionnelle en milieu rural (IPM-R).

Cet indice approfondit les méthodes actuellement utilisées afin de mesurer la pauvreté rurale en examinant de plus près les possibilités qui se présentent aux populations rurales en matière de sécurité alimentaire, de qualité de la nutrition, d’éducation et de niveau de vie. La FAO et l’Initiative ont en outre ajouté deux aspects fondamentaux qui affectent particulièrement la vie de ces populations: l’accès (ou le manque d’accès) à des moyens de production agricole adaptés, l’exposition aux risques environnementaux et à d’autres risques, et la sécurité sociale.

«En dépit de la gamme d’outils de mesure de la pauvreté qui existe et dont on se sert couramment, on ne dispose pas toujours d’informations harmonisées sur la pauvreté rurale, qui permettraient de produire des mesures homogènes et de qualité. L’indice de pauvreté multidimensionnelle en milieu rural fait intervenir des indicateurs novateurs qui cherchent à déterminer si les moyens de production agricole dont disposent les habitants sont adaptés et qui prennent en compte la sécurité sociale rurale et l’exposition aux risques. Dans le rapport, il est proposé d’utiliser cet indice en mettant à profit certaines méthodes nouvelles de mesure du risque, qui conjuguent enquête auprès des ménages et données géospatiales», a expliqué l’Économiste en chef de la FAO, M. Máximo Torero Cullen, à l’occasion du lancement du rapport.

L’indice IPM-R part du principe qu’à elle seule, une dimension, par exemple le revenu des ménages, ne suffit pas à rendre compte de la pauvreté en zone rurale. Aujourd’hui, on s’accorde largement à reconnaître que la détresse est loin de se limiter à un compte bancaire vide.

On retrouve déjà cette idée dans l’indice mondial de pauvreté multidimensionnelle (IPM) lancé en 2010 par le Programme des Nations Unies pour le développement et l’Initiative pour la pauvreté et le développement humain, qui a été appliqué en 2021 à 109 pays, représentant 5,9 milliards de personnes.

Le nouvel indice, qui élargit le champ de l’indice mondial, comprend également une combinaison novatrice de données géospatiales et de données issues d’enquêtes de sorte à quantifier l’exposition des habitants des zones rurales aux risques de sécheresse, d’inondation ou de vagues de chaleur.

«L’application de ce nouvel indice en milieu rural est un premier pas important qui déterminera l’environnement de données et contribuera aux débats sur les stratégies à adopter pour approfondir notre compréhension de la pauvreté rurale, dans le but de l’éliminer sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions», a déclaré Mme Sabina Alkire, Directrice de l’Initiative pour la pauvreté et le développement humain.

Des constats utiles

Le rapport publié conjointement par la FAO et l’Initiative, après avoir mis l’indice à l’essai en s’appuyant sur des enquêtes menées récemment auprès des ménages en Éthiopie, au Malawi, au Niger et au Nigéria, démontre l’utilité de ce nouvel outil.

D’après le rapport, l’IPM-R est capable de recueillir des informations autres que celles obtenues au moyen d’outils de mesures monétaires et multidimensionnelles qui ne tiennent pas compte des conditions propres aux zones rurales. D’un point de vue statistique, les dimensions intégrées dans la mesure se sont révélées efficaces. La superposition des privations monétaires et non monétaires est notable, mais l’IPM-R permet d’aller plus loin. Au Malawi, par exemple, jusqu’à 14 pour cent des pauvres en milieu rural recensés par le nouvel indice n’étaient pas considérés comme pauvres par le système de mesure monétaire.

L’IPM-R a aussi été mis à l’essai sur le terrain, notamment dans 64 zones rurales du Malawi. On a demandé à des habitants de ces zones de donner leur avis sur les dimensions comprises dans l’IPM-R, sur la base de leur quotidien, et de définir avec leurs propres mots les difficultés et la pauvreté en milieu rural. Si la plupart des dimensions proposées étaient considérées comme étant cruciales, d’autres, notamment l’état d’esprit ou l’apparence physique, ont aussi été évoquées. Dans des enquêtes à grande échelle, il n’est pas toujours facile d’obtenir des informations sur l’ensemble de ces dimensions, mais elles ont permis de mettre au jour des données importantes pour ce qui est des limites des mesures monétaires et de l’importance de disposer de mesures adaptées aux contextes ruraux.

Il ne s’agit pas ici uniquement de produire davantage de données. Un recensement plus précis des personnes touchées par l’extrême pauvreté, des endroits où elles vivent et des contraintes qui les empêchent de sortir de la pauvreté dans les zones rurales peut jouer un rôle déterminant dans l’élaboration de stratégies plus efficaces de lutte contre la pauvreté rurale et la faim.

La FAO aide les pays à élaborer et à appliquer des politiques qui ciblent les conditions de vie des agriculteurs et agricultrices pauvres et travaillant sur des petites exploitations en renforçant leurs moyens de subsistance et en améliorant leur résilience, afin de les faire sortir de l’extrême pauvreté. L’indice de pauvreté multidimensionnelle en milieu rural peut servir de guide pour les décideurs et d’outil de suivi dans le cadre de projets et de programmes visant à lutter contre la pauvreté rurale.

Contacts

Nicholas Rigillo FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]