La FAO donne l’alerte sur le risque élevé de famine qui plane sur l’ensemble de la bande de Gaza dans un contexte de restrictions de l’accès humanitaire

Une nouvelle analyse révèle que près de la totalité de la population fait face à un niveau élevé d’insécurité alimentaire aiguë et qu’un habitant de Gaza sur cinq se trouve au bord de la famine

© FAO /  Yousef Alrozzi

À Rafah, dans la bande de Gaza, des agriculteurs et des pasteurs reçoivent du fourrage distribué par la FAO pour faciliter la production alimentaire locale (avril 2024).

©FAO/Yousef Alrozzi

26/06/2024

Rome/New York – L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) alerte au sujet du risque élevé de famine qui plane sur l’ensemble de la bande de Gaza et qui persistera tant que le conflit se poursuivra et que des restrictions entraveront l’accès humanitaire, qui doit être ininterrompu et à grande échelle, d’après un nouveau rapport publié par l’initiative mondiale du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).

«Nous avons constaté au cours des huit derniers mois un risque élevé de famine dû aux hostilités incessantes caractérisées par des bombardements et des opérations au sol ainsi que par une restriction de l’accès aux personnes ayant un besoin urgent d’aide humanitaire, qui ont eu de graves répercussions sur l’ensemble de la population de Gaza», a déclaré l’Économiste en chef de la FAO, M. Maximo Torero, lors d’un point de presse à New York durant lequel il a commenté les dernières conclusions de l’IPC. «Le rapport indique clairement qu’une fois que le flux de nourriture et d’eau et l’accès à ces ressources se sont accrus dans le nord de la bande de Gaza, le risque de famine s’est considérablement éloigné. La solution est donc évidente.»

Toutefois, il a fait remarquer que si des améliorations avaient été constatées dans les zones situées au nord au cours de la période considérée, la situation demeurait très précaire, imprévisible et critique, et que le moindre changement d’ampleur pourrait entraîner une détérioration rapide qui déboucherait sur une famine à Gaza. L’Économiste en chef a ajouté que dans le nord de Gaza, en particulier, les opérations au sol se poursuivaient de manière intense, provoquant des déplacements forcés qui exacerbent encore les problèmes d’ordre social et l’insécurité alimentaire.

M. Torero a averti que, la quasi-totalité de la population (96 pour cent) faisant face à un niveau élevé d’insécurité alimentaire aiguë (phase 3 ou supérieure de l’IPC), toute nouvelle dégradation de la situation – par exemple si les permis accordés et l’accès des camions acheminant l’aide humanitaire à Gaza étaient restreints au lieu d’être fortement élargis – pourrait faire sombrer encore davantage de personnes dans une situation de faim catastrophique.

Les nouvelles données révèlent que si l’augmentation du volume de nourriture livré et des services nutritionnels fournis dans les gouvernorats du nord ont temporairement atténué le problème de la faim, la situation dans les gouvernorats du sud s’est dégradée à la suite de la recrudescence des hostilités survenue début mai.

D’après le nouveau rapport de l’IPC, environ 495 000 personnes, soit 22 pour cent de la population, se trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire catastrophique (phase 5 de l’IPC), et près de la totalité de la population – 2,15 millions de personnes, soit 96 pour cent – fait face à un niveau d’insécurité alimentaire aiguë correspondant à une situation de crise ou pire (phase 3 ou supérieure de l’IPC).

Plus de la moitié des terres cultivées sont endommagées

Une analyse récente des données satellitaires effectuée par la FAO met en évidence une augmentation continue de la surface des terres agricoles endommagées: en mai 2024, plus de la moitié des terres (plus de 57 pour cent) avaient été endommagées dans l’ensemble de la bande de Gaza. Environ 61 pour cent des terres touchées sont des vergers, 19 pour cent servent au maraîchage et 20 pour cent à la culture de céréales.

L’ampleur des dommages est très alarmant: on constate une augmentation de 33 pour cent de la surface des terres endommagées depuis janvier 2024.

Les images satellite montrent en outre que les empreintes de véhicules lourds, les démolitions, les tirs d’obus et les autres pressions induites par le conflit ont gravement endommagé les infrastructures agricoles dans la bande de Gaza. L’analyse révèle ainsi que près de 33 pour cent des serres ont été endommagées, de même que plus de 46 pour cent des puits, près de 65 pour cent des panneaux solaires et plus de 2 300 infrastructures agricoles.

La production alimentaire locale menacée

Dans la bande de Gaza, l’agriculture mobilise plus de 40 pour cent de la surface terrestre et produit environ 20 à 30 pour cent des aliments consommés quotidiennement. Les dommages que les hostilités ont causés au secteur agricole sont considérables, et ont entraîné une interruption quasi totale de la production locale d’aliments frais et nutritifs, pourtant cruciale, ainsi qu’une diminution de l’accès de la population aux denrées essentielles à une alimentation saine. Les moyens de subsistance des agriculteurs, pasteurs et pêcheurs vulnérables ont été fortement réduits, ce qui compromet gravement la perspective d’un relèvement. 

Les ménages très dépendants de l’agriculture ont perdu jusqu’à 72 pour cent de leurs revenus.

Le port de la ville de Gaza a été sévèrement endommagé et la plupart des navires de pêche ont été détruits. De plus, le nombre d’animaux d’élevage est en chute libre. En effet, une large part du cheptel exploité pour la viande et les produits laitiers à Gaza a été abattu, consommé ou blessé et perdu à cause du conflit. 

Appui agricole d’urgence fourni par la FAO

Tout comme d’autres organismes des Nations Unies et acteurs humanitaires, la FAO a rencontré des obstacles logistiques, notamment en ce qui concerne l’obtention de permis d’entrée pour livrer des fournitures d’aide agricole à Gaza. Malgré les problèmes d’accès humanitaire, l’Organisation est en voie d’achever la distribution de 500 tonnes de fourrage. Le 8 mai, environ 2 900 bénéficiaires avaient pu être atteints lors de deux opérations de distribution successives.

La FAO accroît ses efforts visant à préparer des intrants essentiels à la production alimentaire en vue de leur acheminement vers Gaza en concluant des marchés de manière anticipée en amont de l’obtention de l’autorisation d’accès. Il s’agit notamment de se procurer des concentrés alimentaires pour animaux, des bâches en plastique pour les serres, des citernes à eau en plastique, des vaccins, des blocs énergétiques, des remises en plastique, des abris pour animaux et des kits vétérinaires.

Le nouvel appel éclair des Nations Unies pour le territoire palestinien occupé a été annoncé le 17 avril et prendra fin en décembre 2024. Au total, la FAO demande environ 40 millions d’USD, dont 29 millions pour Gaza et 11 millions pour la Cisjordanie. Ce financement permettra à 70 660 personnes de bénéficier d’une aide agricole d’urgence, notamment de distributions de fourrage et d’intrants sanitaires pour animaux, de remplacements du bétail perdu et de la fourniture d’intrants dont les agriculteurs ont besoin dans l’immédiat.

En savoir plus sur ce thème

UNOSAT - FAO Gaza Strip Cropland Damage Assessment - May 2024 (UNOSAT – Évaluation par la FAO des dommages subis par les terres cultivées dans la bande de Gaza – Mai 2024)

The Integrated Food Security Phase Classification (IPC) on Gaza Strip, 25 June, 2024 (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire: bande de Gaza, 25 juin 2024)

Vidéo d'information : Le risque de famine persiste à Gaza

Contacts

Irina Utkina FAO Actualités et Médias (Rome) +39657052542 [email protected]

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]